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La fédération nationale bovine (FNB) a appelé les producteurs, le 15 avril 2020, à retenir au maximum les animaux dans leurs exploitations. La ligne de conduite a été relayée par les fédérations départementale et régionale.
« Bien sûr nous gardons notre discernement, précise Christophe Hochedé, administrateur de la FNB au niveau régional. Garder des animaux à maturité dans ses bâtiments a un coût. Chaque élevage a ses problématiques de trésorerie, de fourniture d’aliments. Nous savons que tout le monde ne pourra pas suivre. » Qu’importe, il s’agit cette fois de faire masse et d’interpeller les pouvoirs publics.
À la suite des décisions prises lors des états généraux de l’alimentation, la filière bovine viande s’est organisée afin de prévoir une montée en gamme. Les dossiers de labels rouges et autres filières de qualité commençaient à être prêts. Mais le coronavirus a désorganisé le calendrier. « Certains éleveurs attendent une visite des organismes certificateurs pour pouvoir valoriser leurs productions », raconte-t-il.
Autre pépin, la prise en compte du coût de production dans les achats de viande, prévue par la loi EGAlim mais pas toujours respectée. « Une partie de mon élevage est contractualisé sur la base des indicateurs de coûts de production, reconnaît l’administrateur. Mais cela ne concerne que quelques têtes de mon troupeau. C’était tout de même bien parti. » Mais la crise sanitaire a tout stoppé. Et le contraire s’est même produit : les prix ont été revus à la baisse. « Pour les jeunes bovins par exemple, les prix ont diminué de 20 centimes depuis le début du confinement », illustre Christophe Hochedé.
Le but de cette démonstration est également de ne pas engorger le marché et jouer sur les prix. Il faut le dire, avec le confinement, le marché de la viande a été perturbé. Avec la fermeture des lieux de restauration hors domicile, les industriels se sont retrouvés avec des morceaux invendus : filets, entrecôte et côte à l’os, principalement consommés dans les restaurants.
« Cela a déséquilibré le marché, j’en conviens, mais ce n’est pas à nous, producteurs, d’en pâtir, ajoute l’administrateur de la FNB. Ces morceaux ont été stockés. Depuis une semaine, ils sont de nouveau consommés et le marché est revenu à l’équilibre. » Pourtant, les prix ne sont pas repartis à la hausse, ni même maintenus.
Ne pas engorger le marché est donc crucial pour les producteurs de viande bovine. « Si nous ne le faisons pas aujourd’hui, on va le payer très cher plus tard, décrit Christophe Hocheré. De plus, il n’est pas normal que nos coûts de production ne soient pas pris en compte lors des ventes. »
Selon lui, il en va de l’indépendance alimentaire de la France. Si les prix ne se maintiennent pas, les éleveurs risquent d’abandonner la filière et la France d’importer encore plus de viande. Un non-sens quand on sait que quelques jours plus tôt, Emmanuel Macron parlait de relocaliser la production. Un non-sens quand on voit aujourd’hui les conséquences des excès de la mondialisation.
Lucie Debuire