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Petite musique de fonds, jolie décoration boisée, quelques mouches qui volent, odeur de paille, ambiance calme sur fond de bêlement de biquettes : vous êtes arrivés au bar restaurant les Chevrettes, à Rieulay (59). Un bar au milieu d’une chèvrerie. Vous ne l’avez peut-être pas encore remarqué, mais vous êtes aussi sur un terril. Le plus grand terril plat d’Europe, qui appartient au patrimoine mondial de l’Unesco.
En ce mercredi matin de canicule, qu’il est agréable de venir à l’ombre de ce lieu atypique. Des couples en balade, des familles avec leurs enfants curieux, des cyclistes de passage et même des gens qui ont enfilé un t-shirt sur leur maillot de bain encore mouillé… chacun s’émerveille de ce lieu, s’arrête pour observer les chèvres, ou salive devant les fromages, et tout le monde semble se connaître. Le maître des lieux fait la bise à la moitié des convives.
Le maître des lieux, c’est lui : Olivier Graf, 44 ans, natif de la région. Il a ouvert cet endroit il y a un peu plus d’un an, en mai 2018. « Je n’étais pas du tout du métier de la restauration, confie-t-il entre deux verres servis à des clients. J’ai fait une école de commerce et travaillé dans une agence de communication à Paris pendant 17 ans. J’avais un boulot passionnant mais la quarantaine passé j’ai eu envie de faire autre chose, tout en gardant le contact client. La restauration est pour moi le meilleur moyen d’apporter un sourire à un client. »
Il pense alors ouvrir un restaurant à Lille mais son frère lui glisse à l’oreille une petite idée. Celui-ci a ouvert, cinq ans auparavant, une ferme pédagogique dans le bassin minier, essentiellement composée d’un élevage de chèvres bio. Les gens de passage demandent régulièrement à pouvoir s’y rafraîchir ou goûter au fromage local. Les deux frères décident donc d’ouvrir ce restaurant au cœur de cette petite exploitation. « L’idée était d’en faire un lieu agri’cool, souligne Olivier Graf. On garde les valeurs de la ferme avec le bio, la nature, le local, et des produits respectueux de l’environnement et de la santé. Et en même temps c’est un lieu cool, pour se détendre.»
« Les clients cherchent aujourd’hui plus d’authenticité, de transparence, poursuit le jeune barman. Quand on sort, maintenant, on veut vivre une expérience, en plus de manger de bons produits. Et pour moi ça passe par le cadre, l’accueil, le côté humain et chaleureux. »
Tous les ingrédients semblent bien réunis ici. Tout d’abord, vous pourrez vous rafraîchir avec des bières locales et bio ; la plupart d’entre elles proviennent de la brasserie belge Dupont, pionnière dans le bio, souligne Olivier. Vous trouverez aussi du cidre de l’Avesnois, des jus de fruits ou encore de la limonade. « On sert également des planches apéros ou de grandes planches pour des déjeuners fermiers », ajoute Olivier. Et lorsqu’on jette un coup d’œil à la carte, on aperçoit aussi des terrines, une raclette et autres fromages chaud. « On travaille le plus possible en circuit court ou en région », précise-t-il.
Et pour ce qui est de l’expérience, tout y est aussi. Bien sûr, pendant que vous dégustez tous ces produits laitiers tranquillement assis à votre table, quelques biquettes vous regardent du coin de l’œil. Pendant les jours d’ouverture, les clients peuvent assister au retour du troupeau d’une cinquantaine de têtes avec le chien de berger, et à la traite. Dehors, il y a des ânes, un cochon laineux, des poules…« Régulièrement, on propose des animations, poursuit le gérant. L’idée est de faire venir les clients mais aussi de créer de la vie. » Spectacles de cirque, concerts, théâtre… Chaque année, les jeunes chevrettes sont baptisées avec des noms proposés par les clients, et l’élection de miss biquette est même organisée. « C’est toujours gratuit, avec une participation au chapeau qui revient à l’artiste, afin que cela soit le plus ouvert et qu’il n’y ai pas de frontière financière. »
Le lieu aussi a beaucoup à raconter. De friche industrielle, il est devenu un terrain de loisir pour les familles des alentours. Les habitants du coin peuvent profiter de cet espace pour courir, faire du VTT, et même se baigner dans un lac. Ils se rencontrent et échangent ensuite au bar des Chevrettes, doté d’une belle terrasse en plus de ses tables disposées parmi les chèvres : la vue sur le terril est l’occasion d’évoquer l’histoire de la mine et des gueules noires. Bref, un bel exemple de reconversion, comme celle d’Olivier Graf, pour le plus grand bonheurs des petits et des grands.
Laura Béheulière
Infos pratiques
Les Chevrettes, bar et restaurant
à la ferme. Rue de l’espace terril,
59870 Rieulay.
Tél. : 07 66 57 22 13
Jours d’ouverture: mercredi, samedi, dimanche et jours fériés, 11h-19h. Peut être privatisé pour des événements.