Votre météo par ville

Film : Du ciel à la terre, pour le retour du bon sens

30-06-2022

Actualité

Terre à terre

Pendant trois ans, Hervé Payen, Philippe Frutier et Agathe Vannieu sont partis à la rencontre d’agriculteurs qui cherchent à améliorer la vie de leur sol. « Paysans du ciel à la terre » est un film-enquête, au cœur des Hauts-de-France, qui a un objectif : alerter et donner espoir.

De gauche à droite, Hervé Payen, Philippe Frutier, Agathe Vannieu et Marc-André Selosse. © P.F

Prévu pour janvier 2023, Paysans du ciel à la terre est un film-enquête réalisé par Hervé Payen, animateur du groupe local de l’association des Colibris d’Arras, sur une idée de Philippe Frutier, photographe aérien et coécrit par Agathe Vannieu, qui compose également la musique. Pendant trois ans, face à la multiplication des coulées de boues, les trois comparses ont rencontré plusieurs dizaines d’agriculteurs, acteurs de l’industrie agroalimentaire, et chercheurs, afin de comprendre les enjeux et les solutions quant à la restauration de la vie des sols agricoles dans les Hauts-de-France. Rencontre avec Hervé Payen et Philippe Frutier.

Marc-André Selosse, interviewé par Philippe Frutier. © H. P

Pourquoi et comment vous est venue l’idée de ce film ?

Philippe Frutier (P. F.) : C’est moi qui aie eu l’idée de ce film. Cela fait 27 ans que je suis photographe aérien dans les Hauts-de-France. C’est un observatoire extraordinaire. Nous avons une région aux paysages très divers que j’apprécie beaucoup. Mais voilà, depuis une dizaine d’années, j’observe de là-haut le désastre que sont les coulées de boues. C’est très préoccupant car c’est concrètement la terre qui s’en va. Or c’est ce qui nous nourrit ! Auparavant, c’était très localisé dans l’espace et le temps mais là, c’est quasiment annuel et dans des endroits où il n’y en avait pas avant. J’ai recroisé Hervé, que je connais depuis 30 ans mais que j’avais perdu de vue, et je lui ai parlé de ce sujet.

Hervé Payen (H. P.) : De mon côté, de par l’animation régulière de ciné-débats sur des sujets agricoles, ça m’a interpellé. On voit souvent des films sur les petits producteurs/agriculteurs mais rarement sur les grandes cultures et j’ai trouvé ça intéressant. Rapidement, on a décidé que ce serait un film qui serait mis en ciné-débat.

Êtes-vous partis avec des a priori et ces derniers ont-ils été invalidés ?

H. P. : On était conscient du problème, mais même à nous deux, on n’en avait pas bien pris l’ampleur. Je suis assez proche du milieu agricole bio et j’avais des idées sur les bonnes pratiques. Mais en rencontrant tous ces agriculteurs, bio et non bio, on a pu avoir un point de vue plus global. Quelque part, on aurait pu s’arrêter à montrer du bio mais on s’est aperçu que chacun avec ses moyens travaille pour changer les pratiques. L’ennui, c’est qu’ils sont limités par les règles.

P. F. : Le bon sens paysan n’est plus applicable. On a pu voir aussi qu’il y avait un gros problème de lien entre les acteurs et du coup, il n’y a pas de solution globale proposée.

Quel est le problème exactement d’après vous ?

P. F. : On a dopé les sols pendant des années, avec de l’azote notamment, mais on a oublié le carbone, la matière organique. Résultat : les sols ne sont plus assez riches en champignons, vers de terres, etc. Mais la bonne nouvelle, c’est que dès qu’un agriculteur change même un peu ses pratiques, la fertilité et la vie dans le sol reviennent ! Je crois qu’on arrive au bout d’un système. Ce qui est curieux, c’est que ça tombe en même temps que l’augmentation des prix de l’azote… Il faut peut-être y voir un signe.

Marc-André Selosse (biologiste spécialisé en botanique et mycologie), véritable spécialiste de la vie des sols, intervient dans le film. Il n’est pas des Hauts-de-France… Pourquoi ce choix ?

H. P. : Avec son regard, il permet d’extrapoler le problème. En fait, la question de la vie des sols est complètement oubliée, partout. Ça fait longtemps qu’il alerte à ce sujet. Et on le voit, les industriels s’emparent aussi du problème maintenant. Nous avons par exemple rencontré McCain qui, dans sa ferme pilote, a mis en place une machine qui travaille mieux le sol afin de préserver cette vie. Les industriels ne font pas ça pour reverdir les champs, mais il n’empêche qu’ils se rendent bien compte qu’à terme, ils perdront de l’argent car sans terre, il n’y a pas de culture.

P. F. : Après il faut être réaliste, l’économie de la chimie et de la machinerie agricole est très importante et présente. Ça peut expliquer certaines résistances, en plus de la peur du changement.

À qui s’adresse ce film ?

H. P. : Principalement au grand public. Le but est de le sensibiliser et de le réconcilier avec l’agriculture. On souhaiterait aussi le diffuser dans les lycées et collèges de la région. Il s’adresse aussi aux décideurs car c’est un problème éminemment politique pour lequel il y a des solutions à mettre en place.

P. F. : Il est aussi à destination des paysans. Les agriculteurs qu’on a interrogés paraissent plus heureux que les autres… Si on maintient le système actuel, il y a de quoi ne pas avoir le moral. Cette course en avant permanente ne produit pas de bien-être. La question c’est pourquoi ça ne va pas plus vite…

Après ces trois ans d’enquête, quels sentiments avez-vous vis-à-vis de ce problème des sols ?

H. P. : On jongle avec les paradoxes. Pendant tout le film, on voit la catastrophe, suivie d’une solution possible. On voit que cette souffrance des sols, de la nature, des agriculteurs, est réversible rapidement.

P. F. : Je ne m’imaginais pas ouvrir toutes les portes qu’on a ouvertes. L’agriculture peut être et doit être un formidable levier pour l’avenir des futures générations. Il faut lui donner ce rôle et c’est, selon moi, un des plus gros défis du XXIe siècle.

Quand pourra-t-on voir le film ?

H. P. : Il devrait sortir en janvier 2023 mais on organisera des ciné-débats en avant-première dans la région à partir d’octobre 2022 avec un accent particulier autour du lundi 5 décembre 2022, journée mondiale des sols, en partenariat avec l’association française de l’étude des sols. 

Propos Recueillis Par Eglantine Puel

Lire aussi : Interview de Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’histoire naturelle de Paris

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Dossier Énergie 2024
Terres et Territoires vous propose un dossier Énergie de 2024. Biomasse. Les avantages du bois selon Ingredia Les chaud [...]
Lire la suite ...

Géothermie : le petit poucet du renouvelable
Rev3, pour troisième révolution industrielle dans les Hauts-de-France, accompagne l'essor des énergies renouvelables. [...]
Lire la suite ...

Inondations : l’association Re-création redonne espoir aux habitants de Frencq
À Frencq, dans le Pas-de-Calais, l'association Re-création, fondée après les inondations de l'hiver 2023, aide la co [...]
Lire la suite ...

Comment est fabriqué le vinaigre de cidre ?
Avec Terres et Territoires junior, nous choisissons de t'expliquer chaque mois la production d'un aliment du quotidien. [...]
Lire la suite ...

Une journée test pour les farines paysannes
Le réseau Initiatives paysannes a organisé une journée de panification au fournil Saint Casimir, à Vaudricourt. Obje [...]
Lire la suite ...

En boulangerie, la résistance des artisans s’organise
Entre hausse des coûts, difficultés de recrutement et concurrence industrielle, les boulangers du Nord et du Pas-de-Ca [...]
Lire la suite ...

Nord-Pas-de-Calais : le calendrier 2024 des dates et consignes de collecte est disponible !
Celles-ci se dérouleront les 5 et 6 novembre prochains pour le Nord et le Pas de Calais. La Chambre d’agriculture [...]
Lire la suite ...

Pourquoi la rivière de la Ternoise a été reméandrée ?
La Ternoise, affluent de la Canche, a été reméandrée à hauteur de la commune d'Huby-Saint-Leu. Si au départ l'ambi [...]
Lire la suite ...

Dunkerque et son port à l’Exposition Universelle d’Osaka 2025 !
Dunkerque et son port représenteront la France lors de la quinzaine thématique du Pavillon France intitulée « Ville [...]
Lire la suite ...

Téléchargez les mesures prises dans votre arrondissement suite aux inondations
Onze mois après les violentes inondations dans le Pas-de-Calais, Thomas Degos, préfet délégué en charge de la gesti [...]
Lire la suite ...

Innovations alimentaires : qu’est-ce qu’on mange demain ?
Food Creativ récompense les produits agroalimentaires innovants créés dans la région. La remise des prix a eu lieu l [...]
Lire la suite ...

DOSSIER : Gestion des eaux et environnement
Explorez les solutions durables pour la gestion de l’eau, la prévention des inondations et la protection de l’envir [...]
Lire la suite ...

Les contrôles de la Dreal renforcés
Dans les Hauts-de-France, 130 inspecteurs de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Log [...]
Lire la suite ...

Meilleur pâtissier : Dorothée Leroy, la “pâtissière du confinement”
La treizième saison du Meilleur pâtissier démarre jeudi 10 octobre sur M6. Parmi les 14 candidats sélectionnés sur [...]
Lire la suite ...

Le patrimoine, trésor des territoires
Chacun s’accorde à affirmer l’importance du patrimoine local, mais quand il s’agit de passer à la caisse, c̵ [...]
Lire la suite ...

Logement insolite : formez-vous pour diversifier votre activité agricole
L'entreprise Cocolodge propose une formation pour accueillir du logement insolite sur les exploitations agricoles. Très [...]
Lire la suite ...

Une agence pour enrayer le déclin de la biodiversité
Ce mardi 24 septembre, la première édition des Rencontres biodiversité était organisée. L'objectif était notammen [...]
Lire la suite ...

Économie : Lactalis réduit sa collecte de lait
Dans un communiqué de presse publié jeudi 26 septembre 2024, le géant Lactalis confirme les rumeurs : la collecte de [...]
Lire la suite ...

Comment la Chambre d’Agriculture se prépare à redresser la barre ?
Le président de la chambre d'agriculture du Nord-Pas de Calais a présenté son budget rectificatif 2025 couplé d'un p [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Rochemara : des savons solides, mais surtout solidaires
L'Esat de Rocheville, basé à Croix, a lancé sa propre marque de savons solides baptisée Rochemara. Une fierté, auss [...]
Lire la suite ...

Numéro 391 : 15 novembre 2024

Innovation : TerraGrow, un logiciel de gestion tout en un
À 22 ans, Pierre Wironis et Charles Terrey ont lancé leur propre logiciel de gestion à destination des agriculteurs. [...]
Lire la suite ...

Mercosur : Pourquoi les agriculteurs sont contre ?
Depuis lundi, la FNSEA et les JA, se mobilisent et montrent leur désaccord avec le possible futur accord de libre-écha [...]
Lire la suite ...

Dis, comment on cultive les pommes de terre ?
Avec Terres et Territoires junior nous choisissons de t'expliquer chaque mois la production d'un aliment du quotidien. C [...]
Lire la suite ...

Violences faites aux femmes. L’accueil inconditionnel de toutes les femmes victimes
Le 25 novembre marque la Journée internationale de lutte contre les violences faites a ux femmes. Parce qu'elles sont [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires