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Mis à jour le 30 avril 2021
Bien souvent vues comme des contraintes, les prairies permanentes peuvent s’avérer être une source de biodiversité et d’alimentation pour les vaches allaitantes.
« Il y a en France 10 millions d’hectares de prairies naturelles dont six à sept millions qui ne peuvent pas être labourés, souligne Bruno Osson, technicien au Gnis, Groupement national interprofessionnel des semences et plants. On compte plus de 2 000 plantes différentes et dans les Hauts-de-France, environ 100 espèces peuvent être présentes dans nos prairies. Un vrai potentiel donc. »
Mais encore faut-il savoir les identifier et les connaître. « Par exemple, la fétuque élevée se développe en cas de surpâturage », illustre le technicien. Certaines vont ainsi être plus appétentes que d’autres. D’autres vont se développer sur certains types de sols et toutes n’ont pas la même valeur fourragère.
Par négligence, certaines prairies sont dégradées et ne produisent plus suffisamment. « Pourtant il est possible de restituer leur potentiel et cela ne coûte pas cher », rappelle le technicien du Gnis. Cela passe d’abord par l’élimination des causes de dégradation. Celles-ci peuvent être dues au surpâturage qui cause une nanification irréversible des plantes et provoque le salissement de la parcelle. « C’est une fausse économie puisque la valeur fourragère se trouve dans le haut de la plante », précise Bruno Osson. À l’inverse, le sous-pâturage pénalise la repousse au printemps.
Il peut être judicieux de semer ou de sursemer les prairies afin d’implanter la flore la mieux adaptée et la plus valorisable. Son mode d’exploitation doit être pris en compte afin de ne pas épuiser les ressources. L’aménagement parcellaire est également important afin que toutes les zones de la pâture soient exploitées à égalité.
La fertilisation des prairies doit être, elle aussi, bien maîtrisée autant pour l’apport d’azote que pour les minéraux. « Il ne faut pas oublier qu’on n’apporte pas l’azote aux prairies au même moment que sur les céréales, rappelle Bruno Osson. Pour amender, il faut que la somme des températures depuis le début de l’année soit supérieure à 200 degrés. »
À cela s’ajoute le raisonnement de l’apport de phosphore ou de potasse et des oligo-éléments. Afin de les rendre plus assimilables par la plante, il convient de stimuler l’activité micobiologique du sol en hersant ou chaulant la prairie. Le tassement des sols peut jouer un rôle néfaste.
« Bien sûr il peut y avoir des inondations exceptionnelles ou sécheresses qui vont venir altérer l’état de la praire, ajoute-t-il. La négligence envers la prairie peut également être fatidique. Par exemple, il ne faut pas rouler dans une prairie en tracteur lorsque l’herbe est gelée. »
Outre les prairies permanentes, les sources de fourrages peuvent se trouver dans les prairies temporaires ou même les couverts d’interculture. « Pour cela, il est primordial de bien choisir les espèces, la densité de semis et les mélanges », explique Bruno Osson. Ce dernier a mis au point deux réglettes (disponibles auprès du Gnis) afin d’aider les agriculteurs à choisir les meilleures variétés selon le devenir du fourrage. « Avant d’implanter une espèce, il faut se demander pourquoi elle n’est pas déjà présente, rappelle-t-il. Je pense principalement au trèfle qui est le vrai moteur de la prairie. »
Avant d’implanter des cultures fourragères dérobées, il est important de prêter attention à la rémanence des herbicides appliqués sur la culture précédente. Certaines questions sont à se poser avant les semis : à quelle date libérer la parcelle ? Où implanter les plantes fourragères selon l’usage et la période de récolte ? Comment la détruire ? Quelle sera la culture suivante ? Quel est l’objectif : agronomique, faunistique ou fourrager ? Et enfin, quelles sont les contraintes pédoclimatiques ?
« Selon les espèces, les semences de couvert peuvent être onéreuses, reconnaît le technicien du Gnis. C’est pour cela qu’il faut être exigeant sur leur qualité. Il ne s’agit pas d’utiliser un sac de semences stockées depuis plusieurs années. » D’où l’importance d’anticiper les semis de couverts et bien choisir ses fournisseurs.
« Pour qu’une culture dérobée et récoltée soit rentable, le taux de matière sèche doit être supérieur à deux tonnes, estime Paul Lamotte, conseiller à la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais. Ce qui fonctionne le mieux dans notre région reste le mélange d’avoine et vesce. C’est simple et facile à semer. Mais bien sûr il ne faut pas miser la totalité de l’approvisionnement fourrager sur les cultures dérobées, ou vous prenez un grand risque. »
Lucie Debuire