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Améliorer la biodiversité, c’est le credo de Brieuc Kerisit. La nature est une passion pour ce jeune homme originaire de Marcq-en-Barœul, près de Lille.
« C’est mon grand-père et ma mère, avec qui je passe beaucoup de temps dans le jardin, qui me l’ont transmise. Depuis tout petit, j’aime, notamment, observer les oiseaux. »
Une passion qu’il a décidé d’approfondir en faisant des études en biologie.
Titulaire de deux masters et d’une formation en ornithologie, Brieuc Kerisit avait besoin de plus de pratique.
« J’ai commencé à créer des nichoirs chez moi, et je me suis pris au jeu. Mais je me disais qu’il était dommage d’utiliser de belles planches de bois pour faire cela. J‘ai alors décidé de récupérer des palettes destinées à être jetées. »
Avec, il fabrique des nichoirs, mais aussi des hôtels à insectes ou encore des mangeoires et depuis peu des carrés potagers, « un moyen de recycler tout en aidant la biodiversité. » Et celle-ci en a bien besoin.
« Trois quarts des insectes volants (libellules, papillons, abeilles, etc.) ont disparu depuis 1990, tout comme un tiers de nos oiseaux de campagne », s’inquiète le biologiste.
C’est ainsi que l’entreprise Béké est née en 2020. Sa première ambition était alors de vendre ses fabrications. Mais une fois qu’il est lancé sur le sujet, Brieuc Kerisit ne sait plus s’arrêter.
« À force de discuter biodiversité avec mes clients, on a fini par me proposer d’animer des ateliers sur le thème, d’abord dans des écoles, puis auprès des collectivités et des entreprises », poursuit-il.
Béké commence alors à proposer des ateliers de sensibilisation à la biodiversité.
Aujourd’hui âgé de 27 ans, Brieuc Kerisit a décidé d’opérer un virage dans sa vie professionnelle. Il souhaite remettre la sensibilisation à la biodiversité au cœur de ses missions. Si les objets faits à partir de palettes recyclées continuent d’être vendus, ils sont dorénavant fabriqués par des personnes en insertion ou porteuses de handicap de l’Esat (établissement et service d’aide par le travail) de la Gohelle à Hersin-Coupigny,
Brieuc Kerisit, rejoint depuis septembre par Laurent Gallati, actuellement en alternance mais qui s’associera au fondateur de Béké dès son diplôme en management en poche, se concentre dorénavant sur l’accompagnement des entreprises dans leur transition écologique en matière de biodiversité. « Les entreprises, au cœur des écosystèmes, dépendent fortement de la biodiversité. La moitié du PIB (produit intérieur brut, ndlr) mondial dépend de la nature ! »
Et pour marquer ce tournant professionnel, Brieuc Kerisit a décidé de renommer sa société Biodi.
« Notre objectif est de faire comprendre aux entreprises l’importance d’aider la biodiversité », insiste-t-il.
Pour ce faire, ce dernier et son futur associé y vont en trois étapes.
« On propose d’abord des teambuildings pour les sensibiliser au sujet par le biais de jeux, de quiz ou d’ateliers de construction de nichoirs ou de carrés potagers, par exemple. Puis on établit un diagnostic afin de connaître l’impact de l’entreprise sur la biodiversité. Nous établissons ensuite un plan d’actions et les accompagnons pour qu’ils puissent atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés. Car aujourd’hui, les gens sont de plus en plus sensibles à la biodiversité. Mais il n’y a pas beaucoup d’actions mises en places pour agir. »
Le fondateur de Biodi estime qu’il y a plusieurs explications à cette inaction.
« On ne sait parfois pas trop quoi faire pour apporter sa pierre à l’édifice. » Pourtant, ce dernier assure que chacun peut agir à son échelle : « Chaque petite action compte. Les gens qui ont un jardin peuvent éviter de tondre l’herbe à ras pour que les animaux puissent y trouver refuge. L‘une des premières causes d’érosion de la biodiversité est justement la perte d’habitat. »
Pour les entreprises, il y a également de nouvelles habitudes à prendre.
« Se déplacer pour aller parler à son collègue plutôt que de lui envoyer un mail qui restera dans sa boîte et dont le stockage nécessitera de l’énergie. Se fournir le plus localement possible plutôt qu’à l’autre bout du monde. Réduire ses déchets et recycler. Installer des garages à vélo pour inciter les salariés à se déplacer en transports doux… Le but est de rétablir le dialogue avec les entreprises qui ont parfois été échaudées par des discours trop véhéments sur l’écologie. Nous ne sommes pas là pour leur mettre des bâtons dans les roues. »
Un autre mode d’action proposé par Biodi est la création de mini-réserves.
« On peut faire des jardins en le pensant de manière à ce qu’il ne nécessite qu’un minimum d’entretien, créer des mares, planter des arbres, la bonne espèce au bon endroit… », énumère Brieuc Kerisit.
Ce dernier avance une autre raison face au manque de mesures prises pour agir en faveur de la biodiversité :
« L’argent peut, aussi, être un frein. Mais nous sommes là pour expliquer en quoi cela est un investissement sur l’avenir. Si on ne préserve pas la biodiversité aujourd’hui, on le paiera très cher demain ! À titre d’exemple, la biodiversité a évidemment un impact sur le changement climatique, depuis plusieurs années nous faisons face à des sécheresses ou encore à des incendies. Les assurances n’ont jamais payé autant de dommages et forcément cela augmente les coûts de cotisation. »
Brieuc Kerisit et Laurent Gallati ne manquent donc pas d’arguments pour encourager les entreprises à entreprendre dans cette démarche. « En plus de donner du sens, cela joue sur l’image et la réputation, permet d’avoir accès à des financements intégrant des critères environnementaux, améliore la qualité de vie des salariés… Bref, il n’y a que des avantages », sourient les deux jeunes hommes.
Hélène Graffeuille
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