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Gaston – son bourdon – sous le bras, Diane Trolet déambule au milieu des serres de fraises. D’ici quelques mois, elle s’adressera aux enfants des écoles avec la mascotte qu’elle a elle-même fabriquée pour leur parler de pollinisation.
Le bourdon dispose de pattes en scratch, les boules de pollen qu’il aura butiné viendront s’y fixer. Avant cela, il lui reste à fabriquer les fleurs. « Je me suis un peu emballée… mon bourdon mesure 70 cm alors forcément, mes fleurs doivent être encore plus grandes ! »
D’origine lyonnaise, Diane Trolet a « grandi dans le béton ». Avant d’atterrir dans le Béthunois, elle a vadrouillé de par le monde avec son sac à dos. Japon, Corée du Sud, Israël, Islande ont accueilli son envie de découvrir d’autres contrées et de « se laisser bercer par les rencontres ».
Elle a aussi vadrouillé en France avec son stylo et son micro. Journaliste pendant huit ans, elle a travaillé en radio, au festival d’Avignon ou encore au ministère de la Défense. C’est aussi là que travaillait Gabriel, fils d’agriculteurs d’Hersin-Coupigny, son futur mari. Lorsque sonne l’heure de la retraite militaire, le retour sur la ferme familiale s’impose et le couple emménage dans un ancien bâtiment qu’ils rénovent.
Diane Trolet sonne à la porte de Phildar, un peu par hasard. Pendant six ans, elle conseille les amateurs et amatrices de tricot. Elle s’y connaît en aiguilles : coudre, tricoter, lui permet de laisser s’exprimer sa fibre artistique. Gaston en est la preuve (presque) vivante. Le covid s’invite et la boutique ferme. Il est temps de se choisir une nouvelle aventure pour la trentenaire, devenue mère de deux enfants.
Le cadre est tout trouvé : la famille Trolet cultive depuis 70 ans – et plusieurs générations – des pommes de terre, des céréales et des fraises sur une trentaine d’hectares auxquels s’ajoutent neuf hectares de prairies permanentes. « On essaie d’être le plus vertueux possible, souligne l’agricultrice, conjointe collaboratrice depuis 2022. PBI (protection biologique intégrée, ndlr) pour la lutte contre les insectes, huiles essentielles en traitement anti-germinatif, conservation des sols… » Les pommes de terre sont vendues aux deux tiers en circuits courts via les trois distributeurs installés devant la ferme, à Bruay-la-Buissière et à Barlin. Quant aux fraises, toutes s’écoulent grâce aux casiers automatiques.
Avec les écarts de cueillette et les fraises déformées, Diane Trolet se met aux fourneaux. Elle suit une formation sur la transformation des fruits et reprend son sac à dos pour se former en Normandie et en Bretagne chez des spécialistes de la confiture, qui ont « d’autres façons de faire. » Elle s’inscrit en BPREA maraîchage biologique au lycée horticole de Lomme et choisit de se spécialiser en petits fruits dans les montagnes du Jura.
Des 30 pots de confiture qu’elle fabriquait chaque année, pour le plaisir, elle vise un objectif d’un millier, mais aussi 500 bouteilles de sirops et 200 à 300 sachets de pâtes de fruits.
Une seconde serre de fraises est en projet, un atelier de transformation dans l’ancienne laiterie en travaux et un verger de petits fruits, qui verra pousser groseilles, mûres, cassis, groseilles à maquereau et framboises, est en préparation.
L’artiste a amené sa créativité à la ferme. Ses idées fusent. « J’imagine une collection limitée de confitures sur le thème des contes de fées : pomme amande amère pour Blanche Neige, gelée de rose pour la Belle et la bête, bourrache à assortir à un autre ingrédient pour la Petite sirène ou encore pomme – pain d’épice pour Hansel et Gretel », cite-t-elle. Nul doute que ces pots en feront rêver plus d’un ! Ses confitures et pâtes de fruits seront aussi offertes aux invités d’un mariage l’été prochain, elle veillera à ce que cache-pots, raphia et étiquettes soient aux couleurs choisis par les jeunes époux.
Au printemps, elle accueillera les premières classes, après avoir suivi la formation à l’accueil pédagogique avec le Savoir vert. Elle parlera de fraises aux enfants, avec Gaston le bourdon. Par la suite, elle a envie de développer d’autres thèmes : pommes de terre, céréales…
L’enjeu de l’alimentation en ligne de mire, Diane Trolet a aussi lancé des opérations de paniers de légumes des quatre saisons avec les associations de parents d’élèves, à Béthune, « pour sensibiliser les familles à manger local et de saison. »
Elle garde des prix accessibles, pour « montrer qu’on peut bien manger à des coûts abordables », dans son bassin minier d’adoption où le pouvoir d’achat est moins élevé qu’ailleurs et où elle a posé son sac à dos.
Louise Tesse
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