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Une buteuse à planche et un rolo flex sont sortis de l’atelier installé au centre de formation professionnelle et de promotion agricole de Lomme (59). En deux semaines, les apprentis de la formation Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole en maraichage bio, ont conçu ces deux outils de travail du sol pour les exploitations maraîchères.
Ce module optionnel de deux semaines était proposé en partenariat avec l’Atelier paysan. Cette association propose des formations aux agriculteurs, en équipes, pour fabriquer des outils, principalement destinés au maraîchage. Les ingénieurs et techniciens de l’association mettent aussi à disposition des plans libres de droits pour permettre aux agriculteurs de fabriquer eux-mêmes leurs outils. L’Atelier paysan ne se cantonne pas à la fabrication de machines, il aide aussi à la fabrication de petits outils, de bâtiments et même d’un four à pain.
Alexandra, Clément et Kévin nous parlent de leur ressenti à l’issue de ces deux semaines, enfermés dans l’atelier du lycée.
“Je suis très satisfaite de ces deux semaines de formation, annonce Alexandra. Cela a confirmé mes attentes. Je n’y connaissais rien et maintenant je suis beaucoup plus à l’aise avec la mécanique, je sais que je peux réussir à faire quelques soudures ou bricoler quelques outils, assure l’ingénieure environnement en reconversion professionnelle. En tout cas, je n’aurai jamais cru que j’étais capable de faire cela. Je n’ai plus d’appréhension et je sais que je pourrai emprunter du matériel sans avoir peur de l’abîmer.”
Une formation qui lui permettra de construire des outils à l’avenir ? “Peut-être pas, mais si un jour je dois acheter un matériel, j’étudierai l’option avant d’investir. Si je le fais, ce sera avec l’Atelier paysan. Avec les plans libres de droit, je connais la liste de matériaux dont j’ai besoin, et je n’ai pas besoin de faire de calculs.“
“J’ai toujours bricolé, mais je n’avais jamais construit de matériel, c’est satisfaisant de faire quelque chose de ses mains, reconnaît Clément, futur maraîcher. Avec l’atelier paysan, c’est pratique, on peut adapter l’outil à notre exploitation. La formation va nous permettre de gagner du temps, en cas de panne ou de casse.“
“Le fait de savoir bricoler va nous permettre d’être plus autonomes sur nos exploitations, assure Kévin, apprenant. Lorsqu’il y aura une panne, on n’ira pas tout de suite au magasin et c’est une source d’économies potentielles. En plus, j’ai découvert que j’aimais bien bricoler.“
” En 2014, après m’être installée en tant que maraîchère, j’ai suivi une formation de l’Atelier paysan pour m’initier au travail du métal, explique Agnès Kindt, formatrice. À ce moment-là, mon père m’aidait beaucoup sur l’exploitation mais je n’étais pas autonome avec les machines. C’est frustrant d’avoir des machines et de ne pas savoir les réparer. Pendant quelques jours, j’ai intégré un groupe et nous avons construit nous-mêmes un outil de travail du sol. Cette formation m’a permis d’acquérir quelques bases mais m’a surtout convaincue que j’étais capable de faire de la mécanique.
En rentrant chez moi, j’ai commencé à bricoler quelques trucs. Étant formatrice au CFPPA, j’ai proposé cette formation et depuis, j’y participe avec les apprentis et je continue ainsi à progresser. Je me suis passionnée pour le bricolage. En 2021, je me suis proposée pour être formatrice pour l’Atelier paysan. Cela permettra à l’association de soumettre davantage de formations. J’apprécie vraiment ces moments de formation. Il y a une bonne ambiance, on crée des outils de nos propres mains, on voit le résultat. Le fait d’être une femme peut paraître difficile d’un point de vue physique mais au contraire, ce que nous ne faisons pas avec la force, nous le faisons autrement. Nous essayons de réfléchir à une alternative et souvent ça fonctionne. On se découvre de plus en plus maligne.“
Ces deux semaines ont permis au groupe de dix apprenants à être autonomes vis-à-vis du matériel mais aussi dans leurs futures exploitations. Un travail d’équipe qui crée du lien entre les apprenants et qui est de bon augure pour les prochaines semaines de formation qui se profilent.
Une fois sortis de l’atelier, il s’agit maintenant de tester les outils. La perplexité envahi les néo-mécanos pendant quelques secondes, pour laisser place à l’euphorie.
Lucie Debuire