Votre météo par ville
C’est un pur hasard qui nous fait emboîter le pas du groupe des champions : ces classes de CE1 / CE2 de l’école Herriot-Viart, à Arras. Ils sont voisins et sont venus à pied, auréolés de leur titre de lauréats du concours des écoles organisés par Terres en fête et le Savoir vert avec leur poème inspiré de Maurice Carême faisant des allers-retours entre le sport et l’agriculture, c’était la consigne.
Louise Réaux et Marine Decherf, les maîtresses, ont passé le relais à Anne-Elisabeth Mannessiez, Babeth pour les intimes. Cette agricultrice à Rebreuve-Ranchicourt est éleveuse de porcs et, depuis un peu plus d’un an membre du Savoir vert. Elle accueille une vingtaine de classes par an, bientôt le double puisque Nicolas, son mari, a, lui aussi, suivi la formation ad hoc. « C’est un bonheur de faire découvrir la ferme aux enfants, les cultures, les animaux. » Mais cette fois, elle a « le privilège », dit-elle, de guider les champions dans les allées de Terres en fête.
Et pour ça, une organisation minutée. Après avoir récupéré son petit groupe coiffé de casquettes orange (plus facile pour distinguer la petite troupe parmi les casquettes vertes, bleues, jaunes…), elle a filé au stand dédié. Les enfants se sont répartis en trois groupes qui ont, tour à tour, expérimenté la peinture 100 % végétale, testé leurs connaissances sur les fruits et légumes et appris beaucoup sur les pollinisateurs grâce à un stand adapté de la fresque du climat et à la réalisation de bombes de graines.
Ils ont appris qu’il existait presque mille espèces différentes d’abeilles à grands coups de « waouh ! », ont malaxé la terre et l’argile afin de créer de belles boules de graines à base de « pouah ! ».
Ils ont laissé libre cours à leur fibre artistique grâce à des pinceaux faits d’épillets cueillis dans les champs et de peinture faite avec du chou rouge ou des pissenlits non sans affirmer « ça pue ! ».
C’est Gilden, CE1, qui fait cette remarque, le même qui, quelques minutes plus tard, propose à la dame de la Maison du bien manger : « On peut fermer les yeux et deviner ce que c’est ? » C’est d’accord, même si elle sait que les yeux ouverts c’est déjà loin d’être gagné. Et comme elle est joueuse elle aussi, elle tend un bâtonnet de poivron rouge au garçon qui, « beurk ! », pense reconnaître le poivre. Pas loin, mais il ne parviendra pas à nommer le légume, y compris les yeux ouverts. Ils en connaissent quelques-uns, en confondent d’autres (courgette / concombre, pêche / abricot) et savent qu’il faut manger les fruits et légumes de saison sans savoir exactement quoi quand.
10 h 30. En maîtresse du temps, Babeth annonce : « Nous sommes attendus à la maison du cochon. » Cris de joie des enfants qui ont droit à un passage express dans le chapiteau élevage pour voir vaches et moutons. Le groupe croise des chevaux, « ohhhhh ! », et une élève demande, à la vue des moutons, si ce sont des vrais. Devant les cochons, deux gamins discutent, lucides : « Sa maman c’est du saucisson et son papa c’est du jambon », quand soudain : « Hiiiii ! », hurlements d’enfants lorsque le porcelet crie, bousculades pour le caresser et c’est déjà l’heure des épreuves, JO oblige.
Sur l’esplanade herbeuse, les champions devront attendre leur tour avant de pousser leur cri de guerre : « Toujours plus vite… Herriot ! Toujours plus haut… Herriot ! Toujours plus fort… Herriot ! » Les jeunes maîtresses savourent le moment, si intense soit-il. « Nous sommes en ville et beaucoup d’enfants n’ont jamais vu de tracteur ou de vache », affirme Louise Réaux. Une demi-journée plus tard, les enfants auront vu, touché et littéralement senti un peu de cette campagne pourtant si proche de leur école. Un autre monde que Terres en fête aura permis de rapprocher, le temps de quelques heures.
Justine Demade Pellorce