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La cryptosporidiose. Derrière ce nom plutôt compliqué à prononcer se cache une maladie bien connue des éleveurs. Due à un parasite, le cryptosporidium, cette maladie est très courante dans les élevages bovins. Elle se transmet principalement par l’eau et entraîne une mortalité élevée notamment chez les veaux.
« Cela se traduit par une déshydratation majeure pouvant aller jusqu’à la mort de l’animal, indique Jérôme Follet, enseignant-chercheur à l’école d’ingénieurs Junia et qui étudie le cryptosporidium depuis une vingtaine d’années. Ce parasite est le deuxième agent majeur de diarrhées dans les élevages bovins. »
Et il n’existe aujourd’hui aucune parade à la cryptosporidiose.
« On a ni traitement ni vaccin qui ne fonctionne vraiment bien. Il y a beaucoup de recherches, mais si les molécules fonctionnent en labo, elles ne fonctionnent pas ensuite. »
Et c’est préjudiciable, pour la santé animale dans un premier temps et pour les éleveurs dans un second temps car ces diarrhées entraînent des coûts de vétérinaire et causent des retards de croissance chez les veaux.
Mais la cryptosporidiose n’est pas seulement un danger pour les animaux d’élevage (chèvres, agneaux ou encore volailles peuvent également être touchés) car c’est ce que l’on appelle une maladie zoonotique, « c’est-à-dire que ce parasite touche également l’humain et se transmet dans les deux sens : de l’animal à l’homme, et de l’homme à l’animal ».
Chez l’humain, la maladie affecte particulièrement les populations les plus jeunes et les plus âgées dont le système immunitaire est plus faible.
Elle ressemble « à une très grosse gastro » mais peut avoir des conséquences dramatiques. Chaque année, 200 000 décès lui seraient imputés, surtout chez les très jeunes enfants en Afrique et en Asie, particulièrement à cause du manque de traitement sanitaire de l’eau.
Une nouvelle preuve de l’interaction entre humains et animaux.
« C’est le principe du »One health« , éclaire Jérôme Follet. Se dire qu’on ne peut plus aujourd’hui décorréler la santé humaine de la santé de l’environnement. »
C’est dans ce contexte qu’a été lancé en 2019 le projet H4DC, pour Health for Dairy Cows. Un projet financé à hauteur de 3,4 millions d’euros par le programme européen Interreg des 2 Mers qui regroupe l’école d’ingénieurs Junia et des partenaires belges, néerlandais et anglais.
Le défi ? Étudier d’abord la présence du parasite dans les élevages et appréhender les facteurs de risques et leur contrôle pour réduire la contamination entre animaux dans une cinquantaine de fermes pilotes, dont une quinzaine en Hauts-de-France et une vingtaine en Belgique et aux Pays-Bas.
« Toutes les fermes étudiées ont été positives à un moment ou à un autre, ce qui prouve que c’est une maladie très courante. »
Alors, comment diminuer les risques et la présence du parasite ? C’est sur cette question que portait le premier volet de l’étude.
« On a souhaité une forte implication des éleveurs pour être dans une forme de réalisme car il ne faut pas que les préconisations soient des contraintes supplémentaires, explique Jérôme Follet. On a organisé des rencontres et on a réalisé une étude d’impact économique pour répondre à la question : qu’est-ce que ça coûte d’avoir la cryptosporidiose chez vous ? Pour éclairer sur les bénéfices sanitaires et financiers. »
Les trois ans de travaux ont ainsi accouché d’un guide de bonnes pratiques à destination des éleveurs (voir l’encadré ci-dessous).
L’objectif : réduire de moitié la mortalité des veaux grâce aux approches préventives et donc réduire l’impact économique associé.
Mais ce n’est pas tout, car le projet contenait un deuxième volet : le développement d’outils innovants pour faire avancer la recherche face à la cryptosporidiose.
Et il a porté ses fruits avec le développement de deux méthodes qui pourrait bouleverser la recherche dans le domaine.
Le premier est un test d’analyse automatisé en fabriquant des microsystèmes électroniques.
Il s’agit d’utiliser les cellules humaines comme détecteur vivant et d’analyser la réaction des cellules face au parasite et une molécule test pour déterminer si cette dernière pourrait être ou non un médicament possible.
« Une approche électronique très originale et quelque chose qui n’a jamais été réalisé ! »
Le deuxième outil est une méthode de comptage de parasite s’appuyant sur l’intelligence artificielle, là où celle-ci se fait jusqu’à présent de façon manuelle.
Un gain de temps considérable selon l’enseignant-chercheur pour qui cette « méthode novatrice » est une véritable innovation méthodologique tout à fait transposable à d’autres recherches scientifiques et médicales.
Plusieurs laboratoires pharmaceutiques observent d’ailleurs de près les travaux des chercheurs. Preuve que la recherche avance.
Le guide rédigé par les chercheurs contient plusieurs préconisations à mettre en place pour limiter les risques de contamination.
Parmi les plus importantes, citons la gestion de l’aire de vêlage car c’est le premier lieu de contamination potentielle pour le veau, très vulnérable aux pathogènes.
Idéalement, le vêlage doit toujours avoir lieu dans une case individuelle dédiée et doit être le plus propre possible. Aussi, l’aire de vêlage ne doit jamais être utilisée comme infirmerie.
Premier aliment du veau, le colostrum est à ne surtout pas négliger et il est très important que les veaux reçoivent une quantité suffisante de colostrum de bonne qualité.
Le guide donne des données sur le moment, le mode ou sa température de distribution.
Gestion du logement des veaux, nutrition, vaccination, gestion des animaux malades… Tous les conseils sont à retrouver dans le guide.
Kévin Saroul
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