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Débat : Pour ou contre les « méga-bassines »?

30-03-2023

Actualité

C’est tout frais

Les retenues d’eau de substitution dans les Deux-Sèvres font débat. Pourquoi ? Thierry Vatin, directeur général de l’agence de l’eau Artois-Picardie, et Gabriel Delory, président de l’association des irrigants du Nord-Pas de Calais donnent leur avis.

Les retenues d’eau font débat en ce moment, avec le projet de construction de 16 bassines dans les Deux-Sèvres, reliées aux nappes phréatiques. © stock.adobe – photo illustration

Les retenues d’eau de substitution, aussi appelées « méga-bassines » par leurs opposants. Elles ne sont pas nouvelles dans les Deux-Sèvres, département régulièrement victime de sécheresse.

Pourtant, le projet d’installation de 16 retenues d’eau, d’une capacité totale d’environ six millions de mètres cubes, à Sainte-Soline, fait débat depuis plusieurs semaines. De même que son autorisation de construction.

Si bien que samedi 25 mars, une manifestation d’ampleur a eu lieu sur le futur site d’installation. Elle était portée par le collectif « Bassines non merci », le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne.

Pour rappel, les retenues d’eau de substitution dont on parle dans les Deux-Sèvres sont des sortes de « piscines » reliées aux nappes phréatiques.

Le principe : pomper de l’eau en hiver, quand les nappes sont pleines, pour remplir la « piscine » et utiliser cette eau l’été pour arroser les cultures.

Thierry Vatin, directeur général de l’agence de l’eau Artois-Picardie, et Gabriel Delory, président de l’association des irrigants du Nord-Pas de Calais, nous donnent leur point de vue sur ces installations. 

Point de vue : Gabriel Delory, président de l’association des irrigants du Nord-Pas de Calais

Gabriel Delory. © D. R.

« Les retenues d’eau auraient une utilité d’autant plus si elles sont situées à proximité de la mer »

« Les retenues d’eau, c’est quelque chose qu’il faut penser en fonction des territoires. La problématique n’est pas la même entre le Nord-Pas de Calais et les Deux-Sèvres. Dans notre secteur fortement urbanisé, la bétonisation ne permet aucun stockage d’eau dans la nappe.

Les retenues d’eau auraient une utilité d’autant plus si elles sont situées à proximité de la mer, comme dans la zone des wateringues, entre Saint-Omer, Calais et Dunkerque, située sous le niveau de la mer, où chaque année des centaines de milliers d’euros sont dépensés pour évacuer de l’eau à la mer. Alors que ces volumes pourraient servir à d’autres usages comme l’irrigation, mais pas seulement, elle pourrait aussi servir au monde industriel qui n’a pas toujours besoin d’eau potable pour certaines activités.

Stocker de l’eau en période hivernale pour l’utiliser durant l’été permettrait un meilleur niveau d’étiage dans les cours d’eau puisqu’il y aurait moins de prélèvements dans le milieu. Il a aussi la possibilité du recyclage des eaux dites grises venant des stations d’épurations. Pourquoi sont-elles systématiquement rejetées dans les cours d’eau ou envoyées à la mer ? Cela n’a pas de sens ! La maîtrise de l’eau permet le maintien et le développement de nos civilisations. L’histoire démontre que toutes les civilisations millénaires qui ont perdu l’accès à l’eau ont fatalement disparu. »  

Point de vue : Thierry Vatin, directeur général de l’agence de l’eau Artois-Picardie

Thierry Vatin. © E.P.

« Cela ne peut être justifié que sous certaines conditions »

Pour Thierry Vatin, directeur général de l’agence de l’eau Artois-Picardie, une chose est à retenir.

« les agences de l’eau n’ont pas une position dogmatique sur la question des retenues d’eau. » Pour lui, les retenues d’eau peuvent se justifier mais sous certaines conditions.

Tout d’abord, il faut que l’eau retenue soit le fruit d’un surplus.

« On le fait depuis des siècles dans les montagnes, par exemple, avec les barrages. » Ensuite, il faut que cette réserve soit collective.

Enfin, l’eau retenue doit avoir de multiples usages. Ainsi « en période de sécheresse servir à la population en cas de manque d’eau potable, aux industriels et aux agriculteurs ». 

Aussi, les retenues d’eau peuvent être mises en place si elles remplissent ces conditions. Mais pour cela, il faut déjà qu’il y ait de l’eau. Or, pour rappel, les bassines de Sainte-Soline iront la puiser dans les nappes. « Mais pour cela, il faut qu’il y ait de l’eau dans les nappes. Actuellement, on estime que 80 % des nappes françaises sont insuffisamment rechargées. Il n’y a pas de surplus. »

Pour lui, cela reviendrait donc à « préempter de l’eau des nappes pour la mettre à la surface, sans s’occuper de savoir si elle va pouvoir servir aux autres usages. Il faut penser au partage de l’eau si on veut éviter une guerre de l’eau. » En Espagne par exemple, « le modèle des bassines a été très utilisé. Ils en reviennent car il n’y a plus d’eau pour les remplir, tout simplement ».

« On va vers des périodes où on aura moins d’eau en général. Donc les retenues d’eau seront de moins en moins justifiées.

Il va donc falloir revoir les modèles et se projeter à long terme pour prendre en compte les effets du changement climatique. » 

Hélène Grafeuille Et Eglantine Puel

Lire aussi : Débat sur l’eau et l’agriculture : quelle envie ?

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