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L’agriculture c’est un monde de bonshommes… Cette idée semble encore bien ancrée dans l’opinion publique. Pour preuve, selon le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, les femmes ne représenteraient que 30 % de la profession.
L’enseignement agricole tente, depuis plusieurs années, d’attirer les filles sur ses bancs. Mais il reste encore du travail…
Féminiser les métiers de l’agriculture est une ambition pour Grégoire Cabot, chef d’établissement du lycée d’enseignement agricole privé (LEAP) de Savy-Berlette (62), situé entre Arras et Saint-Pol-sur-Ternoise. “C’est un objectif mais on est encore loin de l’avoir atteint”, souligne-t-il.
À Savy-Berlette, on forme principalement dans deux filières : l’agroéquipement, qui apprend aux élèves à se servir du matériel, et la maintenance mécanique pour l’agriculture mais aussi les travaux publics ou encore des espaces verts. Ces filières peuvent se faire en apprentissage ou en formation continue du CAP, au bac professionnel et BTS.
Et dans l’établissement de Grégoire Cabot, sur les 569 apprenants, 1 % seulement sont des filles. “Et ce n’est pas une volonté de notre part de ne pas prendre de fille, assure le chef d’établissement. Nous mettons en avant qu’avec la mécanisation, ces métiers ne sont plus destinés aux hommes. Il n’y a plus besoin d’une force physique.”
Ces métiers ont, en effet, connu une transformation profonde grâce aux évolutions technologiques et numériques. Les conditions de travail se sont nettement améliorées depuis plusieurs années.
L’arrivée de l’agriculture de précision, de l’autoguidage des engins agricoles, des automatismes des outils, de l’utilisation de cartographies parcellaires à l’aide de drones ou encore de robots agricoles ont modifié les besoins en compétences. La maintenance du matériel agricole a aussi beaucoup évolué. Des changements qui font qu’aujourd’hui, ces métiers sont tout à fait accessibles aux femmes.
Pour Grégoire Cabot, le blocage serait plutôt d’ordre psychologique : “Ces domaines ne semblent ne pas intéresser les filles alors qu’elles sont autant capables que les hommes d’exercer ces professions. Depuis des dizaines d’années, il est ancré dans l’opinion publique qu’elles sont réservées aux seuls hommes.”
Pourtant, les postes ne manquent pas : “C’est donc dommage de ne se cantonner qu’à 50 % de la population (les hommes), car il y a du travail dans ce secteur. La plupart des concessionnaires agricoles ont des postes à pourvoir. Ce sont des professions où il y a du travail et des possibilités d’évolution.”
Chaque année, le LEAP de Savy-Berlette organise le bus découverte : “Nous allons à la rencontre des collégiens pour leur montrer les métiers auxquels on forme, on leur explique en insistant bien sur le fait qu’ils sont ouverts aussi bien aux hommes qu’aux femmes”, avance Grégoire Cabot.
Ce dernier estime aussi que cette problématique devrait être davantage médiatisée : “On commence à voir des publicités à la télé qui passent le message que la mécanique est aussi pour les femmes. De nombreuses émissions ont rendu plus attrayants les métiers de la restauration. Il faudrait faire la même chose dans le secteur de l’agriculture !”
Cependant, le chef d’établissement reste optimiste : “Il y a encore quelque temps, nous avions le même souci dans le secteur du paysage et la mutation s’est faite il y a une quinzaine d’années. Le métier s’est urbanisé et les filles ont été davantage sensibilisées.”
Hélène Graffeuille
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