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Frédérique Seels dirige le CD2E depuis 2021. L’association accompagne, forme et conseille entreprises, collectivités et monde agricole à la transition écologique. La dirigeante, expérimentée et ambitieuse, retrace son parcours et affiche ses ambitions pour le CD2E. Avec, toujours, son histoire personnelle en tête.
Car, parfois, tout peut en effet changer en peu de temps. Enfant, Frédérique Seels avait tout, de ses propres dires. Matériellement, elle n’avait besoin de rien, financièrement, sa famille était plutôt aisée. Puis tout a été chamboulé quand son papa, entrepreneur dans le bâtiment dans le Boulonnais, décède alors qu’elle n’a que 18 ans.
Du jour au lendemain, tout devient plus compliqué pour elle et sa maman et la jeune femme doit grandir plus vite que prévu. Frédérique Seels se forge alors un caractère et une conviction : dans la vie, « rien n’est jamais acquis ». Cette force va la suivre dans une carrière où elle va multiplier les expériences et les prises de risque, toutes assumées.
« On ne fait pas du blabla, c’est du concret, nous ne sommes pas dans une logique politique. »
La dirigeante fait d’abord ses armes dans l’économie sociale et solidaire, avant de rejoindre les ressources humaines à la Chambre de commerce et d’industrie. Puis, en 2013, elle prend la tête de l’entreprise Création Bois Construction. Dans un secteur très masculin, elle s’aguerrit au monde du bâtiment et de la construction en bois. Jusqu’en 2019, année où elle ouvre son cabinet de conseil en développement durable. Mais, vite, le collectif lui manque et le CD2E sonne à la porte. Elle accepte le poste en 2021, motivée non pas par l’argent, mais « par le challenge à relever », dit-elle.
Recrutée pour sa connaissance du monde économique et institutionnel (elle est également élue au Département du Nord et à la Ville de Faches-Thumesnil), la dirigeante est ambitieuse pour le CD2E, le centre de déploiement de l’éco-transition dans les entreprises et les territoires.
Le CD2E accompagne, conseille et forme les entreprises et les collectivités dans plusieurs champs : le bâtiment durable, les énergies renouvelables, l’économie circulaire et l’achat public durable. « L’objectif est la massification de la transition écologique », insiste Frédérique Seels. Dans cette idée, le CD2E n’accompagne que les projets qui en valent la peine. « On ne va pas accompagner une collectivité qui va avoir un seul projet sur le mandat », martèle la dirigeante. S’il existe 1 000 sujets dans la transition écologique, « on ne fait pas du blabla, c’est du concret, nous ne sommes pas dans une logique politique. »
En mars dernier, le CD2E portait le pacte Bois Biosourcés. Collectivités, bailleurs ou promoteurs s’engageaient sur un pourcentage minimum (10 % pour la plupart) de leur surface de plancher en construction neuve et/ou réhabilitation en bois et matériaux biosourcés comme la paille ou le chanvre. Suffisant ? Pour Frédérique Seels, c’est en tout cas « une première marche ».
L’ambition est de « lancer une dynamique » et avoir un effet d’entraînement. « Si on veut massifier, il faut faire du volume » pour faire baisser les coûts, appuie la dirigeante. Ce pacte est déjà une victoire, le signe que les choses bougent : « Aujourd’hui, nous sommes au milieu du gué, mais il y a des avancées notables. […] La massification n’est pas qu’une question financière, c’est aussi une question de temps. »
Et le CD2E a son rôle à jouer, il doit continuer à former et informer. Ce 14 septembre, l’association organise ainsi les Rencontres de l’éco transition consacrées aux outils et financements de la transition écologique : « Il faut faire savoir ce qui existe, faire en sorte que ça se sache, insiste Frédérique Seels. Aujourd’hui, il y a plein de ressources disponibles ! »
Ce besoin de formation et d’information est une problématique à laquelle le CD2E ambitionne de répondre, notamment pour les plus petites collectivités rurales (moins de 5 000 habitants), pour lesquelles il est compliqué de trouver du temps pour former le personnel. Car la transition écologique doit se faire avec le monde rural et agricole. Ce dernier a un lien fort avec le CD2E. En aval, pour le photovoltaïque, et en amont car la rénovation/construction en biosourcés se fera avec du lin, du chanvre, de la laine ou encore de la paille… Les Hauts-de-France et ses agriculteurs vont donc avoir un rôle à jouer. Tout comme Frédérique Seels qui, cette fois, n’ambitionne pas de changer de voie : « J’ai encore du boulot, j’ai encore à apporter ! »
Kévin Saroul