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Par un communiqué du 26 février 2020, le ministère de l’Agriculture annonce que 5399 exploitations agricoles sont actuellement certifiées Haute valeur environnementale (HVE). Soit trois fois plus qu’au 1er janvier 2019 (1518). Un dispositif qui, rappelle le ministère, vise « à identifier et valoriser les exploitations agricoles préservant la biodiversité et limitant l’impact de leurs pratiques sur l’environnement ».
Dans les Hauts-de-France, les chiffres ne sont pas aussi impressionnants : il n’y a qu’une seule exploitation certifiée dans le Pas-de-Calais, et aucune dans le Nord (elles sont 4 dans la Somme, 4 dans l’Oise et tout de même 55 dans l’Aisne). Pour comparaison, la Gironde, qui compte le plus grand nombre d’exploitations certifiées, en dénombre 1047. Il faut dire aussi que c’est la filière viticulture qui dénombre le plus d’exploitations certifiées.
Le défi reste en tout cas important par rapport aux exigences du plan biodiversité de 2018, qui fixe un objectif de 15 000 exploitations à l’horizon 2022 pour toute la France et de 50 000 en 2030.
Mais si le HVE apparaît comme la nouvelle panacée, qu’en est-il sur le terrain ? Les exploitants de la région sont-ils en train de s’y mettre ? Début février 2020 à Arras (62), la chambre d’agriculture faisait le point sur la situation dans les Hauts-de-France.
« Le HVE existe depuis près de 10 ans », rappelle tout d’abord Marie-Catherine Desprez, conseillère environnement à la chambre d’agriculture Nord-Pas de Calais. C’est bien sûr la loi Egalim, et l’évolution des critères pour les repas servis dans les restaurants collectifs, qui l’a remis sur le devant de la scène.
« Pour l’instant, avoir la certification HVE n’apporte pas de plus-value comme avec le bio, mais c’est de plus en plus demandé par les négociants, les coopératives… », souligne Marie-Catherine Desprez. Obtenir la petite pastille rouge et blanche permet ainsi de « satisfaire les exigences du marché, de répondre aux attentes sociétales, d’entrer dans une démarche de progrès ou encore d’assurer la pérennité économique de l’entreprise », résume-t-elle.
Le problème est que cette certification se base sur un référentiel assez ancien, « parfois pas adapté », souligne Marie- Catherine Desprez. De plus, « dans le Nord et le Pas-de-Calais il y a souvent des échanges de parcelles : comment fait-on dans ce cas ? Et comment cela se passe-t-il quand l’élevage fait partie d’une entité et les cultures d’une autre ? Pour l’instant nous n’avons pas de réponses claires du ministère sur ces cas particuliers. »
On entend souvent parler des niveaux 1, 2 et 3 de la certification. En réalité, il s’agit plus d’étapes que de niveaux, le n°3 correspondant à la certification HVE. « Le niveau 1 n’est ni plus ni moins qu’un respect des normes environnementales de la conditionnalité, précise Marie- Catherine. Une fois délivrée, l’attestation est valable un an. »
Pour atteindre le niveau 2, l’exploitant doit respecter 16 exigences supplémentaires. Certaines démarches environnementales peuvent être reconnues dans ce cadre sur le principe de l’équivalence. Le niveau 3 enfin est le plus exigeant et « s’appuie sur des obligations de résultats mesurées par des indicateurs de performances environnementales » précise le gouvernement sur son site.
Pour obtenir la certification, précise-la représente de la chambre d’agriculture Nord-Pas de Calais, il faut tout de même débourser entre 900 à 1000 euros.
Le HVE peut être obtenu de façon individuelle ou collective. Il existe deux voies pour obtenir l’obtenir, au choix de l’exploitant.
« Le HVE n’entraîne pas forcément une obligation de changement de pratiques, précise Marie-Catherine Desprez. Mais ce n’est pas si facile, tout le monde ne pourra pas l’avoir prévient-elle. » Tout dépendra en effet des systèmes d’exploitations.
Et si la région est en retard, de nombreux agriculteurs entrent progressivement dans la démarche (demande d’informations, inscription à des formations, groupe de travail) : des exploitations HVE devraient donc bientôt fleurir dans la région. Mais, dans la plaine les agriculteurs s’interrogent : « On avait déjà le Global gap, il faudra quoi encore après ? »
Laura Béheulière