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Elle a troqué les murs de l’institut médico éducatif dans lequel elle exerçait son métier contre les champs et étables de l’exploitation agricole à Chéreng, sur le territoire de la métropole lilloise (59). Elle a enfilé sa casquette d’agricultrice et rangé celle d’éducatrice de jeunes enfants qu’elle portait depuis 15 ans. Elle a remplacé les trajets en voiture contre quelques mètres de marche.
Mais au fond, Lucie Ghestem conserve, dans sa nouvelle vie, la passion d’être au contact des enfants, qu’elle conjugue maintenant avec l’agriculture. “J’avais envie de partager notre passion du quotidien », explique-t-elle.
La visite d’une ferme en tant qu’éducatrice avec un groupe d’enfants qu’elle accompagne fait germer l’idée. Son futur cadre de travail est là, sous ses yeux : la ferme familiale de polyculture élevage que son beau-frère, Thibaut, à temps plein, son mari, Jérémy, double actif, et elle-même en tant que conjointe collaboratrice ont reprise après le départ en retraite de ses beaux-parents en 2014.
“Je voulais privilégier l’équilibre de ma vie familiale et ma vie professionnelle, ajoute Lucie Ghestem, maman de trois filles de 2 à 10 ans. J’avais en tête l’idée d’une ferme pédagogique depuis quelques années. C’est le fruit d’une réflexion de couple, de famille. »
Petite-fille de paysans des Flandres, Lucie Ghestem renoue ainsi avec ses racines agricoles. Elle rejoint l’exploitation en frappant à la porte du Savoir vert qui la forme entre novembre 2021 et février 2022 pour faire de l’accueil à la ferme.
Elle peaufine son projet, imagine l’aménagement d’une salle d’activités et de sanitaires pour accueillir les enfants dans des conditions optimales. Quelques chèvres vont rejoindre les volailles et lapins de la basse-cour pour le (futur) plaisir des enfants. Elle peut aussi compter sur le troupeau de 250 bovins de race limousine dont quelques-uns pâturent derrière l’étable.
L’exploitation des Ghestem possède en effet un atelier naisseur-engraisseur et cultive 110 hectares en maïs, blé, pommes de terre et endives. L’occasion d’expliquer aux enfants d’où viennent la viande et le pain, par exemple. « Il y a une méconnaissance du monde agricole. L’idée du Savoir vert est de mettre en valeur l’agriculture et son rôle nourricier mais aussi de sensibiliser les enfants à l’environnement », constate l’agricultrice.
Ses compétences et son savoir-faire acquis dans ses précédentes fonctions, Lucie Ghestem pourra les réemployer auprès des enfants qu’elle accueillera dès le printemps prochain. « J’ai travaillé essentiellement auprès d’enfants porteurs de handicaps, je compte particulièrement développer les visites auprès de ce public », souligne-t-elle. Elle a pu constater les bienfaits du contact d’animaux auprès des enfants : « L’animal est un médiateur hyper intéressant. Il favorise l’estime de soi, la confiance, l’autonomie et l’apaisement ».
Les visites ont principalement lieu au printemps et l’été. Le Savoir vert travaille en lien avec le programme scolaire. Certains collèges programment parfois leurs visites à l’automne pour démarrer leur projet pédagogique. « Les visites sont souvent le moyen de lancer ou clôturer le programme », précise Lucie Ghestem.
Les visites s’adapteront en fonction des enfants, l’enjeu étant de leur proposer une expérience nouvelle. « Les découvertes en maternelle seront axées sur l’approche sensorielle, la manipulation. Au primaire, on est déjà un peu plus technique. L’idée de la visite est d’échanger, de rebondir. Les enfants sont les acteurs de la visite. C’est en manipulant et en prenant plaisir qu’ils vont retenir. Il faut leur proposer ce qu’ils n’ont pas l’habitude de faire. » Certains enfants sont plus timides, en retrait. Lucie Ghestem tentera d’observer finement ce qui se joue lors de la découverte de la ferme pour s’adapter et transmettre sa passion pour l’agriculture.
Louise Tesse
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