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Le musée-atelier du verre de Trélon propose au public de venir fabriquer des boules de Noël… en verre. Depuis plus de 10 ans, les artisans de ce musée pas comme les autres transmettent ainsi un savoir local, vieux de 200 ans.
Il fait froid dans ce beau bâtiment de l’ancienne verrerie de Trélon. Mais dans un coin, la température monte nettement, à 1 140 °C pour être précis. Car si la verrerie de Trélon a fermé ses portes en 1977, elle est transformée depuis le début des 1980 en écomusée disposant d’un atelier de verre. Des fours ont ainsi été installés et, à l’année, une équipe d’artisans souffle, façonne et habille de multiples objets en verre.
Depuis plus de 10 ans, ce musée-atelier propose même au grand public de venir fabriquer des boules de Noël en verre tout au long du mois de novembre. Un projet qui fait carton plein tous les ans.
Mais avant de fabriquer des boules de Noël, la verrerie de Trélon c’est 200 ans d’histoire. Ouverte en 1824, elle fabrique alors des bouteilles de champagne et ce jusqu’à la Première Guerre mondiale. « Au cœur du XIXe siècle, il y a eu jusqu’à 150 employés, explique Julien Rousseau, chargé du développement des publics pour l’écomusée de l’Avesnois (lire aussi l’encadré). On utilisait alors un four Boëtus, au charbon. Il y avait 12 places autour du four et cinq à six verriers par place de travail. »
Après la guerre, la verrerie passe du verre noir au verre blanc et travaille essentiellement sur le flaconnage « de parfum de luxe, de cosmétique et de pharmacie aussi ». L’entreprise investit alors dans un four Stein, semi-automatique. « Ici, il n’y a plus de soufflage de verre. On utilise de l’air comprimé qu’on vient souffler dans des moules. » Face à l’automatisation complète de certaines verreries, celle de Trélon ne tient plus la cadence et ferme. « Ça a été très dur pour les salariés et pour la vie du village. On faisait tout sur place : le verre, les moules, l’exportation… »
Rapidement, la mairie rachète les locaux avec l’idée d’en faire un musée du verre pour « perpétuer ce savoir-faire du Nord et de l’Est de la France. Car le Nord était vraiment une région de verre ». Est accolé à ce musée un atelier de verre, « finalement plus proche de celui du début de la verrerie ». Vases, plateaux, décorations et boules de Noël sont ainsi confectionnés dans cet atelier.
À sa tête aujourd’hui, Jean-Baptiste Pinel, responsable de l’atelier, et Emmy Legobe. « Pour la première fois, nous avons aussi deux apprentis cette année : Curtis Granjon et Alizée Auger, tout droit venus du CERFAV* de Nancy », ajoute Jean-Baptiste Pinel.
Cela fait 21 ans que Jean-Baptiste Pinel travaille comme verrier à l’écomusée de l’Avesnois, et huit ans pour Emmy Legobe. En plus de leur travail de verrier, ils accueillent les visiteurs et animent les ateliers, comme celui du soufflage de boule de Noël. « Il y a aussi une designer dans l’équipe, Mathilde Trottin. Avec elle, nous créons chaque année une nouvelle collection et une nouvelle boule de Noël. Mais nous travaillons aussi avec des designers en résidence, l’école de design de Roubaix… L’idée est d’être en partenariat avec la sphère créative locale », explique Emmy Legobe. « Cela permet aussi d’être un centre de recherche, d’innover et ça offre la possibilité à de jeunes artistes de pouvoir travailler avec le verre », ajoute Julien Rousseau. Car le verre, ça ne se travaille pas n’importe comment ! « Il y a plusieurs étapes à respecter », indique Jean-Baptiste Pinel.
Prenons l’exemple d’une boule de Noël : « D’abord, il faut faire du verre : on mélange dans le four, alors à 1 400 °C, de la silice, de la soude et de la chaux pour les faire fusionner. Après six à huit heures de chauffe, on baisse la température du four à 1 200 – 1 140 °C, température à laquelle on peut travailler le verre. »
Grâce à une longue canne percée, le verrier « cueille » du verre dans le four. Il faut ensuite toujours tourner la canne pour que ce verre chaud ne coule pas. On roule ce verre chaud dans des perles de couleurs disposées sur un marbre de travail. « On peut ensuite souffler dans la canne pour former une boule. Par la suite, on alterne souffler, former, souffler et on va parfois même réchauffer un peu la matière. »
Une fois la forme créée, reste à ajouter l’attache (en verre évidemment !). La boule de Noël part ensuite en « arche de recuisson. Concrètement, c’est un four qui va permettre à la pièce en verre de refroidir tout doucement. Il va descendre en température par pallier en démarrant à 510 °C pour arriver à température ambiante. » Il faut compter environ une nuit : « C’est une étape essentielle car sinon, la boule peut exploser. C’est d’autant plus important qu’il fait froid. Entre le four et le moment où on le souffle, le verre perd 600 °C ! », précise Emmy Legobe.
Ça, c’est pour les boules de Noël. Mais de manière plus générale, les souffleurs de verres peuvent aussi utiliser des moules, graver, sabler… Bref, faire d’un mélange silice, soude et chaux une œuvre d’art.
Eglantine Puel