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BioDemain : et si le presque bio devenait une marque ?

19-12-2019

Actualité

Bien dans ses bottes

Maxime Durand et Stéphane Delebassé, la petite vingtaine, viennent de lancer BioDemain, une marque pour valoriser les produits issus d’exploitations en conversion au bio. Alors, on passe au presque bio ?

Les fondateurs de BioDemain. © BioDemain

Pas encore bio et alors ? Maxime Durand, 22 ans, et Stéphane Delebassé, 23 ans, sont à l’âge où l’on n’attend pas. La preuve : tout juste ont ils déposé leurs souliers d’écoliers samedi dernier, lors de leur remise de diplômes de l’Iteem, école des ingénieurs, managers, entrepreneurs (issue de la fusion de Centrale Lille et de la Skema business school), qu’ils ont déjà une botte dans le monde de l’entreprenariat.

BioDemain, leur entreprise, est née il y a près d’un an alors qu’ils étaient encore étudiants. « On avait envie de lancer une boîte avec un véritable impact social et environnemental », confie Maxime Durand.

Voir notre infographie sur les chiffres du bio en région

C’est la rude expérience d’un grand-oncle agriculteur, qui a, à ses dépens, fait germer le concept dans l’esprit des deux jeunes gens. Cet éleveur breton s’était lancé, il y a cinq ans, dans la conversion au bio. À cœur perdu.

« Il n’avait pas anticipé une grande partie des coûts. Ruiné, il a fini par mettre la clé sous la porte. C’est fou qu’un agriculteur qui souhaite faire mieux se retrouve dans une telle difficulté », souffle Maxime Durand. D’où l’idée de BioDemain : proposer une marque équitable qui accompagne et rémunère justement les agriculteurs durant la sensible période de conversion au bio.

Un produit déjà vertueux

« La conversion n’est pas un moment très drôle, on est confronté à certains problèmes techniques, par exemple à quel moment on fait appel aux coccinelles ou aux phéromones quand on cultive des fruitiers et qu’on renonce aux produits phytosanitaires ? décrit Maxime Durand. La conversion nécessite 50 % de travaux manuels en plus, il y a aussi une baisse de productivité et une énorme charge mentale : il faut tout apprendre, tout repenser. » 

La conversion n’est pas un moment très drôle, il faut tout apprendre, tout repenser.

Maxime Durand, BioDemain

Le ver dans la pomme (bio) a été identifié par les deux entrepreneurs : après la visite d’un organisme certificateur (Écocert, par exemple), le producteur établit un plan d’actions avec ses axes d’amélioration. Quand il est parvenu à respecter ces normes, il doit attendre deux à trois ans pour obtenir le Graal, le label bio et son célèbre petit papillon rémunérateur. Mais, faute de label, alors qu’il produit de manière déjà plus vertueuse, l’agriculteur reste sur les prix de vente du conventionnel. « Il cultive selon les règles de la bio mais n’en tire pas encore avantage », traduit le cofondateur de BioDemain.

Com’ qui claque

« On propose donc au producteur d’acheter ses produits à un prix juste, qu’il fixe selon une grille en fonction de ses nouveaux coûts de production (démarche validée par Bio en Hauts-de-France, ndlr) . Puis, nous les commercialisons. Ça leur évite cette charge de travail en leur garantissant une rémunération correcte », détaille Maxime Durand. Concrètement, les deux hommes sortis d’école de commerce ont bossé leur slogan et leur packaging pour que les produits soient porteurs d’un message clair. Et séduisant.

© BioDemain

Sur les bouteilles en verre de jus de pommes et les sachets kraft de haricots secs, des étiquettes blanche et corail affichent, en gros caractères : « Ce produit n’est pas (encore) bio. BioDemain, une marque équitable qui aide les agriculteurs à passer au bio. » Un message accompagné d’explications sur la conversion et d’un portrait du producteur. La clé, « c’est la communication », traduit Maxime Durand qui explique avoir passé du temps, encore étudiant, sur les marchés régionaux pour expliquer la phase de conversion au bio et poursuit sa campagne de communication pour les consommateurs chez les revendeurs.

Pour simplifier la démarche, BioDemain s’attaque, pour l’instant, aux produits d’épicerie (farine, légumes secs), aux jus ou soupes et aux légumes de conservation (pommes de terre, courges…).

Tous sont régionaux. Ils sont distribués dans des enseignes de grande distribution, de magasins bio et sur des sites de vente en ligne. « On assure des prix de 10 à 30 % plus importants pour les agriculteurs », résume Maxime Durand, qui se rémunérera aussi lui-même avec son associé grâce à une marge appliquée sur chaque produit.

Pour l’heure, les pères de BioDemain fonctionnent régulièrement avec une dizaine de producteurs régionaux « On les connaît très bien, c’est nous qui passons chaque semaine récupérer leurs produits, on discute de leurs méthodes, leurs outils… »

Actuellement en discussion avec une dizaine d’autres agriculteurs, ils espèrent pouvoir gonfler leur offre et leur équipe, qui s’est déjà agrandie récemment. « Cela nous permettra de développer notre communication, d’animer un réseau d’entraide et de bons conseils entre nos membres… » C’est-y pas bio ?

Agathe Villemagne

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