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Sur la couverture de son rapport de 88 pages intitulé « Identification et accompagnement des agriculteurs en difficulté et prévention du suicide », le député Olivier Damaisin (LREM, Lot-et-Garonne) a pris soin d’écrire : « Les 4 R à méditer : repos, recul, réseau, rebond ». Ce moyen mnémotechnique ne suffira sans doute pas à éradiquer totalement ce qui constitue la troisième cause de mortalité dans le milieu agricole après les cancers et les maladies cardiovasculaires : le suicide.
Les causes du passage à l’acte sont connues et multiples, concentrant sur une seule personne de nombreux facteurs : l’isolement, l’absence de perspectives en vue de la transmission. Mais aussi la concurrence et l’instabilité sur les marchés induisant des baisses de revenus, la difficulté à anticiper les orientations, l’endettement, la complexité des démarches administratives, les mises aux normes et leurs investissements, les aléas climatiques, les crises sanitaires, les agressions dans les exploitations,…
Quand la pression devient trop forte et que le sentiment d’échec et le désespoir emportent tout, l’irréparable se commet. C’est environ un agriculteur qui se suicide par jour.
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Pour prévenir ce mal-être, le député du Lot-et-Garonne, qui a lui-même été confronté à un agriculteur au bord du gouffre, propose sept recommandations détaillées en 29 actions. Parmi les principales, il faut retenir la mise en place d’un « référent départemental » qui pourra s’appuyer sur les plateformes d’écoute dédiées au mal être et au risque suicidaire mais aussi sur un vaste réseau d’acteurs locaux : syndicats, Chambre d’agriculture, vétérinaires, fournisseurs etc.
Conscient que les difficultés financières constituent un facteur aggravant, Olivier Damaisin insiste sur la nécessité d’accompagner les agriculteurs en difficulté. À ce titre, il suggère que les Safer notamment puissent racheter des parcelles afin de soulager les agriculteurs du poids de l’endettement. L’agriculteur pourrait continuer à les cultiver moyennant un bail avec option d’achat, le libérant d’un certain poids psychologique.
Le rapport insiste aussi sur la nécessité de prévenir le suicide et de sensibiliser les futurs agriculteurs à la prévention des risques, notamment par la mise en place d’un tutorat : accompagner le jeune agriculteur installé, par un agriculteur expérimenté, indique le rapport.
« Le ministère chargé de l’agriculture pourrait renforcer cet aspect dans les programmes de formation initiale », ajoute-t-il. Le député préconise aussi de « former les agents publics et les conseillers à l’accueil et à l’écoute personnalisés des agriculteurs pour traiter les situations difficiles » et de « doter les services de l’État et les Chambres d’agriculture des moyens nécessaires à l’accompagnement des agriculteurs en difficulté face aux procédures administratives ».
Enfin, face à la situation d’épuisement professionnel ou « burn-out », il demande que l’État donne les moyens à la MSA de poursuivre son acte d’aide au répit pour permettre aux agriculteurs de souffler et de prendre soin d’eux.
Pour contacter la cellule de prévention des situations de fragilités de la MSA Nord-Pas de Calais : 03 21 24 72 68 ou par mail à cellulefragilites.blf@msa59-62.msa.fr