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L’objectif de cette manifestation : attirer l’attention de l’État après les dégâts causés par les tempêtes Eunice et Franklin qui se sont abattues sur la région en février. Une réunion de crise s’est tenue autour de Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la Région Hauts-de-France en charge de l’agriculture.
Au concours de créativité des slogans revendicatifs, les maraîchers ont remporté le premier prix. Sur les lambeaux des bâches en plastique qui recouvraient leurs serres et protégeaient leurs cultures, ils ont fait preuve d’imagination, voire de poésie, malgré le désespoir qui les guette : « Notre métier, c’est pas du vent », « Sous la serre, la colère », « De l’oseille pour les épinards », « Maraîchers en détresse, Julien (Denormandie, ministre de l’Agriculture, ndlr), passe à la caisse ».
Mais plus qu’un premier prix de la poésie, c’est le soutien de l’État qu’ils sont venus réclamer à cor et à cris, comme l’explique Justine Bertoux, maraîchère à Audembert (62), élue de la Confédération paysanne, à l’origine de la mobilisation en compagnie d’Initiatives Paysannes, du CIVAM, de Bio en Hauts-de-France et du réseau des AMAP Hauts-de-France : « À cause de la tempête Eunice (le 18 février, ndlr) environ deux cents maraîchers des Hauts-de-France ont perdu des surfaces sous serre, soit au minimum 100 000 mètres carrés de serre détruits. » Une tempête qui a été l’événement climatique de trop, selon elle : « Le maraîchage est en grande difficulté et nous sommes là pour réclamer de l’aide avant qu’on ne dépose le bilan. » Des difficultés que Justine Bertoux liste : « Baisse des ventes qui se ressent partout dans le monde agricole, de l’ordre de 10 à 30%. On avait déjà des exploitations très fragiles surtout qu’en maraîchage diversifié, nous n’avons pas d’aides PAC. » Avant de conclure : « Avec la perte des serres, nous n’avons pas les moyens de réinvestir, nous avons perdu notre principal outil de production car la production sous serre représente entre 60 et 75% de notre chiffre d’affaires. Sans ça, on ne peut pas remonter la pente. On était déjà bien bas, ça paraît impossible. À titre personnel, sans aides de l’État, j’arrête en décembre ».
Revendications inchangées
Depuis leur conférence de presse, le 18 mars à Bondues , les revendications des maraîchers sont connues : prise en charge par l’Etat des cotisations MSA pour l’année 2022, déclenchement d’un fonds d’urgence permettant l’octroi d’une aide financière de 15 000 euros par actif non salarié, sur le modèle des aides accordées par le préfet après le gel de 2021. Sans oublier le versement anticipé des primes PAC via les fonds de l’État. Enfin, la mise en place d’un diagnostic et d’un appui technique destinés aux maraîchers, leur permettant de s’adapter aux dérèglements climatiques.
Or, à ce jour, l’État fait toujours la sourde oreille, d’où le sentiment d’une deux poids deux mesures. « 24 heures après l’épisode de gel qui a frappé les arboriculteurs la semaine dernière, le Premier ministre annonçait la reconnaissance de l’épisode en calamité agricole et la création d’un fonds d’urgence de 20 millions d’euros. Nous, ça fait un mois et demi qu’on réclame 3 millions et nous n’avons aucun retour. »
D’où la grande banderole déployée en tête du cortège sur laquelle on lisait : « Maraîchers sans serre, les oubliés du ministère. » La troupe s’est ébranlée au son du Chant des partisans, hymne bien guerrier pour une manifestation très bon enfant et pacifique. Preuve du bon esprit qui animait les maraîchers, ils ont remercié Éric Bocquet, sénateur du Nord, présent à leurs côtés depuis le début de la crise et fait applaudir Marie-Sophie Lesne, vice-présidente des Hauts-de-France en charge de l’agriculture sur le parvis de l’Hôtel de Région. Une délégation a ensuite participé à la réunion de crise autour de Marie-Sophie Lesne.
Hervé Vaughan