Votre météo par ville

Quentin Druart et ses cochons élevés en plein air

08-11-2023

Actualité

Articles

Après des années à travailler dans le social, Quentin Druart a décidé de changer de vie pour devenir éleveur de cochons Duroc en plein air. Une reconversion qui n’est pas toujours évidente mais que le jeune homme ne regrette pas.

Il fait un peu figure d’ovni dans le paysage agricole de la région. Il y a deux ans, Quentin Druart change radicalement d’orientation professionnelle en décidant de s’installer en tant qu’éleveur de cochons… en plein air. Depuis 2016, ce dernier exerçait le métier de travailleur social auprès de personnes en précarité, avant d’avoir envie de nouveautés.

« Dans un premier temps, je souhaitais trouver quelque chose qui allie le social et l’agriculture, j’ai pensé à une ferme thérapeutique mais cela ne s’est finalement pas fait. Je me suis dit “pourquoi pas me lancer dans le cochon ?”, explique celui qui a toujours vécu à la campagne entouré d’animaux. Ce sont des animaux que j’aime bien, ils sont sympas, intelligents, affectueux et il y a plein de choses intéressantes à faire avec leur viande ! »

Une idée précise en tête

Mais le jeune homme, aujourd’hui âgé de 31 ans, a une idée bien précise de l’élevage vers lequel il souhaite se tourner : « Pas de bâtiment, je n’aurais pas supporté de travailler enfermé à longueur de journée, lâche-t-il, je voulais élever mes cochons au plus près de leur état naturel afin qu’ils se développent bien et qu’ils soient le plus heureux possible. »

En 2019, il reprend donc une formation à Canappeville, au sud de Rouen, en Normandie, plutôt spécialisée dans l’élevage industriel, « mais j’ai choisi de faire mes stages dans des structures qui se rapprochaient au plus de ce que je voulais faire ».

Son élevage baptisé Les cochons de Warcove naît fin 2021. C’est à Audembert (62), hameau où il a grandi situé à quelques kilomètres de Wissant. En février 2022, il accueille ses premiers cochons, des cochons de la race Duroc qui se différencient du traditionnel cochon rose – qu’on a plutôt l’habitude de voir – par leur pelage brun et leurs oreilles tombantes. « Cette race originaire d’Amérique donne une viande plus persillée et plus tendre, mais elle met également plus de temps à grossir et est un peu plus grasse », détaille l’éleveur.

Un élevage complètement extensif, comme il le définit, qui prend « plus de temps qu’un élevage classique et qui est aussi moins productif. Les saillies sont naturelles, les dates de mises bas sont donc approximatives… » Et de préciser : « Mais cela me convient bien ! »

En plein air, été comme hiver

Ainsi l’impressionnant Marco – le verrat reproducteur qui avoisine les 200 kilos -, les six truies reproductrices et leurs descendances (ndlr : les cochons de Quentin Druart naissent et sont élevés sur place) coulent des jours paisibles sur les sept hectares de terrain, en plein air, été comme hiver. « Ici, je ne coupe pas les queues et je ne lime pas non plus les dents comme cela peut se faire dans les élevages intensifs. » Quant aux antibiotiques, ils ne sont pas automatiques, mais donnés « qu’en cas d’extrême urgence », ajoute-t-il.

Quentin Druart a eu recours au financement participatif pour l’aider dans l’aménagement de son exploitation.

Un mode d’élevage qui a un prix : « En deux ans, je me suis accordé cinq jours de vacances et j’ai eu très peu de week-ends », concède-t-il avant de préciser : « C’est un vrai choix de vie, je le savais en me lançant, mais c’est encore différent de le vivre. » L’éleveur, qui possède aujourd’hui environ 70 porcs, n’a aucun regret.

Le jeune homme poursuit d’ailleurs les installations sur son exploitation. Cet été, il a eu recours au financement participatif afin de financer des aménagements. Grâce au soutien de clients convaincus par son travail et son mode d’élevage, il est parvenu à récolter plus de 10 000 euros. Une somme qui va lui servir à planter des haies en agroécologie autour de son terrain « afin d’y développer la biodiversité ». « La production de viande n’est pas ce qu’il y a de plus écolo, donc je trouve important de faire un geste pour l’environnement. » Quelque 2 000 arbres devraient donc entourer le champ de Quentin Druart d’ici quelques mois.

L’argent va aussi lui servir pour amener l’eau sur son terrain et y aménager des chemins d’accès. « Cela va me permettre d’arrêter d’amener des cuves d’eau deux fois par jour et grâce aux chemins je vais pouvoir passer facilement avec le tracteur. » Des aménagements qui devraient faciliter la vie du jeune éleveur, lui faire de gagner du temps, mais aussi lui permettre de se faire plus aisément remplacer en cas d’absence.

Car Quentin Druart a d’autres projets pour développer son activité. Aujourd’hui, il conduit deux cochons par semaine à l’abattoir de Fruges, puis les carcasses sont envoyées dans les ateliers de Viandes du Châteauneuf.

Vente directe

L’éleveur récupère ensuite la viande et se charge de la vendre directement sur son exploitation ou lors de marchés de producteurs. « De la viande qui ne contient ni additif ni conservateur », précise-t-il. L’agriculteur a également noué plusieurs partenariats avec des restaurateurs du coin « qui mettent en valeur (s)es produits », tels que l’Hôtel de la Plage à Audresselles, les Frangins à Wissant, l’Atlantic à Wimereux ou encore Pronto Pizza à Boulogne-sur-Mer. À terme, l’Audembertois espère transformer lui-même sa viande, « mais cela demande de refaire une formation, ainsi que la création d’un atelier ». Il va donc falloir être encore un peu patient… 

Hélène Graffeuille

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Noël autrement (4/4). De garde avec les soignants
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Noël autrement (3/4). Une fête aux accents d’ailleurs
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Série de l’été : les milieux naturels du Nord-Pas-de-Calais
Cet été, Terres et Territoires vous emmène à la découverte de milieux naturels du Nord-Pas-de-Calais avec le Conser [...]
Lire la suite ...

Élections à la chambre d’agriculture : mode d’emploi pour voter en janvier
Les modalités des élections des représentants aux chambres d'agriculture se précisent. Dans le Nord-Pas de Calais, e [...]
Lire la suite ...

Numéro 374 : 18 juillet 2024

À Zuydcoote, la Ferme Nord se réinvente
Construite au début du siècle dernier pour fournir viande et lait à l'hôpital maritime de Zuydcoote, la Ferme Nord e [...]
Lire la suite ...

Élevage : Chez la famille Darque, de la bleue du Nord ou rien
Depuis plus de 30 ans, dans la ferme de la famille Darque, à Roquetoire, on élève de la bleue du Nord. Un choix fait [...]
Lire la suite ...

Les pois jouent la course contre la montre
L'entreprise de travaux agricoles Cousin est spécialisée dans la culture de pois de consommation. Elle a semé 2 600 h [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires