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Denis Cimetière, maraîcher à Toufflers (59), nous raconte son début de récolte de fraises :
“Nous avons commencé à cueillir les fraises le mardi 14 mars. J’ai l’habitude depuis cinq ans de vendre mes fraises en vente directe à la ferme, sur les marchés et en drive. Il faut dire que cette année, c’est exceptionnel : les ventes ont été multipliées par trois, boostées par les drives fermiers. J’ai la chance de pouvoir profiter de ce type de commercialisation.
La crise du coronavirus et le confinement ont bloqué le débouché de la restauration hors domicile mais celui-ci a été largement compensé par les ventes directes. Les gens se sont rendu compte qu’il y avait des agriculteurs près de chez eux et qu’ils ne faisaient pas que polluer. C’est bien, le mouvement est lancé, il faut que cette démarche dure même après le déconfinement.
Pourtant, ce n’était pas gagné : les jours qui ont suivi l’annonce du confinement, j’étais vraiment inquiet sur le devenir de ma production et de mes approvisionnements en intrants, plants, auxilières et conditionnement. Mais tout s’est bien déroulé.
Autre préoccupation : la main-d’œuvre. Deux de mes employés sont en arrêt depuis la mi-mars. Il a fallu que je trouve d’autres personnes. J’ai tout essayé : la plateforme en ligne, les réseaux sociaux… J’avais beaucoup de sollicitations mais personne d’expérimenté. Je devais former les saisonniers, or je n’avais pas le temps.
Par chance, deux jeunes se sont présentées via Pôle emploi et j’en suis satisfait. Pour la cueillette de fraises, lorsque ma production sera plus importante, je ferai appel aux personnes habituées. J’ai réussi à me procurer des masques et du gel. Je demande à mes cueilleurs de garder les distances d’au moins un mètre. Chacun reste de part et d’autre de la serre.
Je reste préoccupé pour la suite de la saison. Les variétés précoces produisent, les autres vont suivre rapidement car les fraisiers sont déjà en fleurs. Mais j’ai peur que la saison ne soit écourtée. Je vais essayer de combler le trou prévu en juin avec des variétés trayplants qui produiront au bout de six semaines, mais ces plants coûtent le double du prix d’un plant habituel.
Et comment le consommateur va se comporter lorsque nous serons déconfinés ? En attendant, je ne peux pas me plaindre, économiquement c’est une belle récolte !”
Propos recueillis par Lucie Debuire