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La ferme du Défriché, exploitation du lycée agricole de Sains-du-Nord, dans l’Avesnois, est située dans un écrin de verdure. Quand il ne vire pas au jaune à la fin de l’été, en raison des sécheresses à répétition. Et si une des solutions, pour pallier le manque de fourrage qui résulte de cette situation, était de donner des arbres à manger aux bêtes ? C’est en tout cas ce qu’a testé Antoine Scaillierez, directeur de l’exploitation, un peu par hasard.
Le lycée agricole de Sains-du-Nord (59) compte 160 jeunes en formation initiale, 70 apprentis et 20 adultes en formation continue.
En bio depuis 2013, l’exploitation du lycée s’étend sur 72 ha et compte 60 limousines ainsi que 144 brebis (qui sont elles conduites en conventionnel). Ici, on pratique le pâturage tournant dynamique, en mixte bovin-ovin. Il y a aussi deux vergers, des ruches, des étangs… ainsi que 7 à 8 km de haies dont près de 1800 mètres ont été implantés ces cinq dernières années.
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Au départ, l’objectif de ces nouvelles implantations était avant tout environnemental : “L’idée était d’améliorer la biodiversité, d’implanter des arbres qui soient mellifères pour nos abeilles“, souligne Antoine Scaillierez. L’objectif était aussi de valoriser arbres et arbustes en plaquettes pour faire du bois de chauffage.
“Les élèves, apprentis et adultes en formation continue ont été impliqués dans le choix des essences et dans les plantations, souligne le directeur de l’exploitation. Cette année, ce sont les CAPA en maraîchage qui ont planté les haies. Début février, une classe de seconde viendra implanter une deuxième partie.”
L’exploitation s’inscrit dans la démarche Pâtur’Ajuste, réseau technique pour la valorisation des végétations naturelles par l’élevage. “Dans ce cadre, on s’est dit qu’il était intéressant de voir si les animaux aimaient les plantations du site.” Mais l’enjeu est encore plus grand : “Pour garder des haies dans l’Avesnois, il faut qu’elles aient une utilité.”
Après une coupe d’entretien, le directeur et les apprenants constatent que les animaux consomment les feuilles des branchages tombés au sol. “En plus des plaquettes, nos haies ont désormais cette deuxième utilisation ! Les branches sont pâturées par les bêtes, puis elles passent dans le broyeur.”
Pour les plantations futures, l’aspect “appétent” sera donc pris en compte. Le directeur pense notamment au saule ou au peuplier dont les bêtes raffolent. “Ce sont aussi des essences qui souffrent le moins du changement climatique. Dans ce contexte il faut d’ailleurs penser à multiplier les essences : plus on a de diversité, moins on a de risques“, estime Antoine Scaillierez.
Avec toujours comme ligne de mire l’économie d’intrants. “On veut valoriser au maximum les productions qu’on peut trouver sur place, poursuit le directeur. Quand on est économe, on améliore la rentabilité du système et notre impact sur l’environnement est limité.”
Prochaine étape au sein du lycée agricole : installer une chaudière pour utiliser les plaquettes et chauffer les bâtiments.
Retrouvez notre article sur le fourrage ligneux dans notre édition papier du 29 janvier 2021.
Laura Béheulière