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Après trois jours, le rideau s’est baissé sur Terres en fête 2024, plus grand salon agricole au nord de Paris, ce dimanche 9 juin. Et les organisateurs sont satisfaits : « Terres en fête était au rendez-vous, aussi bien du côté des exposants que des visiteurs, avec toujours ce mix entre rendez-vous professionnel et accueil du grand public », se réjouit Christian Durlin, président de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais.
« Terres en fête, c’est aussi une formidable occasion de communiquer avec nos concitoyens sur l’importance du secteur agricole dans les Hauts-de-France avec 92 000 emplois directs », rappelle Christian Durlin. Et de rappeler : « La dernière édition, qui revenait après quatre ans d’absence à la suite de la crise sanitaire, avait connu un regain de fréquentation. Nous étions passés de 60 000 visiteurs à 85 000. On constate donc que cet engouement s’est confirmé ! » Car le bilan affiche quelque 85 000 visiteurs sur les trois jours de l’édition 2024 sur les terres de Tilloy-lès-Mofflaines, avec un pic de fréquentation lors de la journée du dimanche.
Les 550 exposants, 10 % de plus que lors de l’année précédente, dont une grande majorité était présente avec l’objectif de rencontrer le public, ont, en effet, le sourire. « Vendredi et samedi, nous avons eu une baisse de fréquentation, juge André Dupond, concessionnaire agricole Patoux et habitué de l’événement. Je pense que ça s’explique par les travaux aux champs qui ne sont pas terminés. Le dimanche, ça a été mieux avec le beau temps. Terres en fête reste un incontournable. C’est la plus belle foire au nord de Paris et la plus belle manifestation sur la région. On y est pour rencontrer les clients, faire du relationnel, pas pour faire des affaires. »
Une impression confirmée par Nicolas Beghin, éleveur ovin à Hulluch (62) et membre de l’association Agn’Haut Pays. Les éleveurs ont bénéficié cette année d’un nouveau chapiteau « plus grand, plus lumineux et plus aéré, idéal pour accueillir le grand public ! » Et c’était justement l’objectif : « Peu d’éleveurs ovins sont en contact direct avec les consommateurs, on travaille souvent avec les bouchers… Terres en fête, c’est l’occasion de parler de notre métier et d’échanger avec les gens, c’est toujours bénéfique. »
Même discours pour Aurèle Mestré, le champion du monde de la frite : « C’était sympa, ça a bien fonctionné surtout dimanche, mais j’aurai voulu faire plus. J’ai prévu beaucoup trop », confie le Lillois qui installait pour la première fois un point de vente sur un événement de ce type.
Sur le stand Le job est dans le pré, Christian Depaeuw a, lui aussi, le sourire. Durant trois jours, le chargé de mission insertion et relations extérieures au Campus agro-environnemental de Tilloy a pu échanger sur les besoins dans le secteur de l’agriculture et des métiers verts. « Le message, c’est qu’il y a du travail et qu’on peut s’éclater dans ces métiers ! Avec Terres en fête on a eu l’occasion de le faire passer ! »
Si Terres en fête se déroule depuis sa création en 2006 à Tilloy-lès-Mofflaines, dans le Pas-de-Calais, le président de la communauté urbaine d’Arras, Frédéric Leturque, n’a pas manqué de rappeler « la participation du Nord à cet événement ». « Cette année, le Nord a un stand à Terres en fête, qui se trouve à côté du stand du Pas-de-Calais et de celui de la Région Hauts-de-France. C’est la preuve qu’on fait équipe, qu’on peut se parler. On a les mêmes souhaits, les mêmes attentes », appuie Christian Poiret, président du Département du Nord. Et d’ajouter : « Le monde agricole n’a pas de frontière. »
Les événements s’inscrivent dans un contexte, Terres en fête n’y échappe pas. Les inondations d’abord, dont les « stigmates sont encore visibles », rappelle Christian Durlin. « Ces événements nous invitent à nous poser la question de notre usage des ressources, ajoute le président de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais. Et j’insiste, ni une stratégie en amont seule, ni une stratégie à l’aval seule, ne suffira. Heureusement, nous ne partons pas de rien. Il y a déjà sur le territoire beaucoup d’initiatives d’agriculteurs. »
Les manifestations ensuite, qui ont montré la « crise agricole à la face du monde », raconte Marie-Sophie Lesne, vice-présidente à l’Agriculture à la Région Hauts-de-France. « L’agriculture française est à la fois forte et fragile. Ici à Terres en fête, on trouve tout l’écosystème agricole de la région. Il y a une véritable intelligence collective et malgré cela, les chiffres traduisent des difficultés. Nous comptons 900 installations là où on devrait en avoir 1 200 pour compenser les départs à la retraite. »
Et de rappeler la situation de la filière endives, amputée d’une molécule pour leur traitement, et qui réclame du temps. « Encore hier nous avons eu une réunion avec le ministère de l’Agriculture qui ne compte pas indemniser ou demander de dérogation. Et ça c’est franchement désespérant. Certaines filières meurent en silence… »
Les européennes enfin, sur toutes les lèvres, et les enjeux de la PAC dans tous les esprits. « Il faut faire attention à ne pas stigmatiser la PAC et faire passer tous les agriculteurs pour des antieuropéens. La PAC est un acquis très important », appuie Jean-Claude Leroy. Le meilleur résumé de ces élections revient sans doute à Frédéric Leturque, rappelant le lien « viscéral qui existe entre l’agriculture et l’Union européenne. Le dire, c’est important, le nier, c’est inquiétant ».
Si, suite aux résultats des européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale, les Français sont appelés à retourner aux urnes le 30 juin prochain, pour Terres en fête, il faudra patienter deux ans : « Au vu du succès de cette édition, il y en aura très probablement une suivante, avance Christian Durlin. La question qu’il va surtout falloir se poser est “comment va-t-on faire face au nombre d’exposants toujours plus nombreux ?” » Un changement de lieu ? « Non, assure le président de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais. Tilloy-lès-Mofflaines est un site connu et reconnu pour cet événement ! »
La Rédaction