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Interview de Magali Pecquery, directrice de la DDPP du Nord

22-07-2022

Actualité

Les rencontres

À la tête de la DDPP du Nord depuis presque deux ans, Magali Pecquery n’est pas là par hasard. Rencontre avec une directrice de terrain.

Magali Pecquery, directrice de la DDPP du nord © E.P.

Depuis novembre 2020, Magali Pecquery, 51 ans, est à la tête de la Direction départementale de la protection des populations du Nord (DDPP).

Un métier qu’elle exerce avec passion et qui est l’aboutissement d’un parcours au sein des différents services administratifs qui entourent le monde agricole.

Quel est votre parcours professionnel ?

Après le bac, j’ai fait une prépa vétérinaire à Amiens. D’après ma mère, je voulais être vétérinaire depuis mes 3 ans ! J’ai par la suite intégré l’école vétérinaire de Nantes (1991-1995). Au cours de mes études, je me suis rendu compte que le libéral n’était pas fait pour moi et j’ai donc effectué un DESS (équivalent d’un master 2) en HACCP qui forme à l’hygiène alimentaire et à la sécurité des aliments.

J’ai découvert le métier de vétérinaire inspecteur. J’ai passé le concours en 1998 et suis devenue en 1999 cheffe du service santé animale dans les Ardennes. Je suis ensuite allée à Rouen en 2002 en tant que responsable qualité de la direction des services vétérinaires à l’époque. Je suis restée 15 ans en Normandie où j’ai eu plusieurs postes. Je ne voulais pas perturber mon équilibre familial, qui était primordial à mes yeux. C’est en 2017 que j’ai accédé à mon premier poste de direction en tant qu’adjointe à la Draaf des Hauts-de-France puis en 2020 je suis devenue directrice de la DDPP du Nord.

Quelles sont vos missions au sein de la DDPP ?

Le rôle des agents de la DDPP est de participer collectivement à assurer la protection des consommateurs, des animaux et de l’environnement. Une chose qu’il faut garder en tête est que la DDPP est sous l’autorité du préfet et que toutes les décisions sont prises en accord avec lui.

Dans ce cadre, en tant que directrice, je gère le volet RH, je décline les politiques publiques à l’échelon local, c’est-à-dire que lorsque l’on reçoit une note du ministère, je dois avec le préfet définir sa mise en place localement. Je sers aussi d’appui technique pour des dossiers compliqués (qui ont par exemple des répercussions importantes, comme la fermeture d’un établissement) et je vais également beaucoup sur le terrain, notamment pour les gestions de crise.

C’est une chose essentielle pour moi car il est important pour les équipes que leur directrice ne soit pas toujours dans son bureau. Quand il y a des abattages par exemple, je mets un point d’honneur à être là au maximum – sinon mon adjointe me relaie -, pour pouvoir être présente pour l’éleveur et les équipes dans ce moment qui est un travail ingrat, il faut le dire.

Quelles sont les spécificités du Nord ?

Nous sommes une des plus grosses DDPP de France avec 137 personnes. C’est un département à la fois rural et très urbanisé. Ce dernier point fait qu’il y a une forte activité de l’industrie agroalimentaire par exemple. Nous avons aussi beaucoup de sièges sociaux dans le Nord. Or, dès qu’il y a un problème avec un produit, si le siège social du produit est chez nous, c’est nous qui gérons. On a donc beaucoup de travail de ce côté-là et du côté de la répression des fraudes, aussi gérée par la DDPP.

Comment réagissent les éleveurs à l’annonce d’un abattage ?

C’est toujours préparé, pour que cela se passe le mieux possible. Je suis généralement accompagnée par le vétérinaire de l’exploitation, le maire, s’ils entretiennent de bonnes relations, le médecin de famille parfois si l’on sait que la personne est fragile et par quelqu’un de la MSA. À mon échelle, je n’ai que les outils pénaux et administratifs donc il faut pouvoir avoir avec soi des gens qui peuvent accompagner l’éleveur.

La réaction peut être la colère. J’ai déjà été séquestrée par un agriculteur armé… C’est rare mais ça arrive. Je dis toujours à mes agents qu’aucun contrôle ne vaut la peine de se mettre en danger. S’ils sentent que c’est tendu, ils doivent revenir accompagnés des forces de l’ordre.

L’autre réaction c’est le désarroi : « pourquoi moi ? » C’est ce qui s’est passé pour la dernière crise de grippe aviaire influenza fin 2021. Dans ces cas-là, il faut beaucoup de pédagogie et ma formation de vétérinaire me permet d’être crédible. Je prends toujours le temps de le faire. Je vais peut-être un peu plus loin que ce qu’on me demande mais je ne conçois pas mon travail autrement. Dans le cas de cette crise, pour la première fois de ma carrière, des éleveurs ont appelé la DDPP pour nous remercier. Ça n’arrive pas souvent et ça fait plaisir. Ils ont reconnu notre utilité. 

Magaly Pecquery en quatre dates

1998. Elle réussit le concours d’inspecteur de santé publique vétérinaire.

2009. Elle devient cheffe du service régional de l’alimentation de la Haute-Normandie.

2018. Adjointe à la Draaf des Hauts-de-France, elle doit gérer la crise du Brexit et donc la création des Sivep.

2020. Elle devient directrice de la DDPP du Nord.

églantine Puel

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