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En Lorraine, le projet DEFI-Laine trouve ses sources dans une réflexion similaire au projet du Parc naturel régional des caps et marais d’Opale.
Que faire d’une laine qui ne se vend plus qu’une bouchée de pain ?
Nous sommes alors en 2017. « L’idée était simple, c’était d’essayer de trouver de nouveaux débouchés », explique Jean-Marc Gaulard, chargé de mission au Parc naturel régional de Lorraine.
Avec d’autres, il fait très vite un premier constat.
« Nous avons des laines de qualité sur notre territoire avec deux races de mouton reconnues pour leur laine, Texel et Suffolk. Leur laine est très gonflante, ce qui fait qu’elle est très performante pour l’isolation. À partir de là, on a souhaité aller tout de suite dans le concret. »
D’abord, l’ensemble des acteurs réunis autour de ce projet européen font fabriquer des prototypes.
« On a travaillé avec un centre d’études et de recherches à Épinal, dans les Vosges », terre historique du textile français.
De cette première étape naissent deux prototypes d’isolants. Un panneau isolant principalement utilisé en isolation pour les parois intérieures ou sous-plancher. Et un autre isolant, « de flocons de laine qu’on souffle dans les combles ». Deux prototypes qui vont faire leur preuve : « On a ensuite cherché des bâtiments témoins pilotes qui ont essayé d’isoler parois et combles avec cette laine. »
Une première salle des fêtes est isolée dans le petit village de Mandres-aux-Quatre-Tours, en Meurthe-et-Moselle en 2019.
« On a fait une étude thermique et acoustique du bâtiment » et les tests se sont avérés concluants selon le chargé de mission. « De fil en aiguille, ça a bien fonctionné. D’autres collectivités étaient partantes et on a créé une coopérative qui s’appelle Mos-Laine. Aujourd’hui, c’est elle qui distribue et qui commercialise les isolants. »
Cette coopérative propose les deux premiers isolants testés, les panneaux et le vrac.
Elle propose également du paillage pour les cultures et espaces verts. Et elle a commencé la production d’un feutre de laine qui peut être utilisé dans les secteurs de la mode, de la décoration, du design ou comme solution d’isolation acoustique et d’insonorisation. Une production délocalisée en partie jusqu’à présent, mais pas pour longtemps, car la coopérative va se développer dans les mois à venir. « Une usine est en cours de création dans une friche industrielle en réhabilitation », continue Jean-Marc Gaulard. L’ancienne usine de fabrication des chaussures Bata, à Bataville en Lorraine, « un lieu qui employait à une certaine époque plus de 2 000 personnes » mais qui a fermé boutique en 2001. Un véritable outil industriel et un projet à 4 millions d’euros.
Un petit succès qui a vocation à rester entre les mains des éleveurs.
« C’est la philosophie du projet. Aujourd’hui, on a une centaine d’éleveurs qui sont coopérateurs. » Le prix de rachat s’inscrit dans cette même idée. «
On est assez transparents, le prix de rachat est garanti dans les statuts de la coopérative. Il est de 2,50 euros le kilo. Ça va dépendre aussi de la qualité, mais quelque part, c’est payer les gens normalement. Le prix, c’est celui-là. Et ça motive les éleveurs. »
Selon Jean-Marc Gaulard, un certain nombre de collectivités suivent le mouvement comme le Département de la Moselle, des communautés de communes.
Des architectes, négociants et vendeurs spécialisés sont également intéressés.
Alors, quels objectifs se fixer maintenant ?
« Il faut qu’on arrive au même niveau que les autres isolants naturels comme la fibre de bois », répond Jean-Marc Gaulard, conscient que les isolants en laine de mouton sont loin de rivaliser avec la laine de verre, « l’alpha et l’omega dans le bâtiment ». Il continue : « Aujourd’hui, la production est encore semi-artisanale. L’objectif d’industrialiser le processus est de diminuer les coûts. Mais on ne pourra pas concurrencer des entreprises de cette taille. Franchement, si on arrive déjà à valoriser la laine locale… On reste modeste. »
Kévin Saroul
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