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Anne-Sophie De Moussac a ressorti le petit tableau de “maîtresse” de ses enfants pour présenter ses graphiques aux élèves, face caméra. Comme tous les professeurs confinés, cette enseignante de Sciences économiques et sociales à l’Institut d’Anchin fait avec les moyens du bord, de chez elle, pour que l’apprentissage se poursuive.
“Je mets mes cours sur la plateforme ecoledirecte, mais c’est très difficile sans exemple concret. Même si les élèves sont très consommateurs de cours, ils se rendent compte que sans explications ce n’est pas clair, alors nous organisons des “live” pour échanger.” Pour ça, les profs peuvent compter sur le côté geek des élèves.
“L’établissement a mis un système d’emploi du temps numérique en place, pour que l’on sache quel créneau est consacré à quelle matière. Mais il faut avouer que de leur côté, les élèves ont aussi proposé spontanément de nouveaux outils. On les découvre sous un nouveau jour !“, s’enthousiasme l’enseignante. La fracture numérique s’agrandit toutefois, puisque certaines familles ne disposent pas d’ordinateur ou d’accès à internet.
Côté supports, c’est clair, les élèves sont devenus maîtres ! “Discord est un réseau pour les gamers, tous nos jeunes qui jouent aux jeux vidéos en ligne sont bien au fait de ce réseau social qui permet d’organiser des salons vocaux. Avec les collègues, on n’imaginait pas un jour utiliser ces plateformes, mais pour expliquer les cours en ligne, c’est idéal. Sans ça et Skype, je me sentais bien seule derrière mon écran, je n’avais pas les réactions des élèves…“
Pour sa part, Eliott, en Première STAV (sciences et technologies de l’agronomie et du vivant) a choisi le réseau préféré des ados, Snapchat, pour continuer un travail de groupe commencé en classe : “On travaille sur le métier de maréchal-ferrant, ça nous permet de tous apporter nos idées, même le prof l’a téléchargé !“
Côté état d’esprit, il l’avoue, pas toujours simple de se motiver à bosser de la maison : “C’est un peu comme pendant les vacances, on repousse le moment de travailler, il y a des distractions, des choses à faire sur la ferme pour aider les parents… Mais, comme on a pas mal d’exercices à rendre, je dois bien m’y mettre tous les matins !”
Et les enseignants veillent au grain : “On propose des rendez-vous, ça nous permet de voir qui est connecté. Lors de ma dernière connexion, 30 élèves sur 38 l’étaient. Pour ceux qui ne l’étaient pas, on a choisi d’alerter les parents“, indique l’enseignante.
Car la période, aussi étrange soit-elle, est cruciale. “On nous a dit : “C’est là qu’on va voir si vous êtes capables de bosser de chez vous”, confie Eliott. Ce sera écrit dans notre dossier, les futures écoles vont savoir si on a joué le jeu ou pas !“
Et même si les conditions d’examen restent floues, forcément, l’approche du BAC apporte son lot de pression. Surtout pour les Terminales. Théo, en SES (sciences économiques et sociales), a choisi de se confiner dans la chambre des parents pour trouver un peu de calme lorsqu’il travaille. Pas toujours évident avec les petits frères et sœurs qui se chamaillent…
Si les outils fonctionnent bien pour lui, il l’avoue, ce confinement ajoute du stress au stress. “J’ai un peu peur pour le BAC, sans ce phénomène c’est déjà stressant, j’aimerais bien que ça se fasse par contrôle continu. Mais, on n’en sait rien, donc on part du principe que le BAC est toujours au programme, d’ailleurs on a un bac blanc dans deux semaines. On continue à travailler, on fait nos fiches, on a aussi des moments de révisions avec les profs. J’ai fait un oral avec mon prof d’Anglais.”
Une période particulière que chacun aborde malgré tout avec philosophie : “Je vois mes élèves petit-déjeuner, eux, voient mes enfants“, s’amuse Anne-Sophie De Moussac. Et si l’éloignement rapprochait… de quoi s’inspirer pour la prochaine copie de philo ?
Agathe Villemagne