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Longue et laborieuse, voilà comment on pourrait résumer la moisson 2021. Si les agriculteurs veulent vite l’oublier, les organismes stockeurs risquent de s’en souvenir un moment. “Pour le moment, nous analysons la qualité des grains que nous avons réceptionnés“, explique Matthieu Beyaert, responsable marchés à terme chez Noriap. Toutefois, une tendance se dessine.
“La moisson s’est faite par pics, les fenêtres météorologiques étant très réduites, raconte Jean Deray, responsable du service céréales chez le groupe Carré. Au 15 août, seulement la moitié de la moisson de notre zone était récoltée.” Pourtant, la moisson des blés avait bien commencé le 27 juillet et s’est plutôt bien déroulée pour les secteurs situés sur la diagonale entre Valenciennes, Cambrai et Péronne. “Pour le reste, même les zones où les climats sont moins humides d’habitude, la moisson a été retardée, explique Nicolas Foissey, directeur céréales chez Unéal. Les moissonneuses n’ont pas pu remonter de ces zones pour renforcer les équipes dans les zones plus en retard.“
Bon an, mal an, les agriculteurs ont tout de même réussi à profiter des quelques jours de soleil en août et septembre pour finaliser la moisson le 6 septembre. “Ça s’est achevé dans la douleur au détriment de la qualité des grains“, estime Nicolas Foissey. Résultat, les grains ont été récoltés humide et tous les séchoirs de la région fonctionnent encore. Chez Unéal, le directeur céréales estime qu’ “environ 20 à 25 % de la récolte devra y passer.“
Côté rendements, il y a un gradient nord-sud. “Plus on va vers les zones du nord, les rendements diminuent. Dans le Nord-Pas de Calais, globalement, ils sont moyens voire mauvais dans certains secteurs“, précise le responsable de chez Carré. “Dans l’Avesnois, et l’ouest de la région, les rendements sont en baisse d’au moins 10 q/ha, alors que dans le Valenciennois et le Cambrésis, les rendements moyens sont de 88 q/ha avec une qualité plutôt préservée. Sur la zone du groupe Noriap-La Flandre, les rendements moyens sont de 80 q/ha, inférieurs à la moyenne quinquennale.
Pour la qualité, le raisonnement est identique avec une évolution selon la date de récolte. Avec les pluies abondantes, le PS des derniers grains récoltés avoisine les 68. En plus des PS bas, l’humidité des grains et le temps de chute d’Hagberg sont très mauvais. Dans certains lots, des problèmes de mycotoxines sont remarqués. Seuls certains cas où les blés étaient versés, les grains ont germé. Pour le reste, le manque de lumière et de chaleur a retardé la maturité des grains, ce qui les a empêché de germer.
Concernant les protéagineux tels que les pois et féveroles, les rendements sont décevants. “La pluie a tout gâché”, estiment les organismes stockeurs. En colza, “c’est très mauvais, avoue Jean Deray. Les rendements sont très variables et oscillent entre 10 et 35 q/ha. Les parcelles étaient sales, les grains récoltés humides et les plantes ont dû souffrir du gel printanier et du manque de chaleur cet été.” Même constat sur les secteurs que couvre Unéal. “Les grains sont plus petits, on aura moins d’huile.“
“Finalement, le mieux au niveau du rendement et de la qualité, c’était la récolte des escourgeons“, conclu Jean Deray. C’est toute la filière céréalière régionale qui a subi cette moisson et les conséquences se feront encore sentir. “Toutes les équipes des silos sont sur les rotules“, fait remarquer Nicolas Foissey.
Lucie Debuire