Votre météo par ville

Hervé Covès : “J’ai appris à lutter alors qu’on pouvait faire autrement”

13-04-2023

Actualité

Hors-champ

Ingénieur agronome, Hervé Covès est un amoureux de la nature. Il prône la plantation d’arbres pour restaurer la vie des sols.

Hervé Covès est ingénieur agronome et franciscain.
Hervé Covès est ingénieur agronome et franciscain. © E. P.

C’est un mantra qu’il répète à qui veut l’entendre : “La vie est belle.” Hervé Covès, ingénieur agronome depuis plus de 35 ans et franciscain depuis 12 ans, croit au vivant. Pour lui, il est temps d’aider les agriculteurs à restaurer la vie des sols afin que la nature puisse reprendre ses droits et faire ce qu’elle sait faire de mieux : faire pousser des plantes.

D’où vient votre mantra “la vie est belle” et qu’entendez-vous par là ?

Je travaillais à l’époque à la chambre d’agriculture de la Corrèze. À ce moment-là, j’avais vraiment l’impression d’être dans une situation où je devais gérer un déclin agricole. Et puis, en 2011 je découvre que la vie est belle. J’ai mené des expérimentations sur des productions de framboises où une maladie décimait complètement la production. J’ai mis en place des méthodes qu’on appellerait aujourd’hui agroécologiques. Rapidement, on a réussi à retrouver nos quatre tonnes par hectare. Mais quelques années après on est passé à huit tonnes par hectare ! Cette progression-là paraissait presque irréelle ! Je découvre alors que toute ma vie j’ai appris à lutter contre toute forme de maladie et qu’en fait on pouvait faire autrement. Pour moi, ça a été une révélation qui s’est confirmée par la suite de façon plus spirituelle et qui a fait que je suis devenu franciscain. Finalement cette vie contre laquelle je luttais, cette vie-là était aussi capable de m’accompagner et j’en avais une démonstration avec mon travail.

À écouter aussi : [Podcast] Rencontre 1/4 : Hervé Covès, l’ingénieur qui croit au vivant

Un de vos combats est de développer la présence de champignons mycorhiziens dans les sols. Pourquoi ?

Au début des années 2000, le constat a été fait que les gisements de phosphore étaient en train de s’épuiser. La question a été de savoir ce qu’on faisait du phosphore restant : le distribuer à l’agriculture ou bien l’utiliser pour l’industrie ? C’est la voie industrielle qui a été choisie et cela s’est traduit par le fait que le prix des engrais phosphatés n’arrête pas d’augmenter, et on n’a encore rien vu… À partir de là, il a fallu trouver un moyen de récupérer le phosphore qui est déjà dans les sols. Il se trouve que les champignons mycorhiziens sont capables de le faire. Partant de là, comment est-ce qu’on fait pour avoir plein de mycorhizes ? C’est là où l’agroécologie intervient puisqu’il faut qu’il y ait beaucoup de vie dans les sols pour cultiver du champignon.

À écouter aussi : [Podcast] Rencontre 2/4 : Hervé Covès, l’ingénieur qui croit au vivant

Et alors, comment faire pour cultiver les mycorhizes ?

La difficulté, c’est qu’actuellement en Europe, la trame de champignons mycorhiziens qui émerge des arbres forestiers n’est pas du tout la trame qui va bien pour nos cultures. Et le vécu de beaucoup de gens, c’est par conséquent que “ça, pousse mal à côté d’un arbre”. Sauf que quand on regarde ce qui se passe avec le réchauffement climatique et quand on regarde un petit peu plus au sud, on voit que ça pousse mieux à côté des arbres. C’est qu’en fait sont apparues de nouvelles trames de champignons dans les zones plus chaudes que l’on voit aujourd’hui arriver chez nous. Donc, pour pouvoir développer ces nouvelles trames dans nos sols, il va falloir réfléchir à quel type d’arbre on va mettre dans nos aménagements, qui ne seront peut-être plus tout à fait ceux qui étaient là avant. Peut-être, un petit peu moins d’arbres forestiers comme les chênes, les hêtres ou les bouleaux mais d’autres arbres comme les arbres fruitiers…

À écouter aussi : [Podcast] Rencontre 3/4 : Hervé Covès, l’ingénieur qui croit au vivant

Vous parlez aussi souvent de “cultiver la pluie”. Qu’entendez-vous par là ?

Il faut permettre à la pluie d’infiltrer les sols jusqu’aux nappes mais aussi augmenter la réserve utile en eau des sols. Pour ça, les champignons jouent un rôle important. Les mycorhiziens mais aussi les saprophytes, qui décomposent le bois. Donc il faut qu’on ait du bois qui se décompose dans les sols, d’où les arbres pour les couper aussi. Chaque fois que je coupe un tiers de la ramure d’un arbre, il ne peut plus alimenter une partie de ses racines. Celle-ci va se décomposer et devenir spongieuse. Ce sont ces racines qui deviennent la réserve utile du sol et à de grandes profondeurs sur de grandes distances. Et comme les champignons ont été bien nourris par ce bois qui se décompose, ils vont essayer de se prolonger pour explorer le sol à la recherche d’un nouveau morceau de bois à décomposer. Ils vont ainsi creuser des galeries microscopiques et permettre l’infiltration et la captation de la pluie.

À écouter aussi : [Podcast] Rencontre 4/4 : Hervé Covès, l’ingénieur qui croit au vivant

Hervé Covès en quatre dates

1987. Il est diplômé de l’Ensaia en tant qu’ingénieur agronome.

Années 1990. Il devient conseiller à la chambre d’agriculture du Limousin puis de la Corrèze.

2011. Il expérimente l’agroécologie sur une exploitation de framboises avec succès.

2020. Il décide de donner des conférences pour accompagner les agriculteurs dans leur transition.

Propos Recueillis Par Eglantine Puel

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Noël autrement (4/4). De garde avec les soignants
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Noël autrement (3/4). Une fête aux accents d’ailleurs
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Découvrez le supplément élevage – Avril 2024

Numéro 360 : 12 avril 2024

3 questions à Quentin Blond,vétérinaire et président du Conseil régional de l’ordre des vétérinaires pour les Hauts-de-France
  quentin blond, vétérinaire et président du conseil régional de l’ordre des vétérinaires pour les Haut [...]
Lire la suite ...

Mettre en commun ses forces pour mieux fonctionner
Travailler en Coopérative d'utilisation des matériels agricoles peut favoriser le bien-être des éleveurs en leur lib [...]
Lire la suite ...

La traite, un moment clé à ne (surtout pas) négliger
La traite est un moment important de la journée, mais elle peut aussi s'avérer pénible, à la fois pour le trayeur et [...]
Lire la suite ...

Une charte pour le bien-être animal
Créée en 1999, la charte des bonnes pratiques d'élevage ne cesse de s'adapter aux demandes sociétales et réglementa [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires