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20-11-2019

Soins. « Il faut s’accrocher. Il n’y a pas de solution miracle, c’est un travail quotidien »

Éleveur de porcs à Herzeele (59), Damien Carton fait partie de ceux qui ont initié une réduction d’utilisation d’antibiotiques ces dernières années.

Damien Carton, éleveur de porcs à Herzeele (59). © DR

« Dans mon élevage de porcs naisseurs-engraisseurs, une problématique subsistait. Après le sevrage des porcelets à 21 jours, ils étaient nombreux à présenter une colibacillose avec beaucoup de diarrhées, raconte Damien Carton. Pour contrer ces symptômes, j’utilisais systématiquement sur l’ensemble de la bande des antibiotiques dans l’eau ou par injection. Ça ne me plaisait pas et je me rendais compte qu’après plusieurs utilisations, l’antibiotique n’avait plus d’effet. Chaque sevrage devenait un stress. D’un point de vue économique, mes porcelets étaient plus chétifs et avaient moins de valeur. »

Avec son vétérinaire, Olivier Toulouse, l’éleveur essaye, en 2016, de nouvelles méthodes. « Nous avons commencé par acidifier l’eau pour réduire le développement des colibacilles. La situation s’est stabilisée quelques mois pour ensuite se dégrader à nouveau », explique le vétérinaire. S’ensuit une série d’analyses et d’essais : vaccin pour allonger l’action des anticorps contenus dans le colostrum, nettoyage des tuyaux d’arrivée d’eau… En vain.

Lire notre article sur le même sujet : Le désamour pour les antibiotiques.

En avril 2018, Damien Carton doit toujours soigner aux antibiotiques 15 % de ces porcelets, bien trop à son goût. Arrive alors un nouveau vaccin permettant de traiter deux types de bactéries, dont celle présente dans son élevage. « J’ai alors mis en place ce vaccin oral distribué en augette en mai 2018, se souvient-il. L’état sanitaire s’est amélioré, mais ce n’était pas encore parfait. J’ai donc réalisé une fois de plus un audit et des analyses sanitaires. »

Avec les résultats et préconisations suggérées, l’éleveur change d’aliment premier âge au sevrage, nettoie la maternité avec un autre détergent, et travaille sur l’optimisation de l’administration du vaccin. Sa conduite d’élevage devient plus stricte. Ses efforts finissent par payer puisqu’en 2019, l’état sanitaire de la porcherie s’améliore. L’éleveur réduit alors ses pertes de 3,24 % à 2,94 %, et un GMQ (Gain moyen quotidien) de 40 g supplémentaires.

« En février, je décide d’arrêter la vaccination et depuis, tout se passe bien, conclut-il d’un air satisfait. Mais je suis beaucoup plus serein. Certes, il faut s’accrocher. Il n’y a pas de solution miracle, c’est un travail quotidien. Économiquement, c’est un vrai investissement car l’utilisation d’antibiotiques coûte moitié moins chère qu’un vaccin. » Pour le moment, Damien Carton ne souhaite pas valoriser ses porcs dans une filière spéciale « Sans antibiotiques ». En tant que membre de la filière Porc des Hauts Pays, la qualité de ses porcs est déjà garantie. Mais il appréhende cependant déjà le jour où il devra à nouveau avoir recours à ces médicaments, faute d’alternative.

Lucie Debuire

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