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” Aujourd’hui, quasiment toutes les activités et outils de production sont assurables sur une exploitation “, pose d’emblée Yannick Rousseau.
Le responsable marché agricole et prévention chez Groupama Nord Est détaille : ” Le matériel automoteur, les biens, les contenants et contenus. Et même les activités liées à la diversification parmi lesquelles la production d’énergie. “
Autrement dit, les assurances ont suivi l’évolution des pratiques. Ainsi, ils assurent tant le tracteur que la grange, le panneau photovoltaïque ou l’unité de méthanisation.
” On assure même des robots, liste encore le responsable marché agricole, comme des robots de désherbage ou de prévention de lutte contre les nuisibles. “
Au sujet, moins tranché, des serres, il affirme ” comprendre les maraîchers qui, à cause d’amalgames sur les outils de travail, ou d’inexactitudes “, ne savent pas sur quel pied danser.
Et explique : ” Les serres de production agricole, qu’elles soient en verre, en plastique ou les multichapelles sont assurables dès lors qu’elles respectent des normes. ”
Ces normes dites “neige et vent” correspondent au degré de résistance attendu pour ces équipements. Elles sont affinées par départements et par communes.
Ainsi on n’attendra pas d’un maraîcher du Pas-de-Calais le même équipement qu’un agriculteur des Hautes-Alpes. Et un cultivateur d’Avesnes-sur-Helpe (59) n’aura pas à respecter les mêmes normes que son confrère de Marchiennes (59).
Concrètement, le premier devra s’équiper d’une serre de norme NF C1, quand le second ne sera soumis qu’à la norme A1, cette dernière traduisant un risque d’intempéries moindre (la classification va de A à C).
Attention donc aux serres achetées d’occasion et provenant d’autres régions notamment, qui pourraient ne pas respecter les normes attendues. Même discours du côté du Crédit Agricole.
Jean-Philippe Declerck, responsable adjoint assurances professionnelles et agricoles Nord de France explique que “la filière serre fait partie intégrante de notre offre assurance. Aujourd’hui on est capables de tout assurer, du tunnel à la serre en verre à condition de prendre les bonnes mesures de prévention comme l’installation de filets ou de haies brise-vent“.
Pour le responsable, il y aurait un avant et un après Eunice, la tempête qui avait frappé notre région en février 2022, avec une prise de conscience accrue que les aléas climatiques vont se multiplier.
“Longtemps, les agriculteurs ont assuré leurs serres en responsabilité civile pour les plus petites structures ou sur des montants insuffisants pour les plus grosses. Beaucoup d’entre eux ont souhaité refaire le point sur la question après le passage de la tempête. L’important est d’assurer à la mesure de l’investissement, dans l’optique de reprendre l’activité au plus vite en cas de sinistre“, résume-t-il.
Outre le respect des normes de résistance, les serres doivent posséder des fondations et être scellées au sol.
” Or, les serres de maraîchage n’ont pas la même échelle que celles de production agricole, observe Yannick Rousseau. Les tunnels de moins de 80 cm de hauteur sont par exemple exclus de l’assurance car n’étant absolument pas conçus pour résister aux intempéries. ”
De fait, les assureurs, et c’est le même discours du côté du Crédit Agricole, pourraient les assurer mais cela serait contreproductif.
La vétusté de l’équipement entre en compte également dans l’application de franchises ou de limitations : en moyenne 10 ans pour les serres en plastique, 13 à 15 ans pour les serres en verre.
” De manière générale, la visite du conseiller lors de la souscription permet de faire un point précis sur les équipements mais aussi sur les pratiques et les besoins “, dit le responsable de Groupama.
“On peut maîtriser son budget assurance en plaçant des limites contractuelles cohérentes en fonction des enjeux, y compris sur des petites serres“, corrobore Jean-Philippe Declerck. “Le plus efficace étant encore de réaliser un audit avec son assureur afin de voir si les mesures de précaution sont suffisantes et les conditions d’assurance cohérentes.”
Car à la structure, il faut ajouter son utilisation. Ainsi si la serre est renforcée ou non, électrifiée ou pas, chauffée ou non et comment… sont autant de critères à prendre en compte.
” Toutes les mesures de prévention prises par les maraîchers viendront diminuer leur cotisation “, invite l’assureur en chef.
Sans oublier l’utilisation. ” Si la serre est débâchée ou ouverte au moment de l’intempérie, alors elle ne relèvera plus du contenu sous serre. Idem si les productions ont été sorties, alors on n’est plus dans le registre de l’assurance serres “, rappelle-t-il. “Avec une marge de manœuvre possible, lors de la survenue d’événements soudains comme une tornade“, tempère le responsable du Crédit Agricole.
Autre précision : ce sont les serres de production qui sont assurables, et pas les serres de vente.
Une tolérance sera appliquée aux producteurs faisant de la vente directe, mais pas question d’assurer les serres de Gamm Vert par exemple. On entre là dans l’assurance de commerce et plus de production agricole.
” Jusqu’ici, le maraîchage est clairement le parent pauvre, reconnaît Yannick Rousseau, responsable chez Groupama Nord Est.
Cela fait longtemps que les grandes cultures et les vignes sont protégées pour les aléas climatiques. L’arboriculture et les prairies l’ont été plus récemment. Le maraîchage ne l’était pas vraiment jusqu’ici. ”
Pour le responsable, la faute viendrait d’une variété de cultures que les instituts techniques avaient du mal à qualifier.
Démontrant aujourd’hui ” une capacité à gérer ces variétés “, les assurances seront en mesure d’appliquer la réforme de l’assurance climatique, entrée en vigueur le 1er janvier 2023, au maraîchage pour 2024. 17 aléas sont aujourd’hui couverts par l’assurance récolte qui devrait pouvoir s’appliquer au maraîchage.
Le mode de calcul de valorisation de cultures, qui s’étalent dans le temps, et le prix de ces assurances ne sont pas encore connus.
” Il reste des choses à voir, signale Yannick Rousseau. Le plus gros risque aujourd’hui est la grêle, qui peut endommager les équipements mais aussi les cultures qui sont fragiles par nature. La grêle en maraîchage, c’est 100 % de perte, c’est rarement le cas en cultures traditionnelles. “
Justine Demade Pellorce
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