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Depuis quelques mois, cinq tracteurs, les GNV T6 méthane conçus par l’entreprise italienne New Holland, sont expérimentés en France.
Ce tracteur a la particularité de rouler entièrement au biométhane. L’un d’eux se trouve chez Christophe Dusannier, agriculteur à la tête de la ferme de la Fromentière de Cucq, près du Touquet-Paris-Plage, avec son frère.
Ces derniers disposent d’une station privative de GNV (gaz naturel pour véhicules) implantée directement sur leur ferme.
L’expérimentation doit durer trois ans. “Nous nous sommes engagés à faire un retour d’expérience afin d’informer le constructeur sur ce qui va et sur ce qu’il faudrait améliorer”, explique l’agriculteur.
Il s’agit du premier engin de ce type fonctionnant dans les Hauts-de-France. Il roule avec du gaz vert produit à partir de déchets de l’industrie agroalimentaire et agricole.
Une énergie qui répond à plusieurs enjeux d’actualité avance Agri-Opale, entreprise spécialisée dans le recyclage et la valorisation de la biomasse. Dans laquelle les deux frères Dusannier sont également associés.
“La réduction de l’empreinte carbone de secteurs fortement consommateurs d’énergie, l’indépendance énergétique, la gestion des déchets biodégradables, la création d’emplois pérennes non délocalisables et la réindustrialisation du pays”.
Et d’ajouter : “La méthanisation s’inscrit dans le territoire avec la création d’un gaz produit localement mais également consommé localement.”
La boucle est ainsi bouclée !
Depuis deux mois, Christophe Dusannier roule donc au volant de son GNV T6 méthane. Et il semble ravi : “On est plutôt satisfait, sourit l’agriculteur. Il fonctionne très bien et je ne vois pas vraiment de différence avec un tracteur qui roule au diesel.”
Le plus : “L’engin a la même puissance qu’un tracteur fonctionnant au diesel et il est même plus silencieux.”
Selon l’agriculteur, le GNV T6 méthane n’aurait qu’un seul point faible : son autonomie.
“Mais ce n’est pas une surprise, on en était conscient dès le début. Pour des travaux lourds ou lorsque le tracteur tire des charges importantes. On est sur quatre heures d’autonomie. Lorsqu’on a moins besoin de puissance, on se situe plutôt entre six et huit heures –, détaille Christophe Dusannier. Cela ne pose pas de problème lorsque la station GNV est à proximité du champ car il ne faut qu’une dizaine de minutes pour remplir le réservoir. En revanche, c’est plus embêtant lorsque celle-ci se trouve à 10 ou 15 kilomètres des terres sur lesquelles on travaille.”
Un point négatif sur lequel le constructeur a déjà travaillé : “Les nouveaux modèles disposent dorénavant d’un réservoir mobile, là où celui que j’utilise à, lui, un réservoir fixe. Cela va permettre de ravitailler le tracteur directement sur le champ.”
Le conducteur pourra, en effet, se rendre sur son champ avec plusieurs bonbonnes de gaz sous pression d’avance, ou bien il pourra s’en faire apporter.
Acheter un tracteur roulant au biométhane revient “environ à 20 % plus cher” qu’un tracteur classique, avance Christophe Dusannier.
Dans le cadre de l’expérimentation, ce dernier a pu bénéficier de subventions pour cet achat. Mais l’investissement est-il rentable ?
“Si vous m’aviez posé la question il y a 18 mois, j’aurais dit oui sans hésiter ! À ce moment, nous étions à 20 € le mégawatt. Mais avec la guerre en Ukraine, il est monté à plus de 200 €. Aujourd’hui, nous sommes aux alentours de 35-40 €. Nous sommes dans les mêmes prix que le diesel mais on peut espérer que celui-ci descende encore un peu…”
Hélène Graffeuille
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