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Quelle est la situation pour les chefs d’entreprise et les artisans ? La chambre de commerce et d’industrie (CCI) et la chambre des métiers de l’artisanat (CMA) dressent un premier bilan de l’année 2023, comme elles le faisaient lors de la crise du covid.
Et ce bilan est plutôt inquiétant à en croire les chiffres de l’enquête réalisée par les deux chambres qui avaient choisi d’intituler leur présentation « Blues du chef d’entreprise : quelles réalités ? »
De nombreux chiffres sont intéressants à analyser (voir l’infographie ci-dessus), dont la dégradation de l’activité dans l’industrie, le BTP, les services et le commerce comme dans l’artisanat avec des baisses de chiffre d’affaires pour 55 % des artisans notamment.
Autre exemple, 36 % des dirigeants d’entreprises déclarent que leur trésorerie est dégradée, comme 64 % des artisans. Conséquence évidente : plus de la moitié des chefs d’entreprise (54 %) et des artisans (62 %) évoquent aujourd’hui un qualificatif négatif (attentiste, pessimiste, stressé, inquiet ou résigné) pour résumer leur état d’esprit actuel.
« Notre crainte est que ce blues devienne une grande fatigue, commente Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France. On a des signes, on a de plus en plus d’entreprises à vendre. Auparavant, cela coïncidait presque systématiquement aux départs à la retraite, aujourd’hui ce n’est pas forcément le cas. »
Le président de la CMA, Laurent Rigaud, se montre lui autrement plus alarmiste. « Je suis préoccupé comme jamais je ne l’ai été, déclare-t-il d’emblée. Les artisans ne vont pas pouvoir continuer comme cela, il est urgent de trouver des solutions. Ce n’est pas de leur faute, le modèle économique est rentable, nos artisans savent travailler, ils ont de grandes compétences, ce sont des passionnés de leurs métiers. Ils rendent service à la population, mais les charges qui leur arrivent sont insupportables. Ce sont des factures toxiques qui en feront tomber en masse. » Avant d’ajouter avec gravité : « Le moral n’est pas là, ils sont résignés. »
Par factures toxiques, Laurent Rigaud vise surtout les énergéticiens qu’il accuse de faire des bénéfices sur le dos des artisans.
Selon les chambres, une entreprise sur deux déclare que la hausse des coûts de l’énergie est une difficulté majeure.
Et trois entreprises artisanales sur quatre se disent fortement impactées par la hausse du coût des matières premières. De même que près d’une entreprise sur deux pour la CCI.
« L’inflation, ça devient n’importe quoi. On reçoit des produits qui sont plus chers que le prix auquel on les vend, continue Laurent Rigaud. Comment voulez-vous que les artisans s’en sortent ? Le plus grand plan social, ce sera dans les entreprises de proximité. […] Il y en a qui se gavent sur le dos des autres. »
Le président de la chambre des métiers et de l’artisanat des Hauts-de-France réitère sa proposition de revoir la facture énergétique des artisans et commerçants en mettant en place ce qu’il nomme les « trois tiers » : un tiers de la facture pour l’État, un tiers pour l’énergéticien et un tiers pour l’artisan/commerçant. Sinon, « on voit le mur arriver » prévient celui qui est également vice-président en charge de l’emploi à la Région des Hauts-de-France.
Philippe Hourdain évoque de son côté une « politique de la rustine ». Et l’élu choisit d’élargir la question.
« Aujourd’hui, on est dans une polycrise. Nous sommes toujours en crise… » Selon lui, le travail des chefs d’entreprise est ainsi d’identifier les risques et de les gérer.
« Comment gérer le recrutement ? Comment gérer ses salariés ? Il faut armer les chefs d’entreprise. Il va falloir être plus proactifs et leur offrir des formations et des services car ils devront comprendre ces crises pour savoir y naviguer. »
Kévin Saroul
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À suivre
La chambre des métiers et de l’artisanat et la chambre de commerce et d’industrie ont prévu de renouveler ce baromètre de conjoncture économique conjoint avec des enquêtes trimestrielles réalisées auprès des entreprises.