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Lorsqu’on entre dans la chèvrerie de Véronique Guiost, le troupeau de chèvres ne fait pas mentir la réputation de ces animaux : espiègles et amitieuses, elles accueillent leurs visiteurs avec enthousiasme ! De race angora, ces chèvres permettent de produit de la laine mohair. Cette laine est reconnue pour sa douceur et la qualité de ses fibres. Une douceur que l’on retrouve aussi dans l’accueil chaleureux que nous réserve leur éleveuse sur la ferme familiale à Gommegnies.
L’envie de s’installer sur la ferme de ses parents, aujourd’hui retraités, a taraudé Véronique Guiost pendant plusieurs années. C’est lors de sa troisième grossesse, en 2011, qu’elle commence à s’interroger sur son avenir professionnel. Mais ce n’est qu’en 2018 que son projet se concrétise vraiment.
Elle quitte alors son emploi d’assistante commerciale et de comptable dans une PME belge. Ensuite, elle entame un brevet professionnel responsable d’entreprise agricole au lycée agricole du Quesnoy. « Je savais que je voulais reprendre l’exploitation mais je ne savais pas encore avec quel projet », explique Véronique Guiost. Sur la ferme, il y avait, jusqu’au départ à la retraite de son père, en 2006, des vaches laitières. Une partie du lait était transformée à la ferme et vendue en direct. « Cela ne me correspondait pas », avance l’éleveuse.
Si l’idée de se lancer dans un élevage de poneys ou dans une asinerie pour produire du lait d’ânesse est passée par la tête de Véronique Guiost, le nombre de projets de ce type dans la région l’en a dissuadé. C’est finalement en lisant une édition du magazine spécialisé Réussir Pâtre, consacrée au grand retour de la laine locale, qu’elle a sa révélation. Elle songe d’abord aux moutons mais la valorisation de leur laine s’avère peu intéressante. Elle opte alors pour les chèvres angora. « J’ai été séduite par leur caractère », confie Véronique Guiost qui a effectué un stage au cours de sa formation chez une éleveuse en Normandie pour confirmer son choix.
En septembre 2019, pour constituer son troupeau, elle et son mari se rendent dans les Pyrénées en bétaillère et ramènent 20 chèvres angora dans les prairies de l’Avesnois. « Pour débuter, j’ai choisi des jeunes mâles castrés, avance Véronique Guiost. Ils fournissent plus de laine et elle est plus régulière que celle des femelles. » L’intention de l’éleveuse est alors d’effectuer sa première tonte au printemps 2020. Le confinement, combiné à une l’administration française désemparée par ce cas très particulier, a valu quelques frayeurs à l’éleveuse : impossible pour le tondeur belge censé intervenir sur son troupeau de passer la frontière… C’est finalement une personne de la région parisienne qui est venue fin mars pour effectuer la première tonte.
Après une deuxième tonte au printemps 2021, Véronique Guiost a complété son troupeau au début de l’automne avec un deuxième aller-retour dans les Pyrénées. Des femelles sont arrivées pour assurer la partie élevage et renouvellement du troupeau. L’éleveuse de Normandie va d’ailleurs prochainement lui fournir un bouc pour la reproduction.
Pour sa laine, Véronique travaille avec la Société d’intérêt collectif agricole (Sica) mohair basée à Castre (Tarn). Les éleveurs français de chèvre angora ont en effet choisi de se regrouper et se sont dotés de cet outil qui permet de faire l’interface avec les entreprises de la filière textile française capables de transformer les pelotes de laine mohair en pulls, écharpes, bonnets, chaussettes, couvertures… « La laine est mise en commun afin de proposer une gamme de produits plus étendue à la vente. »
Une des étapes la plus technique et la plus fastidieuse de la production de mohair, c’est le tri de chaque toison. Après suppression des impuretés, la laine est répartie en cinq catégories en fonction de la qualité. Particulièrement méticuleuse sur ce point, Véronique Guiost passe entre 8 et 10 heures avec sa mère par toison. Une étape qu’elle apprécie néanmoins. « Ça a quelque chose de relaxant, témoigne-t-elle, on se concentre sur cette tâche et on pense à rien d’autre. » L’art de méditer en pleine conscience en triant de la laine ! Véronique Guiost commercialise, pour l’instant, ses produits à la ferme après une année difficile en raison de la crise sanitaire. Elle est ouverte aux visiteurs le samedi en octobre et novembre. À terme, une boutique dédiée doit voir le jour. Elle participe aussi à des foires et marchés locaux et compte notamment sur les marchés de Noël.
Virginie Charpenet
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