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Mardi 27 février, le Département du Nord inaugurait son stand au Salon international de l’agriculture (SIA), porte de Versailles. Depuis 18 ans, la vitrine du Nord est positionnée dans le hall dédié à l’élevage, « au cul des vaches » – pour citer Christian Poiret, président du conseil général du Nord – afin de parler de l’élevage et des races locales.
Première annonce et pas des moindres : le Département du Nord se greffe au dispositif régional Pass’Agri filières et l’alimentera de 200 000 euros par an. « Ce dispositif aide les agriculteurs pour réaliser de “petits” investissements qui souvent, leur permettent de passer un cap dans l’approvisionnement local (par exemple en automatisant le remplissage de pots de yaourt, tout simplement) », décrit Patrick Valois, vice-président en charge de la ruralité et de l’environnement au conseil général du Nord.
En plus de cette annonce concrète, une idée a germé le matin même lors du petit-déjeuner organisé par le Nord avec les éleveurs, celle d’un « pool départemental pour faciliter les démarches administratives des éleveurs. En fait, on veut créer une agence iNord Agri », ajoute Christian Poiret. Pour rappel, en 2017, le Département a créé l’agence iNord, un établissement public administratif qui apporte aux communes et intercommunalités un appui en ingénierie pour le montage de leurs projets. « L’idée est de faire cela mais pour les agriculteurs, pour les aider à aller chercher des subventions et aides aux niveaux national et européen. »
Le Département a également organisé ce mardi une conférence sur « L’importance de l’élevage et ses atouts face au changement climatique ». Une conférence dont l’axe était très clair : tordre le cou aux idées reçues sur l’élevage.
« Oui l’élevage est émetteur de gaz à effet de serre (GES) mais il est nécessaire d’avoir une approche multicritère sur le sujet », débute Mathieu Velghe de l’Idele. Pour lui, l’élevage rend tout un tas de services à la population et à l’environnement. D’abord, la production de viande rouge et de produits laitiers, « qui ont de nombreux atouts nutritionnels ». Ensuite, la production d’énergie via le solaire, le biogaz ou le bois énergie. « Un quart de la production d’énergies renouvelables vient du secteur agricole », affirme Mathieu Velghe.
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Mais surtout, c’est grâce aux prairies que l’élevage aurait un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique. En contribuant au maintien des prairies permanentes, l’élevage permet aussi un maintien des paysages diversifiés « déterminant pour la biodiversité », poursuit Mathieu Velghe. Déterminant pour la biodiversité mais aussi et surtout, les prairies permanentes permettent de stocker du carbone. « Sous une prairie, on trouve 80 à 90 tonnes de carbone*, c’est l’équivalent d’une forêt, avance-t-il. C’est pourquoi ce sont des surfaces à préserver et à ne surtout pas retourner. Et ça, l’élevage le permet. »
Cela étant dit, Mathieu Velghe le reconnaît aussi, « la filière a des défis à relever pour tendre vers la neutralité carbone. Notamment en génétique pour aller vers plus d’efficience alimentaire, vers une réduction des émissions de méthane ; mais aussi en termes d’additifs, de gestion des déjections et de la fertilisation. »
Pour ce qui est de la génétique, la piste des races locales est toujours en trame de fond. « Ce sont des races rustiques, très adaptées au pâturage et qui ont donc une bonne efficience alimentaire. De ce fait, et par le fait que les races locales permettent un maintien des prairies, elles contribuent à la lutte contre le changement climatique », acquiesce Gilles Druet, président de la Maison de l’élevage du Nord.
Des races locales largement mises en avant par le Département qui organisait, sur le petit ring, une remise de prix à différents éleveurs, pour chaque race locale : mouton du Boulonnais, trait du Nord, trait du Boulonnais, vaches blanc bleu, bleue du Nord et rouge flamande.
Le salon a aussi été l’occasion pour le Département de réaffirmer son soutien aux agriculteurs. « Nous apportons notre pierre à l’édifice en consacrant 1,3 million d’euros à l’agriculture chaque année, alors même que nous n’y sommes pas obligés. Mais je crois que c’est à vous (ndlr : les agriculteurs) de reprendre la main dans les débats où on fait peut-être un peu trop de politique. Il est temps de faire du concret », a martelé Christian Poiret.
Dans les rangs, une certaine ferveur, loin de la colère des dernières semaines. Face au témoignage d’un éleveur inscrit dans une démarche bas carbone, Christian Durlin, président de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais ajoute : « Le fait de s’intéresser à la question “comment je peux réduire mon empreinte carbone” montre bien que les éleveurs sont sensibles sur le sujet, contrairement au discours ambiant ».
115 000 : c’est le nombre d’analyses réalisées chaque année par le laboratoire départemental pour les éleveurs du Nord.
3,8 millions d’euros : c’est le montant injecté pour les filières locales par le Département, dont 1,5 million d’euros sur la viande en 2022.
63 % : c’est ce que représentent les surfaces agricoles sur le département.
124 : c’est le nombre de collèges labellisés « Et si je mange local ».
Eglantine Puel