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Dans la famille expériences brassicoles je demande : l’adoption de pieds de houblon ! L’Échappée bière (lire encadré ci-dessous) reconduit cette opération pas banale pour la quatrième fois cette année. Avec une centaine de participants sur les dernières éditions, cette invitation à devenir « parent adoptif » de dix pieds de houblon biologique propose une expérience au long cours. Moyennant 99 euros (+ 49 euros pour un accompagnateur), l’adoptant commence par recevoir un coffret contenant une bouteille de bière. Une recette spéciale, à base de houblons fraîchement récoltés – on parle de harvest beer – qui confèrent à la bière une saveur typique.
Dans le coffret également, un certificat d’adoption de dix pieds de houblon ainsi qu’un journal de bord digital qui permettra de suivre les plantes jusqu’à la récolte au début de l’automne. Une présentation de la filière aussi, son histoire et son actualité, ainsi que de l’exploitation où grandiront les adoptés. Il s’agit ici de la houblonnière d’Édouard Roussez, à Morbecque (59), au cœur des Flandres. Une exploitation en bio, peu courant dans la région alors que la demande en bière biologique est croissante. « C’est ce qui a justifié notre choix de travailler avec ce producteur », explique Aurélie Baguet, de l’Échappée bière.
Pour Édouard Roussez, revenu sur la ferme familiale en 2017 après dix ans à Paris, participer à l’opération permet « de ne pas se contenter de faire un produit qu’on met sur le marché, mais de le faire connaître aussi. Et de favoriser ce sentiment d’appartenance à une culture millénaire ». Le trentenaire n’exagère pas, et rappelle qu’on cultivait du houblon dans les Flandres il y a 1 000 ans. « On a bien à faire à une plante endémique, qu’on trouve à l’état sauvage dans la région, or peu de gens sont capables de la reconnaître », regrette celui qui cultive une dizaine de variétés sur les 4,3 hectares de son exploitation. Un choix variétal déterminé après en avoir testé 29 pendant quelques années, visant à définir les variétés les plus adaptées.
Car si la bière artisanale est aujourd’hui plus consommée et mieux valorisée que jamais, il n’empêche que la filière houblon est aujourd’hui « en sursis dans la région », avec à peine 40 hectares cultivés sur les 55 000 à l’échelle mondiale. Et si, pour confectionner les bières les plus appréciées en ce moment, les IPA et autres pale-ale, il faut des houblons très aromatiques surtout cultivés aux États-Unis, la génétique le prouve, il y a trois bassins historiques ancrés dans les gênes de la plante : la Bavière allemande, la Bohème tchèque et… les Flandres. Alors qu’attend-on pour sauver ce patrimoine ? À leur échelle, Édouard Roussez et Adopte un houblon offrent une piste.
Chaque mois, l’adoptant recevra son journal de bord avec l’actualité de l’exploitation, des informations santé ou organoleptiques (le goût, quoi). S’il est possible de rejoindre l’aventure à tout moment, il faut se décider avant le printemps pour profiter des choses sérieuses. Car après la mise en bouche, vient la mise en jambes avec la visite de la houblonnière, à l’été au moment où les plantes sont les plus hautes. C’est le moment de la rencontre avec le houblonnier, et celle de la dégustation de bières in situ. « Les participants repartent ensuite avec un pied de houblon à faire pousser à la maison », poursuit Aurélie Baguet. Et, puisque l’idée est de vivre l’aventure de la racine au verre, une dernière visite est prévue à l’automne, en octobre généralement, à la brasserie cette fois. C’est celle du Moulin d’Ascq (59), historique et régionale en biologique, qui se charge de la cuvée spéciale que les participants auront la joie de découvrir entre les cuves lors d’une initiation à la dégustation. La cuvée est ensuite mise en bouteille pour les participants qui repartent chacun avec leur carton, et servie dans la tap room de la brasserie à Villeneuve d’Ascq et c’est tout. Un brassin exclusif, à l’image de l’expérience totale qui permet d’ancrer les pieds dans la terre et les têtes dans le terroir.
Elle a été précurseure dans un domaine en forte explosion depuis : le milieu brassicole. Unique agence de tourisme qui y est entièrement dédiée depuis sa création à Lille et co-organisatrice du festival Bière à Lille, l’Échappée bière multiplie les offres de découverte du territoire et du patrimoine régional. Fondée en 2013 par quatre amis conscients de son haut potentiel économique et a fortiori touristique, l’agence s’adresse aux particuliers et au tourisme d’affaires (sa plus grosse part d’activité).
« L’idée de départ était très simple, rembobine Aurélie Baguet, l’une des quatre cofondatrices, nous voulions valoriser le patrimoine brassicole des Hauts-de-France. » Le Grand Est, l’autre région brassicole, a vite été intégré comme terrain de jeu. La jeune femme rappelle, chiffres de l’association Brewers of Europe à l’appui, que « la France est le seul pays où les installations se poursuivent : on comptait 2 300 brasseries actives l’an passé, on en recense 2 500 cette année (250 pour les Hauts-de-France). »
Une tendance, celle de la production artisanale et de la dégustation de la boisson houblonnée, qui a explosé au cours de la dernière décennie et qui se poursuit donc. « Et nous avons la chance dans la région d’avoir un paysage très varié, avec des brasseries historiques, des gros sites aux indépendants, nombre de microbrasseries et d’affaires familiales », liste Aurélie Baguet, qui rappelle aussi la dimension production agricole avec, nous en parlons ci-dessus, les houblonnières.
Outre l’opération Adopte un houblon, l’Échappée bière propose diverses formules autour de la bière, des visites thématiques aux ateliers en passant par les jeux d’évasion grandeur nature ou les expériences comme cette Bière en boîte (45 euros) qui propose une jolie carte et des fiches visite de Dunkerque à Strasbourg en passant par les Ardennes ou Paris ainsi qu’une activité à choisir dans un catalogue.
Justine Demade Pellorce
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