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En 2022, Christine Buret-Bonnailie décide de faire un virage à 180° et de quitter son emploi de cheffe de projet digital pour devenir productrice de fleurs séchées. Un virage que la quadragénaire (« tout pile ! ») rêvait de faire depuis un bon bout de temps.
Du plus loin qu’elle se souvienne, elle a « toujours aimé les fleurs… Mais tout le monde aime les fleurs non ? » Certes, mais tout le monde n’en fait pas son métier. « J’ai plusieurs photos de moi petite avec des fleurs ou des graminées dans les mains. Mon frère m’a rappelé cette histoire : mon père, qui était instructeur pilote, nous avait emmenés en avion faire un tour. Au retour, j’avais ramené du blé et j’en avais mis partout ! »
Pourtant, c’est la voie du digital que choisit dans un premier temps Christine Buret-Bonnaillie : « Le projet de travailler avec les fleurs a toujours été dans ma tête. Au cours de mes études, j’ai même voulu me réorienter pour faire un CAP fleuriste à l’institut de Genech, mais on m’a mise en garde. Si je voulais me lancer en fleuriste indépendante, il me fallait des fonds, que je n’avais pas… »
Et puis, en 2020, le rêve devient une idée, puis un projet lorsqu’elle décide de suivre une formation en ligne, celle de Floret Flower, d’Erin Benzakein, une influenceuse américaine qui possède une ferme à fleurs. Elle se lance aussi dans un BTS horticulture avec l’ESA d’Angers, en distanciel, et pour lequel elle est en stage chez Anne-Emmanuelle Delmotte (Une petite graine, lire aussi notre édition du 25 juin 2021).
Christine Buret-Bonnaillie quitte son travail et crée l’entreprise Floa Poa (« pour le jeu de mots avec flower power ») pour tester son idée de bouquets de fleurs séchées naturelles et locales. En parallèle, elle adhère à l’association À petits pas pour se « faire accompagner sur tout ce qui concerne l’administratif, la comptabilité, le juridique… »
En effet, dès la formation Floret Flower, le projet était bien celui de produire des fleurs séchées, de A à Z. « Depuis un peu plus de cinq ans, il y a un vrai renouveau dans les fleurs séchées. Avant, ça avait une image un peu désuète… Aujourd’hui, ça correspond aux attentes en termes de durabilité, à la fois temporelle et écologique, bien qu’il faille se méfier… » Pour se former, pas de secrets : « J’ai écrémé internet et je suis allée me renseigner auprès de producteurs. Et bien sûr, j’ai fait et je fais beaucoup de tests. »
Aujourd’hui, Christine Buret-Bonnaillie produit une grande partie de ses semences, avec lesquelles elle produit des plants « que je cultive dans une serre dans mon jardin. J’aime l’idée d’une certaine autonomie et puis, grâce à ça, je peux faire de la sélection variétale pour adapter au mieux les fleurs à ma terre ».
Ces plants sont plantés dans un champ de 1 500 m2, sur un terrain qu’elle possède près du Mont des Cats, au début du printemps. « Je suis actuellement au stade C2 de ma conversion bio. Je devrais pouvoir faire l’audit en 2024. » En attendant la récolte, il faut pailler, surveiller l’enherbement et « pincer les fleurs. C’est-à-dire couper la tige principale pour créer des ramifications. L’avantage d’un plant, c’est qu’il peut donner beaucoup de fleurs ! La récolte se déroule entre juin et septembre, avec un pic en juillet et août. » Finalement, les fleurs séchées sont des fleurs d’été, comme si « on voulait capturer le soleil pour l’hiver ! »
Tout est manuel ici et tout a été dimensionné pour que Christine Buret-Bonnaillie puisse le faire seule. Les fleurs sont ensuite effeuillées, mises en bottes et amenées au séchoir, « fabriqué maison » au fur et à mesure. « Cela prend entre une et trois semaines selon les fleurs. Pour bien sécher, chaque fleur doit être récoltée à un stade de croissance bien précis. Aujourd’hui, les 45 espèces que je cultive sont celles où je maîtrise cela. » Lumina, Achillée, Scabieuse… Le séchoir est empli de bottes de fleurs suspendues la tête en bas.
Pour le séchage, Christine Buret-Bonnaillie utilise la technique de la déshydratation, dans l’obscurité pour « préserver les couleurs. Car chez certains fleuristes ou dans certaines boutiques, il est à noter que les fleurs ont été décolorées puis teintées avec des produits chimiques… Il faut se méfier d’un bouquet de fleurs séchées qui, visuellement, ne bouge pas au bout de six mois. On peut évidemment garder plus longtemps un bouquet séché avec des fleurs non traitées, mais les fleurs se patinent. »
Pour le moment, étant donné son emploi du temps et sa formation à suivre, « je ne peux pas me consacrer à 100 % à l’entreprise », explique-t-elle. Aussi, un quart de sa production est vendu à des fleuristes et/ou créateurs, le reste à des particuliers. « J’aimerais arriver à 50-50. Pour les pros, je vends des bottes et pour les particuliers des bouquets (de 10 à 30 €) qu’on peut trouver dans des boutiques partenaires et je fais aussi quelques marchés de producteurs ».
En 2024, une fois son BTS obtenu, Christine souhaite développer l’activité avec, peut-être, un système de précommande en ligne et retrait du bouquet en magasin.. « Une chose est sûre, j’ai encore plein d’idées ! »
2006. Elle obtient un master Ingénierie du document, édition, médiation multimédia et devient cheffe de projet digital.
2021. Elle se forme en ligne avec Floret Flow à la culture de fleurs coupées.
2022. Elle quitte son travail, adhère à “À petits pas” pour lancer son entreprise Floa Poa et débute un BTS horticulture.
2024. Elle devrait obtenir son BTS et enfin être à 100 % dans son entreprise pour développer de nouveaux projets.
Eglantine Puel