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Il a fallu patienter 25 ans pour que les Maisons familiales rurales (MFR) se réunissent à nouveau dans les Hauts-de-France. « La dernière fois, c’était en 1997 à Amiens (80), se souvient Philippe Poitel, directeur régional des MFR, et avant, c’était au Touquet (62) en 1977. » Pour cette nouvelle édition, 2 200 congressistes, administrateurs et salariés de MFR, vont se retrouver à Lille (59) pour deux jours alternant ateliers et séances plénières, en présence notamment de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, et Michel Delepaul, vice-président de la Métropole européenne de Lille (MEL). Pour Guy Martel, président des MFR Hauts-de-France et Philippe Poitel, l’intérêt est aussi de mettre la lumière sur le travail effectué par les MFR régionales et promouvoir la diversité du territoire. « Et de parler des Hauts-de-France au niveau national et même international, ajoute le directeur. On veut faire découvrir notre belle région, sa gastronomie, son sens de l’accueil et sa simplicité. »
Créées en 1937, on compte aujourd’hui 430 MFR en France et 1 000 de par le monde. Elles comptabilisent 49 000 apprenants en formation initiale et 18 000 apprentis.
Les Hauts-de-France comptent 22 MFR, sept dans la Somme, six dans le Pas-de-Calais, trois dans le Nord, l’Oise et l’Aisne. Les plus récentes ont été créées en 1998 : Marconne (62) et d’Éclusier-Vaux (80). Toute nouvelle MFR est issue de la demande de familles ou de territoires. En Hauts-de-France, la création d’une 23e MFR est en réflexion, « à l’état de projet », précise Philippe Poitel.
Les cinq départements comptent 3 000 jeunes en formation initiale, rattachés au ministère de l’Agriculture, auxquels s’ajoutent 1 300 apprentis et jeunes adultes qui se forment de la 4e à la licence professionnelle aux métiers de l’agriculture, agroéquipement, élevage, fleuriste, mécanique automobile, bâtiment, BTP, commerce et vente, service aux personnes, etc.
Au niveau national, on retrouve d’autres corps de métier, de la lunetterie à la mécanique aéronautique en passant par les métiers de bouche. « Nous avons inventé l’alternance », souligne Philippe Poitel, citant également les compagnons du devoir, créés plusieurs siècles auparavant. Les formations proposées par les MFR ont en effet en commun d’enchaîner des périodes entre les bancs de l’école et la vie en entreprise, et ce, même en formation initiale. « Sur ce point, nous sommes les seuls à proposer une telle organisation », souligne le responsable.
Les modes varient, entre stage – rémunéré ou non – et apprentissage, ce qui donne lieu à trois statuts différents. « Le jeune part de l’établissement vers l’entreprise, pour 15 jours en général, avec un plan d’études sur tous les thèmes imaginables. À son retour à la MFR, il y a une mise en commun, chacun amène son expérience et présente son interprétation d’un thème. »
Sur les principes de l’éducation populaire, les MFR sont à la fois des lieux de formation, de développement social et humain au service des populations et des territoires. En plus des enseignants, deux métiers sont spécifiques concernant l’encadrement des jeunes. Les maîtres et maîtresses de maison, d’abord, qui supervisent la vie du foyer à laquelle contribuent les élèves en participant aux tâches ménagères. Les moniteurs et monitrices, ensuite, qui accompagnent les apprenants de la formation à la citoyenneté, des compétences à la posture attendue en entreprise, de l’enseignement à l’éducation. « L’accompagnement du jeune n’est pas lié à une matière », précise Philippe Poitel.
La loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, adoptée en septembre 2018, était « attendue depuis très longtemps », reprend Philippe Poitel. Le développement de l’apprentissage en entreprise en est un des piliers. « La loi nous a permis d’avoir des jeunes avec différents statuts dans une même classe et des aides de l’État pour développer l’apprentissage, ajoute-t-il. C’est une belle avancée dans le cadre de l’enseignement agricole, toutes familles confondues. »
« Dans le train de ce marché de la formation, il faut rester au contact des professionnels, reprend le directeur. Nous sommes le maillon juste avant les entreprises, nous devons rester au contact des entreprises. Nous ne faisons plus de l’agriculture comme en 1900. »
Il conclut : « C’est une richesse qui appartient à l’agriculture d’avoir sous un même ministère quatre familles : public, privé, MFR et Unrep (Union nationale rurale d’éducation et promotion) avec chacune ses spécificités, un même objectif commun, la réussite de l’apprenant, et sous la même bannière : l’aventure du vivant ».
Louise Tesse
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