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Les mercredis et les samedis ensoleillés passent et les étables restent désespérément vides des rires d’enfants. Tant de journées déjà gâchées pour les agriculteurs qui ont choisi la diversification et proposent normalement un accueil à la ferme. Anniversaires, fermes ouvertes, vacances… Toutes les activités sont au point mort depuis l’arrêté du 14 mars 2020.
« Tout accueil du public est suspendu jusqu’à la fin des vacances de Pâques », minimum, souffle Valérie Louchez, conseillère diversification à la chambre d’agriculture Nord-Pas de Calais. Le pire moment : « On entrait pile dans la phase des anniversaires à la ferme qui est normalement très dense jusqu’en juin. »
Pour limiter les écueils économiques (100 € de perte, en moyenne, par anniversaire), elle conseille, comme ses collègues, de favoriser le report et d’éviter les annulations (selon les conditions prévues par les conditions générales d’utilisation – CGU – du contrat).
Fêter son anniversaire en juin plutôt qu’en mars, pourquoi pas ? « Comme ce sont les agriculteurs qui gèrent directement les réservations, le mieux pour eux est de contacter les parents pour leur proposer une date ultérieure. Les fermes s’appellent aussi entre elles pour s’échanger des créneaux lorsqu’elles ne sont pas dispos. »
Pour les chasses aux œufs prévues à Pâques qui avaient très bien fonctionné l’année dernière, même stratégie : « On ne renoncera pas, assure Valérie Louchez. Il y avait 13 fermes inscrites, qui prévoyaient une chasse type carte au trésor, assez sophistiquée. Tous quasiment avaient suivi une formation… Alors, on changera la formule, on repoussera. Mais on n’annulera pas ! »
Pourtant, concernant le report, les conseillères, dans le brouillard total sur la date et les conditions de levée des restrictions, marchent sur des œufs : « On n’a aucune visibilité ! Alors, même si ce n’est pas simple de se projeter aussi loin, on peut proposer aux clients des dates bien plus lointaines que cet été, qui est d’ailleurs souvent déjà plein pour l’hébergement ! Pour l’automne prochain ou même l’été d’après… C’est aussi l’image qui est en jeu, on cherche au maximum à éviter toute forme de litige », prévient Marion Anselin, animatrice du réseau Bienvenue à la ferme.
Aujourd’hui chacun gère l’urgence, difficile donc de dresser un bilan des retombées : « C’est prématuré, et ça dépend vraiment des systèmes de chaque ferme, évalue Marion Anselin. Notre réseau se compose de deux branches : Vivez fermier (25 adhérents dans le Nord-Pas de calais) et Mangez fermier (48 adhérents). La seconde, qui est la vente de produits à la ferme, pourra peut-être compenser les pertes de la première qui concerne l’hébergement ? En effet, les drives et distributeurs fermiers ne désemplissent pas en ce moment. » À condition d’avoir ces deux cordes à son arc… Seuls 11 adhérents ont la double activité.
Concernant les aides, là aussi, les interrogations sont nombreuses : « Pour l’heure nous ne pouvons que diriger les agriculteurs vers les aides du gouvernement. Mais les conditions à remplir sont très nombreuses… Il faut tenter le coup, on verra ! », indique Valérie Louchez.
L’impact sera lourd, c’est certain, pour l’activité d’accueil d’enfants à la ferme dans le cadre de l’aide sociale à l’enfance. La direction départementale de la cohésion sociale a souhaité suspendre les séjours des enfants pour les vacances de printemps en vue d’éviter tout déplacement.
Au-delà des conséquences financières lourdes pour les familles d’accueil à la ferme (900 € pour deux semaines), cette annulation des vacances pour les enfants inquiète Valérie Louchez, en charge de ce secteur. « Ce sont bien souvent des enfants qui retournent au même endroit pendant les vacances et qui ont tissé un vrai lien avec leur famille d’accueil. Ils sont dans un vrai cocon en dehors du cadre collectif habituel. Il va y avoir un gros manque… »
Agathe Villemagne