Votre météo par ville
« La moisson, c’est un rythme effréné la journée qui se termine tard dans la nuit. » Voilà comment on peut résumer, en partie, le travail des coopératives pendant ce moment clé de l’année, selon Didier Villain, technicien en charge des essais à la coopérative (Coop) de Saint-Hilaire-lez-Cambrai.
« Il faut sans cesse s’adapter et gérer les imprévus », ajoute Fabrice Leroy, président de la Coop de Saint-Hilaire.
Pendant cette période, les journées sont longues. « La Coop est ouverte 7 J/7 et les agriculteurs ont au moins un interlocuteur 24 h/ 24. On ouvre à 8 h la semaine, à 9 h le week-end et on ferme… quand c’est la fin des fauches », sourit Didier Villain. Généralement, vers 1 h du matin mais « l’an passé on a déjà fermé à 4 h », se souvient Fabrice Leroy.
Le matin, c’est coup de fil sur coup de fil et accueil des adhérents qui auraient besoin de renseignements, de passer des commandes de semences… Puis, pendant l’après-midi, c’est le ballet des bennes qui commence. Les agriculteurs amènent leur récolte, qui est pesée et analysée à l’aide d’une sonde qui prélève une partie de la collecte et la transfère directement dans une machine. « Comme cela, l’agriculteur repart avec une fiche complète comportant également l’analyse qualité de son produit », explique Fabrice Leroy.
La benne part ensuite vider son contenu dans les élévateurs qui vont remplir les silos de la Coop. « Notre plus grand problème, c’est la place. Ici à la Coop, nous avons un bâtiment qui peut contenir 3 500 tonnes, quatre cellules de 2 000 tonnes, trois cellules de 1 300 tonnes et sur un autre site, nous avons une capacité en cellule de 4 000 tonnes. À cela, il faut ajouter une cellule dédiée au colza d’une capacité de 2 000 tonnes », détaille Didier Villain. Soit un total de 21 400 tonnes. Or, en 2022, « nous avons collecté près de 40 000 tonnes de céréales, en incluant le maïs grain et le tournesol » (que la Coop transforme en huile, voir notre édition du 30 septembre 2022).
C’est pourquoi, en parallèle du remplissage, « on sort aussi. Nous ne gardons pas les escourgeons et une partie des blés qu’on envoie en péniche à Denain vers la Hollande ou la Belgique. Nous avons également des partenariats avec d’autres coopératives chez qui nos adhérents peuvent déposer leurs collectes à notre nom », explique Fabrice Leroy.
Didier Villain travaille à la Coop depuis 41 ans et Fabrice Leroy a « toujours été là » puisqu’il est « un descendant d’un des fondateurs de la coopérative », créée en 1931. Et une chose est sûre pour les deux hommes : la moisson va de plus en plus vite.
« Entre les moissonneuses-batteuses de plus en plus grandes et performantes et les bennes avec des capacités de plus en plus importantes, ça rentre beaucoup plus vite. » De plus, difficile de coordonner les adhérents entre eux car « ils n’ont pas tous les mêmes tailles de bennes donc ils arrivent quand ils veulent/peuvent. »
« À la création de la Coop, les agriculteurs livraient leur production en hiver et on établissait un prix de campagne. En juin on faisait les comptes et on voyait qui devait de l’argent à qui en somme. Puis à l’arrivée des “moiss-batt” la livraison s’est faite au moment de la moisson. On payait un acompte puis les agriculteurs étaient payés ensuite au long de l’année. Aujourd’hui, ils ont un accès direct au marché et peuvent déjà vendre pour la moisson 2024 », explique Didier Villain.
Les moissons sont donc de plus en plus rapides mais commencent également de plus en plus tôt : « On essaye d’être prêt fin juin mais peut-être que dans quelques années il faudra être prêt un peu plus tôt. Une chose est sûre : on ne fera pas les moissons en mars non plus. Il faut donc adapter nos cultures en trouvant des variétés adaptées mais aussi peut-être en cultivant de nouvelles choses », suggère Fabrice Leroy (lire l’encadré).
Les prix volatiles ont aussi complexifié le travail de la coopérative pour « conseiller nos adhérents. Mais nous avons une mission principale qui a toujours été de valoriser au mieux le travail des agriculteurs », appuie Fabrice Leroy.
La moisson se prépare toute l’année : maintenance, révisions, préparation des silos… « Plus on anticipe et plus on arrive aux moissons sereinement. Mais bon il y a toujours des imprévus ! » Pour pallier ces imprévus, une équipe « qui s’y connaît » est là pour réparer le plus vite possible. « Quand un élévateur tombe en passe, je peux vous dire qu’il faut faire vite. Quand un rouage s’arrête, c’est toute la chaîne qui est ralentie », ajoute le président de la Coop.
Du 25 juin à la fin juillet, la Coop s’occupe des escourgeons, blés et colza. En août, elle « évacue » en partie le blé et le colza. Puis dès septembre ce sera au tour du tournesol suivi du maïs grain en octobre dont les stocks sont savamment gérés car ils vont aussi aux éleveurs de la Coop.
Mais heureusement, au-delà des galères, la moisson est aussi un moment de fierté pour les agriculteurs et « pour nous ! C’est un long travail mais c’est aussi un vrai accomplissement ».
Depuis une trentaine d’années, les essais se sont popularisés dans les coopératives. « Au départ, c’était
surtout pour trouver des variétés adaptées à son territoire. Cela était une demande des agriculteurs pour aller plus loin aussi dans leurs connaissances techniques », explique Didier Villain.
« Les essais variétés sont restés mais s’y sont ajoutés les essais santé végétale et nouvelles cultures. Notre
but est de conseiller au mieux les agriculteurs pour qu’ils puissent s’adapter à la législation mais aussi
au changement climatique. » « Cela fait aussi partie de notre rôle de les informer et les accompagner dans ces changements, ajoute Fabrice Leroy. Mais la décision leur revient au final. » Parmi les essais les plus innovants, ceux en tournesol conduits depuis trois ans ont mené à ce que 70 hectares de cette plante héliotrope voient le jour et qu’une huile faite par la coopérative soit commercialisé
Lire aussi : Coopérations : Les actions de l’Afdi Hauts-de-France
Eglantine Puel