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En s’incrustant vendredi 12 mai sur la photo de l’annonce par le Taïwanais ProLogium Industry de l’implantation d’une méga usine de batteries électriques (la deuxième sur le territoire dunkerquois avec Verkor) et en faisant un bain de foule sous cocon, Emmanuel Macron a incarné sa France qui avance.
À Dunkerque, pas de casseroles en vue – le centre-ville était sous cloche et les manifestants relégués bien loin des caméras – ; pas question de parler réforme des retraites ni même de celle du RSA.
Le programme, le périmètre et le casting étaient bouclés et la cohorte présidentielle tranquille pour faire valoir l’efficacité de sa politique industrielle.
Dans ce contexte, ils sont nombreux à avoir fait leur apparition au générique derrière leur Président : Gérald Darmanin (Intérieur), Bruno Le Maire (Économie), Roland Lescure (Industrie), Olivier Becht (Commerce extérieur) et Agnès Pannier-Runacher (Transition énergique).
Dunkerque donc, étape 2 sur 3 de la partition “réindustrialisation” jouée par un Emmanuel Macron qui n’avait pas autant pris la parole depuis longtemps. Dunkerque, ville historiquement tournée vers son port et son industrie, qui a souffert comme d’autres bassins de la désindustrialisation et connu la disparition de plus de 6 000 emplois directs ces 20 dernières années.
Mais aussi Dunkerque, ” laboratoire de toutes les transitions “, formule la communauté urbaine (CUD) qui rappelle l’engagement, ” depuis 2014 (date de l’élection de Patrice Vergriete, ndlr), dans une stratégie de décarbonation de son modèle industriel et le développement de nouvelles filières “.
Un engagement ” notamment incarné par le “Collectif CO2” mis en place par la communauté urbaine avec la chambre de commerce et d’industrie et le grand port maritime. Objectif : réduire de 30 % les émissions de CO2 en 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce plan d’action est reconnu et soutenu tant par l’État que la Commission européenne dans le cadre des programmes “Territoire d’innovation”, “France 2030”, Zibac (zones d’industries bas carbone, lire aussi notre édition du 20 janvier) et Climate city contract. “
Car cette industrie-là, celle des nouveaux processus, des nouvelles technologies, incarne ce qu’Emmanuel Macron nomme ” l’industrie verte “. Dans les Hauts-de-France, et en particulier dans le Nord-Pas de Calais, c’est vers la production de batteries pour voitures électriques que s’écrit l’avenir de l’industrie (quatre usines déjà annoncées) quand d’autres territoires se spécialisent, par exemple, dans la production de panneaux solaires, c’est le cas de la Moselle.
Dans le Dunkerquois, l’implantation de la start-up française Verkor (qui annonce un gros partenariat avec Renault) promettait déjà la création de 2 000 emplois directs à l’horizon 2026. Celle du Taïwanais ProLogium industry, officialisée vendredi 12, en ajoute 3 000 autres à l’horizon 2030 pour un investissement de 5 milliards d’euros.
” (Cette) décision est une nouvelle victoire pour notre territoire, qui conforte un peu plus encore notre stratégie de décarbonation de l’économie “, saluait Patrice Vergriete en fin de journée vendredi, n’oubliant pas de partager cette victoire avec le grand port maritime de Dunkerque (GPMD) et le Gouvernement, dont l’ancien socialiste partage beaucoup de valeurs, bien qu’il promette d’avoir la liberté de ceux qui ne sont pas encartés.
Le maire de Dunkerque et président de la communauté urbaine de Dunkerque liste quelques-uns des ingrédients de cette réussite : “Réseau de chaleur, mix énergétique bas carbone, réserves foncières, aménagement de zones clés en main, développement d’une toile industrielle locale tournée vers l’innovation et l’économie circulaire : la petite longueur d’avance que nous avons prise sur tous ces points fait aujourd’hui l’attractivité et la compétitivité internationale retrouvées de notre territoire.“
Une bonne nouvelle pour le Dunkerquois et l’ensemble du territoire régional et des questions aussi : sur le recrutement et la formation, sur l’impact environnemental de ces usines aussi et le trafic routier induit. Et sur l’avenir de celles qu’on ne vient pas visiter en grande pompe, qui vivent ou survivent tant bien que mal. Et qui ferment parfois : Tereos, Buitoni, Valdunes… la liste est longue, mais pas au générique. Moins photogéniques c’est certain. Ce sera pour une prochaine fois. Ou pas.
Justine Demade Pellorce
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