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Malgré une superficie de la zone NEPG de 510 938 ha en 2022, soit +3,2% par rapport à 2021 (+1,7% par rapport à la moyenne des 5 dernières années), la production de pommes de terre destinée à la consommation (frais et industrie) devrait essuyer un net repli cette année, et est estimée à date entre 20 et 21 millions de tonnes dans la zone selon le NEPG.
Après un été habituellement long et caniculaire, la production de pommes de terre a été réduite dans toute la zone de production. Les situations varient fortement selon les pays et les régions. Les agriculteurs belges et français seront les plus durement touchés (environ -20% pour les Belges), alors que les producteurs néerlandais (notamment ceux situés au nord des « grands fleuves » où davantage de précipitations ont été enregistrées) le seront beaucoup moins. Certains producteurs européens ne pourront ainsi pas livrer les contrats attendus en raison des faibles rendements.
Une autre inquiétude demeure : les vagues de chaleur enregistrées tout au long de l’été causeront elles d’autres problèmes à la récolte et au stockage ? A ce stade, les producteurs signalent des poids sous eau très élevés (matière sèche élevée rendant le tubercule plus sensible aux « blessures » à la récolte), des manques de longueur ou de calibre, mais aussi, ce qui est plus inquiétant, des levées de dormance. Même si la pluie vient améliorer la situation des sols et les conditions de récolte, des endommagements et coups sur les tubercules pourraient être un problème majeur lors des arrachages. Quant à la germination précoce possible dans les hangars, celle-ci rendra également la prochaine saison de stockage difficile et beaucoup plus coûteuse en énergie. Les pertes de poids et les tares à la livraison (coups bleus entre autres) seront probablement plus élevées.
Contrairement à 2018/19 où le manque de pommes de terre de l’Ouest européen avait pu être compensé par d’autres pays européens (notamment de Pologne), il est fort à parier qu’aucune pomme de terre ne viendra d’ailleurs cette année, alors que les besoins des transformateurs ont fortement augmenté ces dernières années.
Lorsque les contrats pour 2022/23 ont été signés au début de l’année 2022, avec des prix considérés comme acceptables, s’était sans compter sur le début de la guerre en Ukraine qui a engendré depuis 6 moins une augmentation inédite des coûts de production.
Les prix contractuels signés en début d’année et la baisse de rendement ne couvriront donc pas les coûts supplémentaires auxquels les agriculteurs font face et devront faire face dans les semaines et mois à venir. Si les cours du marché libre sont stables autour de 25 €/100 kg, et les cotations du marché à terme pour avril 2023 n’étant pas beaucoup plus élevées, les agriculteurs sont très inquiets pour les revenus provenant des « pommes de terre ». La hausse des coûts de production, corrélée à une baisse de rendement, doit impérativement être partagée par l’ensemble des acteurs de la filière pomme de terre.
Avec des coûts de production très nettement supérieurs (électricité, carburant, engrais…), des risques plus élevés liés au changement climatique et à la poursuite de la guerre en Ukraine, certains producteurs se demandent quelle culture implanter au printemps 2023. Sans garantie de la part de leurs acheteurs, les producteurs de pommes de terre européens pourraient finalement décider de planter ou de semer davantage de cultures alternatives, au détriment de la culture de pommes de terre.
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