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Comme pour la majorité des filières volaille, la SARL Cadet, située à Steenwerck dans le Nord, rencontre de grandes difficultés en ces temps de confinement. En mars 2020, son chiffre d’affaires a diminué de 70 % comparé au même mois de l’année précédente. Aux côtés de son père et de son oncle, ses associés, Alexandre Cadet se bat pour sortir la tête de l’eau. Il répond à nos questions.
Nous devrions faire huit à dix marchés par semaine ! Là, on en fait zéro. Les marchés et les foires représentent 50 % du chiffre d’affaires. Le mois prochain, nous ne ferons pas les trois foires du 1er mai. Cette seule journée représente environ 60 000 euros de chiffre d’affaires. D’habitude, on part avec une flotte de camions, direction Rue (80), Gamaches (80) et Stenay dans la Meuse. C’est une grosse organisation… qui n’aura pas lieu.
On a contacté les mairies de ces communes et elles ont accepté de communiquer notre contact sur les réseaux sociaux. Cela permettra aux particuliers de passer leurs commandes à récupérer dans un point de vente. La Ferme des Fontaines à Maisnières (80) est l’une des exploitations agricoles qui ont accepté de nous accueillir.
En dehors de la vente directe, nous vendons aux jardineries et aux abattoirs. Mais le risque, c’est qu’ils saturent. Il ne faudrait pas qu’il y ait une baisse des prix à cause de la concurrence. Parallèlement, j’ai une petite exploitation agricole de pommes de terre. Je peux compter un peu dessus pour diminuer les risques, mais pas pour longtemps…
Pour les pommes de terre, j’ai un seul salarié. Pour la volaille vivante, il y a dix personnes, actuellement en chômage partiel. C’est à l’employeur d’avancer l’argent, mais je n’ai pas encore reçu un centime de l’État. Comme on fait près de 2 millions de chiffre d’affaires par an, je ne suis pas éligible aux aides. Dommage que l’État confonde le chiffre d’affaires de l’an passé, avec la marge potentielle de cette année.
Récemment, j’ai vendu 6000 poulets à un abattoir. Donc ça génère du chiffre d’affaires ! Mais zéro marge. Je n’ai rien gagné en vendant au coût de production. Comme on du mal à écouler les stocks, les abattoirs demandent des prix plus bas.
On ne peut rien faire, à part envoyer des mails. C’est ce que j’ai fait en contactant la Chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais. J’ai aussi envoyé un courrier aux préfets de la région, pour tenter d’avoir une dérogation pour les marchés. Seul le préfet du Pas-de-Calais a répondu. Et la réponse était négative.
Par ailleurs, je trouve la décision du gouvernement incompréhensible. Les GMS sont autorisés à vendre toutes sortes de produits, et pas uniquement de première nécessité. En extérieur, on pourrait s’adapter ! Par exemple, créer un parcours avec des barrières pour espacer les gens devant les étalages. Je suis outré par ce que subissent les commerces de proximité.
Propos recueillis par Lauren Muyumba