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“J’ai mis des tournesols pour essayer d’égayer un peu”, sourit Caroline Péru, sous le toit de l’ancienne grange qui nous abrite de la pluie automnale de cette fin septembre. La grange où nous nous trouvons, c’est celle de l’ancienne ferme de ses grands-parents maternels, à Vitry-en-Artois. C’est ici que trois fois par semaine, elle vend les légumes de saison produits juste à côté par son frère. L’ancienne grange est devenue Le Panier Vitryen.
Un projet qui n’allait pas de soi selon les frangins mais qui, avec le recul, est assez logique étant donné les parcours de chacun et l’histoire familiale.
Les grands-parents maternels de Louis et Caroline étaient agriculteurs et leur père était ouvrier agricole. C’est pour cela que tout naturellement, Louis, 20 ans aujourd’hui, se lance dans des études agricoles avec un diplôme de technicien agricole qu’il effectue à Samer. Par la suite, il enchaîne les jobs dans différentes fermes de la région, ou dans des espaces verts, ce qui lui permet d’enrichir sa technique.
De son côté, Caroline, 27 ans, ne suit pas du tout cette voie. “J’ai fait une école de management à Paris, l’Isit. Puis j’ai trouvé un travail à la communauté urbaine d’Arras au service “économie sociale et solidaire”. J’étais en charge d’accompagner les porteurs de projet. Cela m’a permis de bien connaître les méthodes pour lancer un projet.” Des compétences très utiles pour la suite.
Cela étant dit, toute leur enfance, la sœur et le frère fréquentent le milieu agricole via leurs grands-parents ou encore, en travaillant l’été à la coopérative Unéal.
Mais à l’été 2023, alors que Louis n’a pas de travail et que Caroline commence à se lasser de son poste, les frangins se disent qu’il y a quelque chose à faire avec l’ancienne ferme de leurs grands-parents.
“Quand ma grand-mère est décédée, c’est ma mère qui a hérité de la maison. Celle-ci a été mise en location mais on avait conservé les anciennes étables, la grange et puis un peu de terrain. En plus de ça, notre père avait lui aussi quelques parcelles… Louis avait envie de stabilité et d’être à son compte. Alors j’ai décidé de l’aider à lancer son affaire”, explique Caroline.
Louis rencontre donc un ami maraîcher, le duo réalise une formation pour monter son projet avec la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais…
“On commence à réaliser l’ampleur de la tâche. Au départ, je devais juste l’aider, notamment à bien penser son projet, penser le business plan, etc. Mais je l’aidais de plus en plus, et de plus en plus, l’idée de le rejoindre pleinement dans l’aventure m’attirait”, raconte Caroline.
Alors, début 2024, Caroline pose sa démission et devient officiellement associée du Panier Vitryen.
Ainsi, les tâches sont réparties : Louis à la production des légumes de saison, Caroline à la vente et à l’administratif. “Louis savait que la vente ce n’était pas son truc, il aurait dû embaucher quelqu’un si je n’étais pas là !”
Avec les 82 ares de terrain et les trois serres, Louis propose une certaine variété de légumes de saison, et uniquement des légumes. “On n’est pas en bio mais il fait de l’agriculture raisonnée. Il ne traite quasiment rien, sauf par exemple les pommes de terre pour le mildiou, le désherbage est fait à la main… On voulait allier produits de qualité et prix abordables”, explique Caroline.
Pour que les clients puissent avoir du choix, le Panier Vitryen s’approvisionne aussi en fruits chez des producteurs du coin et vend du miel et du jus de fruits, eux aussi de producteurs locaux. “À la demande des clients, on a aussi installé un poulailler avec une quinzaine de poules pour proposer des œufs.”
2023. Caroline et Louis se lancent dans la création de l’entreprise.
Février 2024. Caroline quitte son travail et s’associe officiellement à son frère.
Juillet 2024. Le Panier Vitryen accueille ses premiers clients.
2025. Caroline et Louis souhaitent développer la vente à des clients professionnels et les légumes “hors du commun”.
Pour ce qui est du business model, “on fait 100 % en vente directe. On vend des pommes de terre à une friterie de Vitry-en-Artois et le reste directement aux clients.” Les clients justement, apprécient ce nouvel espace à Vitry, “On pense venir régulièrement pour compléter ce qu’on fait nous au jardin. On sait d’où viennent les légumes et puis ils sont bien plus goûtus que ceux du supermarché”, listent Danielle et Alexandre, vitryens depuis 50 ans.
Mais les Péru font encore des tests : “Par exemple, on a mis beaucoup trop d’ail et d’oignons. On a mis des légumes classiques (à l’exception près de piments de Cayenne et d’Espelette). À l’avenir on aimerait mettre des légumes qui sortent un peu plus de l’ordinaire, développer de nouveaux partenariats avec des professionnels”, se projette Caroline.
Et qui sait, comme le suggère Danielle, “vous pourriez mettre un rayon à soleil ?”
Eglantine Puel