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Doignies, ferme Bauduin, un lundi d’été en fin d’après-midi. Laurent, le papa d’Anaïck et Adelise Bauduin, est à quelques mètres de là avec une famille sortant du labyrinthe de maïs. Les deux jeunes sœurs sont assises sur une longue table en bois qui sert à accueillir les personnes qui visitent la ferme. Côte à côte, elles ont le large sourire de celles qui s’éclatent au quotidien, fourmillent d’idées et sont ravies de les partager !
Anaïck, 25 ans, et Adelise, 21 ans, représentent la sixième génération de la famille installée à Doignies. C’est là, dans le Cambrésis, qu’elles ont été élevées. Elles aident depuis toutes petites à la ferme familiale, inspirées tout particulièrement par leur papa, 55 ans, et leur grand-mère, Claire, 87 ans aujourd’hui mais qui « travaillait encore il y a quelques années », explique Anaïck, le sourire chargé d’affection et d’admiration.
« Notre papa a construit un très bel outil, on a beaucoup de chance de pouvoir s’installer ici. »
ANAÏCK BAUDUIN
Très jeunes, les deux sœurs ont donc attrapé le virus si bien qu’Adelise s’est tournée dès le lycée vers des études agricoles qu’elle a terminées il y a quelques semaines seulement. Anaïck, elle, s’est d’abord dirigée vers un bac général, « mais c’est lorsqu’on parlait du vivant, du territoire, que ça m’intéressait le plus », glisse-t-elle. Alors elle a vite pris le chemin de l’enseignement agricole elle aussi. Dans leurs parcours respectifs, un point commun : les stages et l’alternance, en grande partie « à la maison… » Comme pour se préparer à prendre le relais d’ici quelques années !
C’est l’objectif des deux sœurs : s’installer dans les prochaines années sur l’exploitation familiale. Rapidement pour Anaïck qui est déjà dans un parcours d’installation. Un peu plus tard pour Adelise. Il faut dire qu’il y a de quoi s’occuper chez les Bauduin : « Notre papa a construit un très bel outil, on a beaucoup de chance de pouvoir s’installer ici », sourit la plus grande des deux sœurs. La ferme familiale compte 45 hectares et une trentaine de vaches laitières. Elle est équipée d’un atelier de transformation et vend ses produits (beurre, yaourts) sur place et sur les marchés.
Mais l’activité ne s’arrête pas là : visites de la ferme ouvertes à tous, accueil de classes dans le cadre du Savoir vert, labyrinthe de maïs en période estivale, médiation animale, confection de glaces dans les établissements scolaires… Les années et les journées sont bien chargées chez les Bauduin et le fonctionnement particulier : « On essaie d’être polyvalents. On a tous nos préférences, mais on s’oblige à savoir manipuler tous les ateliers pour que ça tourne », décrit Anaïck.
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Le papa, « posé » et « bienveillant » selon ses filles, sait ainsi déléguer à ses filles dans un monde agricole où il est encore trop souvent compliqué d’être des femmes, jeunes qui plus est. C’est lui qui s’est lancé, il y a plus de 20 ans, dans cette volonté de diversification. Ses filles partagent cette vision des choses pour plusieurs raisons. La première est économique : derrière tous ces projets, l’objectif est « d’apporter de la valeur ajoutée » et de développer une véritable complémentarité entre les différentes activités de la ferme, avance Anaïck. « On s’amuse bien, on fait plein de choses, mais on n’oublie pas qu’il faut en vivre ! »
« On ne fait jamais la même chose. Hier, c’était la moisson, aujourd’hui, c’est accueil de groupes et demain ce sera yaourt ! »
ANAÏCK BAUDUIN
Pour son installation, la plus âgée des deux sœurs vise, par exemple, à augmenter les surfaces cultivées de la ferme ainsi que le cheptel, même si elle bute, pour l’instant, sur la difficulté d’acquérir du foncier… De son côté, Adelise vient de passer une formation en fromagerie avec l’idée de lancer prochainement une production de fromages sur l’exploitation.
Mais cette diversification tous azimuts n’est pas qu’économique. Les deux sœurs aiment tout simplement la variété apportée par ce fonctionnement. « On fait plusieurs métiers, c’est ce qui nous anime », dit Adelise. « On ne fait jamais la même chose, complète sa grande sœur. Hier, c’était la moisson, aujourd’hui, c’est accueil de groupes et demain ce sera yaourt ! » Les deux jeunes femmes partagent une vision des choses, simple et efficace mais ô combien importante : « Faire ce qu’on aime ! Et ce qu’on aime, c’est être au contact des gens. Créer des choses qui leur fassent plaisir, que ce soit à la transformation ou autre. On est fiers lorsqu’on nous dit que les yaourts étaient bons, qu’ils se sont bien amusés au labyrinthe… »
Derrière toute cette diversification et les visites, notamment, les deux jeunes femmes ont aussi l’envie commune de toucher le plus de monde possible et de s’ouvrir aux autres. Faire découvrir aux petits comme aux grands l’agriculture, valoriser leur métier et casser les idées reçues et les préjugés. « La transparence est le maître mot », conclut Adelise, avec un message à faire passer : « Si vous voulez avoir votre propre avis, venez par vous-même ! »
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© Kévin Saroul