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Maraîchage : Émile Leroy, agriculteur biologique convaincu

08-09-2022

Actualité

Bien dans ses bottes

À Cobrieux, dans la Pévèle, Émile Leroy cultive une vingtaine de légumes en agriculture biologique avec ses deux associés, Mathieu Leroy et Laure Lefebvre, au sein de la Bio’cense. Rencontre.

De gauche à droite, Laure Lefebvre, Emile Leroy et Mathieu Leroy © LT

Les casiers de melon ont été dévalisés. Ceux de tomates sont vides, eux aussi, plus une seule n’est disponible en cette fin de journée. Implanté dans la grand-rue de Cobrieux (59), le distributeur de la Bio’cense a ses habitués. « On l’a installé en 2018 pour les asperges, annonce Émile Leroy, l’un des trois associés de l’exploitation agricole. Les gens ont pris l’habitude de venir. Depuis, on y a ajouté d’autres produits dont les légumes d’été. » Les cinquante casiers sont remplis deux fois par jour. « On pourrait même le faire trois fois », confie le maraîcher.

Pérenniser la main-d’œuvre

En 2017, Émile Leroy et son cousin Mathieu Leroy ont créé la Bio’cense, dans la continuité de l’exploitation familiale, rejoints ensuite par Laure Lefebvre. L’agriculture biologique s’est imposée dès le départ. « Nous avions la volonté de produire exclusivement en agriculture biologique par conviction », assure Émile Leroy. Les terres qui ne l’étaient pas ont été converties.

Historiquement, la ferme est spécialisée en légumes d’hiver et produit essentiellement endives, carottes, pommes de terre. Les deux cousins ont élargi la gamme de légumes. « Nous avons eu une approche systémique de l’exploitation, commence l’agriculteur. L’idée était de développer les productions pour pérenniser la main-d’œuvre toute l’année. » Les salariés – entre cinq et six – sont ainsi permanents.

Réduire les risques climatiques

Diversifier les productions a également permis d’allonger les rotations et, de fait, de réduire l’enherbement et la pression parasitaire. « Cette approche agronomique a donc un intérêt pour le désherbage sur le long terme, note Émile Leroy, ce qui est important en agriculture biologique. Et puis, nous ne l’avions pas anticipé, mais le fait de diversifier les assolements réduit les risques économiques et climatiques : on ne met pas tous ses œufs dans le même panier. »

La Bio’cense propose entre 20 et 30 légumes. La saison commence par les asperges, au printemps. C’est aussi le lancement du désherbage manuel, réalisé en partie avec deux lits de désherbage.

Puis, l’été, suivent les légumes à ratatouille, les petits pois, les haricots verts. La tomate joue souvent le rôle de produit d’appel pour la vente au détail, qui représente 5 à 10 % du chiffre d’affaires – part qui s’élève à 40 % lorsque l’on englobe l’ensemble des circuits courts. Le reste est vendu aux coopératives et quelques légumes d’industrie partent pour la transformation.

Arrivent ensuite les potimarrons, les oignons, les carottes, les panais, les endives. La Bio’cense produit aussi des céréales : du blé panifiable et de l’avoine à flocon. Quelques prairies temporaires s’intègrent également dans l’assolement.

Semis de navets, récoltes de haricots et de carottes puis récolte des potimarrons et des oignons pour le stockage sont au programme des prochaines semaines.

Produire durablement

Cette année, ce sont surtout les épisodes chauds qui ont été néfastes pour les cultures. Celles d’été ont le plus souffert. « Cela a été compliqué de semer, les sols sont secs », relate Émile Leroy.

Quant aux hausses des charges, le maraîcher reste positif. « Le problème de l’énergie nous concerne, bien sûr, mais à une moindre échelle », détaille-t-il. Dans la production d’endives, par exemple, la Bio’cense ne conserve pas de racines d’endive en chambre froide plus de 4 mois et le fait uniquement l’hiver, ce qui limite ses dépenses énergétiques. Pour Émile Leroy, « l’endive reste avant tout un légume frais d’hiver. » Les racines sont cultivées sur buttes, pour limiter la pression mildiou notamment. L’eau ruisselle, la racine reste sèche. « La productivité peut être divisée par deux, on prend plus de risque », signale le maraîcher.

Pourtant, « la construction des prix n’est pas évidente, la prise de risque n’est pas toujours représentée dans la rémunération », regrette-t-il.

Communication et pédagogie

Évoquant les choix des consommateurs qui « veulent bien des produits bio mais pas de leurs tarifs », il remarque une « incohérence de certains d’entre eux, et ce n’est pas spécifique à l’agriculture. Il y a un travail de communication et de pédagogie à faire pour faire bouger les choses. » C’est ce que fait Emile Leroy, lorsqu’il vend ses légumes en direct : il explique les spécificités de l’agriculture biologique qu’il a choisie, « une alternative qui fait sens ». 

Son approche l’amène aussi dans une réflexion plus globale sur les produits. « À quoi sert le produit ? Qu’a-t-on envie de produire pour les gens ? » Les choix de la Bio’cense sont ainsi guidés, « cense » (la ferme), étant l’homonyme – volontairement choisi – de « sens ».  

Louise Tesse

Lire aussi : Culture. Les fruits rouges : capricieux mais rentables

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