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“Maintenant que l’épidémie touche beaucoup plus de pays, l’impact du coronavirus sur la croissance française sera beaucoup plus significatif ». C’est une déclaration de Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, le 2 mars 2020.
Face à cette situation, le représentant du gouvernement s’est dit prêt à “débloquer ce qu’il faudra” pour venir en aide aux entreprises françaises. Il espère également “une action concertée” des pays européens. Dans les Hauts-de-France, en effet, territoire français où le coronavirus touche le plus de personnes à ce jour, certaines entreprises agricoles et agroalimentaires voient leurs activités bouleversées.
Invitation à ne pas se saluer entre collègues, port de masques de protection, limitation des trajets… Quelques sociétés de la région appliquent des mesures de sécurité pour éviter toute contamination par le coronavirus.
“Les entreprises doivent faire preuve de précaution, indique-t-on du côté d’Agro-sphères, association qui accompagne des acteurs agroalimentaires des Hauts-de-France dans leur développement. Pour le moment, nous n’avons pas connaissance d’arrêts de production mais les déplacements de collaborateurs sont limités. Particulièrement pour les entreprises qui ont des filiales en Chine ou à Singapour”.
On sait par ailleurs que l’unique train de fret entre la France et la Chine, qui relie Dourges (62) à Wuhan (Chine), est à l’arrêt depuis mi-février pour des raisons sanitaires. La Chambre régionale de commerce et d’industrie (CCI) se veut néanmoins rassurante. “Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact éventuel de l’épidémie sur l’activité », note Annabelle Grave, du service études.
Le ministère de l’Économie et des Finances fait savoir qu’il considérait le coronavirus “comme un cas de force majeure ». Ainsi, les entreprises ont la possibilité de recourir “à l’activité partielle ». Un “étalement des charges sociales et fiscales pour les entreprises qui en auront besoin”, est aussi envisageable a annoncé Bruno Le Maire.
Au niveau agricole, c’est surtout la filière porcine qui en pâtit. Les producteurs de porcs français ont réalisé en 2019 un record historique d’exportations avec l’Empire du milieu, pays où la peste porcine africaine (PPA) a durement touché les élevages.
“Nous avons exporté 170 000 t de porcs vers la Chine l’année dernière, contre 103 000 t en 2018, souligne Didier Delzescaux, directeur de l’interprofession Inaporc. Actuellement, la machine est grippée. En Chine, les ports maritimes tournent au ralenti avec les consignes de confinement soumises aux salariés, de même pour les chauffeurs de poids-lourds. Les flux commerciaux sont restreints mais la circulation commence à reprendre par endroit ».
En janvier 2020, les volumes de porcs exportés par la France vers la Chine se sont élevés à 7 000 t. Contre 22 000 t en novembre. Une baisse conséquente. Une trentaine d’entreprises françaises (abattage, découpe, charcuterie) sont susceptibles de subir des pertes économiques, selon Inaporc.
“Nous ne sommes pas concernés par ce ralentissement pour le moment, j’espère que cela va durer », assure Éric Bettens, directeur de la Cobévial, coopérative régionale de commerce de bovins et de porcs.
David Delerue, responsable du secteur bovin de la Cobévial, fait part de “quelques craintes pour le commerce de broutards avec l’Italie ». Un pays que le coronavirus n’a pas épargné non plus.
Un effet coronavirus qui devrait donc continuer à perturber les marchés durant les prochaines semaines.
Simon Playoult