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Vignes : pourquoi pas dans l’Artois ?

21-07-2020

Actualité

Culture

Laurent Sellie, agriculteur à Quiéry-la-Motte (62), a planté en 2020 près de quatre hectares de vignes. Sa motivation ? Le désir d’apprendre les secrets d’une nouvelle culture.

Laurent Sellie s’appuie sur l’expertise de Mélanie Blondiaux, responsable développement chez Ternoveo pour cultiver sa parcelle de vignes. © DR

D’agriculteur à viticulteur, il n’y a qu’un pas. Laurent Sellie, l’a franchi cette année. Entre la culture des pommes de terre, des céréales et des betteraves sur une cinquantaine d’hectares, cet agriculteur à Quiéry-la-Motte (62), dans le bassin minier, commençait à s’ennuyer. Il a alors décidé de se lancer dans la culture du raisin.

Lire aussi à ce sujet : Un chardonnay bientôt produit dans les Hauts-de-France

« J’avais envie d’un nouveau défit, avoue-t-il. À 50 ans, on a besoin de nouveaux projets. Et ça faisait cinq, six ans que ça me turlupinait. J’entendais régulièrement qu’en Belgique il y avait des vignes et je me disais, pourquoi pas chez nous ? Notre climat change, l’ensoleillement est suffisant et nos sols sont de plus en plus souvent secs. Lorsque j’ai su que Ternoveo cherchait des agriculteurs prêts à planter des vignes, je me suis manifesté. »

Une main-d’œuvre conséquente

Pour lui, c’est l’occasion d’apprendre de nouvelles techniques de cultures. Et pour le coup, il est servi. Décompactage, rotative et passage de glyphosate en avril ont été nécessaires pour préparer le terrain de 3,80 hectares. « Le sol devait être le plus propre possible avant que le pépiniériste ne vienne implanter les pieds de chardonnay de manière mécanisée, ajoute Laurent Sellie. La densité est de 5 000 pieds par hectare, soit un rang tous les deux mètres avec un intervalle dans le rang d’un mètre. C’est relativement large mais c’est ainsi qu’on me l’avait préconisé. »

200 heures chaque année sont nécessaires pour entretenir la parcelle de vignes. © DR

C’est à ce moment-là que cet agriculteur, un peu aventurier, a réalisé que la surface plantée était conséquente. « Il a fallu mettre à chaque pied de vigne une protection et un tuteur, explique Laurent Sellie, qui a pu compter sur la famille et les amis. Et comme à cette période-là, il n’a pas plu, j’ai dû faire deux passages pour arroser les jeunes plants » grâce à… une tonne à lisier !

À raison d’une semaine par hectare, il a ainsi fallu trois semaines pour tout planter. Le 15 mai 2020, cette première étape était terminée. « A posteriori, j’y suis peut-être allé un peu fort, ce n’est pas une surface négligeable », reconnaît l’agriculteur, qui a du pain sur la planche avant de goûter les premiers grains dans deux ans : quasiment 200 heures chaque année pour cette parcelle.

Surveillance des vignes

L’heure est à la surveillance : il ne faudrait pas que la plante attrape de l’oïdium ou du mildiou. Il faut également veiller à ce que la parcelle ne se salisse pas, car une adventice pourrait facilement concurrencer ces jeunes plants. Laurent Sellie devra aussi surveiller « le taux de fer dans mon sol, voire en apporter pour éviter d’avoir à gérer » le problème de la chlorose. Car sa parcelle calcaire et carencée en fer favorise le manque de chlorophylle. Pour que la vigne se développe bien, l’idéal aurait été d’avoir un sol drainant, crayeux et pas trop riche en matière organique.

« Dans deux ans, lorsque le pied de vigne sera bien implanté, je pourrai enherber les interrangs, ce qui facilitera le désherbage, espère-t-il. En attendant, j’ai acheté un vieux tracteur afin qu’il puisse passer entre les lignes et j’ai fabriqué un vibroculteur de deux mètres de larges pour travailler le sol. » Pour le reste, rien ne vaut un passage de binette.

Un investissement sur le long terme

Cet investissement sur le long terme représente environ 30 000 euros par hectare. En moyenne, le rendement dans notre région avoisinerait autour des 8 000 kg/ha. Avec une première récolte prévue dans trois ans, le retour sur l’investissement n’est pas attendu avant une dizaine d’années.

L’investissement représente 30 000 euros/ha. © DR

« Un contrat a été établi entre Ternoveo et les agriculteurs, explique Mélanie Blondiaux, responsable développement chez Ternoveo. Nous avons défini un prix d’achat minimum du raisin à 1,20 €/kg avec une prime supplémentaire possible selon la qualité. »

Ternoveo achètera donc le raisin pour le transformer en vin et pourrait également louer du matériel aux néovignerons. « Nous allons sûrement proposer des prestations de services pour les agriculteurs engagés dans la vigne, intervient Mélanie Blondiaux. Cela éviterait aux agriculteurs d’investir dans du matériel de pulvérisation, par exemple. »

En attendant, cet hiver, les agriculteurs pionniers dans cette technique vont avoir des cours de taille. Taille à hauteur des deux nœuds qu’ils mettront en pratique dès le printemps prochain, pour renforcer le pied. Puis l’année suivante, elle s’effectuera à 60 cm. « C’est aussi à ce moment-là que l’on réalise le palissage, pour éviter que la vigne ne tombe. » Encore beaucoup de travail avant de récolter les premières grappes et d’être… dans les vignes du Seigneur !

Lucie Debuire

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