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Alexis Toussaere a trouvé sa voie et il s’y plaît. Cette voie, c’est celle de l’enseignement qu’il pratique en tant que professeur et coordinateur de BTS Acse (Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole) à l’Institut agricole d’Hazebrouck. « Je m’imaginais pourquoi pas terminer prof, en me nourrissant d’expériences professionnelles, explique-t-il. Mais pas de sitôt ! »
Celui qui est aujourd’hui installé à Aire-sur-la-Lys est originaire des Flandres et de Blaringhem. « Je suis petit-fils et neveu d’éleveur laitier. De l’autre côté, mon grand-père était maréchal-ferrant ! Et mon père travaillait dans la mécanique agricole. » À leurs côtés, il a grandi et s’est construit au contact du monde agricole et rural : « J’ai toujours été passionné par les animaux. Mon grand-père avait des moutons et des abeilles. J’ai eu deux Flamandes pour ma communion ! » Alors, après son baccalauréat généraliste, le jeune homme a d’abord pensé à se tourner vers le métier de vétérinaire. Avant de changer d’avis lors d’une visite de l’ISA (Institut supérieur d’agriculture) à Lille. Là-bas, il découvre les multiples possibilités qu’offrent les études d’ingénieur agricole et l’accessibilité du terrain. « Dans ma tête, j’avais aussi cette idée de notre génération de ne pas faire le même métier toute ma vie. » L’avenir lui confirmera cette intuition !
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Diplômé de l’ISA en 2014, il termine ses études par une alternance dans une entreprise de nutrition animale. Mais le côté vente de son métier ne lui convient pas, alors, il cherche autre chose. Il intègre et découvre pour la première fois l’enseignement à l’Institut agricole d’Hazebrouck à l’occasion d’un remplacement. « Ça se passe très bien ! » Mathématiques, droit rural ou encore production animale au niveau des matières. Terminales, bacs pros agricoles au niveau des élèves… Le jeune Flamand touche à tout ! Une expérience fondatrice mais qui se termine rapidement au bout de trois mois seulement. Il enchaîne alors avec une expérience à la FDSEA du Nord pendant deux années et un poste d’ingénieur projets circuits de proximité pour les associations Le Porc des Hauts Pays, Le Porc d’Antan et Éleveurs des Plaines et des Beffrois durant près de trois ans. Ces deux expériences lui permettent de se faire un réseau et de creuser sa connaissance du monde agricole. Mais… arrive finalement l’année 2020 !
« Je suis tombé sur une offre au CFA de Lesquin, se souvient-il. Un poste était vacant pour être coordinateur et formateur de BTS Acse. » Alexis Toussaere a envie, une nouvelle fois, de goûter à l’enseignement après sa première expérience. Alors il tente sa chance et obtient le poste. « J’ai découvert l’apprentissage en tant que tel. Des profils différents de la formation initiale. » Pendant un an, le jeune enseignant et formateur s’éclate et apprend lui aussi : « J’ai découvert la pédagogique active. Les collègues m’ont beaucoup aidé. »
Là-bas, et maintenant à l’Institut d’Hazebrouck, Alexis Toussaere va petit à petit devenir un enseignant à part entière… ou presque ! « Dans ma manière d’enseigner, je me vois plutôt comme un coach pour les jeunes », avance le Nordiste.
« J’ai des notions, je connais les référentiels. Mais au-delà, c’est aussi comment faire réfléchir l’apprenant afin qu’il trouve les bonnes informations, continue-t-il. Maintenant, on n’est plus le sachant qui délivre l’information. Maintenant, on trouve l’information de partout ! » Revenu au berceau, dans les Flandres, Alexis Toussaere est depuis 2021 professeur de zootechnie et coordinateur du BTS Acse à l’institut hazebrouckois. Il apprécie le contexte dans lequel il travaille, le public des apprenants d’abord : « Des jeunes qui veulent travailler dans l’agricole, dans le monde rural. » Et puis l’équipe enseignante, « qui travaille dans un esprit de multidisciplinarité ».
Alexis Toussaere s’épanouit ainsi dans sa profession. Un aspect de son enseignement est fondamental pour lui : donner du sens, faire du lien. « C’est intéressant de voir les complémentarités entre les disciplines, mais aussi entre les productions, entre l’animal et le végétal, et la compétition avec l’énergie. » L’enseignant doit simplement donner des pistes, donner les clés aux élèves, afin que les élèves puissent trouver le modèle qui leur convient. Il se voit avant tout comme un soutien aux élèves pour qu’ils puissent franchir des étapes, mais aussi s’ouvrir, autant personnellement que professionnellement.
L’essentiel est aussi de pousser les élèves à aller voir autre chose, notamment avec des stages en extérieur, hors des fermes familiales. Aller par exemple à l’étranger, comme en Irlande où quatre élèves de son BTS sont déjà partis en stage. Tout cela pour travailler à une ouverture d’esprit aussi nécessaire que difficile à acquérir : « Ce n’est pas marteler, c’est semer, conclut Alexis Toussaere. Et peut-être que ça va germer dans quelques années ! »
© Kévin Saroul