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Début avril, les entreprises de teillage de lin du Nord et du Pas-de-Calais n’avaient toujours pas repris la production. Si les activités reprennent progressivement depuis le 27 avril d’après un communiqué du Cipalin (Comité interprofesionnel production agricole du lin) du 7 mai 2020, “l’onde de choc” pour toute la filière s’annonce “globale et durable”.
Alors que tous les voyants étaient au vert, “la crise du coronavirus rythmera la conjoncture économique au moins pour les 18 prochains mois. Le secteur du lin est directement touché sur le plan économique”, souligne encore le Cipalin. Qui précise dans son communiqué : “En mars, le marché final dans les pays développés a connu une chute d’au moins 50 % dans un contexte où les confinements ne faisaient que débuter.”
“D’un point de vue global, les prévisions de croissance montrent déjà que 2020 sera une « année perdue » et que le rebond attendu en 2021 ne couvrira sans doute pas les pertes“, précise le Cipalin.
“On observe une reprise partielle et progressive de l’activité de l’ordre de 30 % en moyenne sur l’ensemble des entreprises de teillage français”, indique le Cipalin. Ce rythme pourrait perdurer jusqu’aux congés d’été en l’absence de signaux positifs de demande sur le marché.
Ces retards de transformation ont un impact direct sur l’activité des agriculteurs. Alors que deux tiers en moyenne de la récolte 2019 reste à teiller à la fin mars 2020, souligne le Cipalin, un report de paille massif est annoncé. “Les besoins de stockage de paille dans les exploitations agricoles et de stockage des fibres en teillage seront inédits et très importants”, ajoute le communiqué.
Conséquence : une baisse brutale des acomptes et des recettes dès cette année. Quant à la future récolte 2020, les prévisions anticipent un stockage à la ferme au-delà de l’automne 2022.
Compte tenu des indicateurs économiques mondiaux du marché, au rouge, une diminution des emblavements de lin est donc à prévoir. “La baisse de surface pour 2021 pourrait prendre en compte la moyenne de trois années de référence entre 2016 et 2019, divisée par 2 ou par 3”, évalue le Cipalin.
“Avec deux récoltes de pailles de lin à stocker en ferme et des surfaces de lin réduites d’au moins 50 % en 2021 (…) nous incitons d’ores et déjà les producteurs à étudier avec leur banquier l’ouverture d’un dossier individuel pour la gestion de leur trésorerie”, conseille Bertrand Gomart, président de l’AGPL (association générale des producteurs de lin).
Le délégué de section Nord AGPL Fréderic Ley préconise : ” Avant les déclarations PAC du 15 mai, une concertation accrue entre chaque agriculteur et son teillage s’impose“.
Face à l’épidémie de Covid-19, le Cipalin souhaite en tout cas “accompagner en temps réel les agriculteurs et les teilleurs des conséquences directes et de court terme”, précise la déléguée générale, Sophie Mayer, dans le communiqué du 7 mai.
La crise sanitaire touche une fibre qui ne représente que 0,4 % du marché textile mondial, mais qui nourrit de belles perspectives, rappelle le Cipalin. La filière reste confiante sur un retour à la normale du marché de consommation finale, à moyen terme. Autrement dit, dans 18 à 36 mois.
Lauren Muyumba