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Si la consommation de produits alimentaires bio est en augmentation continue depuis plusieurs années, la pomme de terre bio ne semble pas autant obtenir les faveurs des consommateurs adeptes de ce régime. « On constate qu’en bio, les consommateurs mangent moins de pommes de terre qu’en conventionnel, au profit d’une plus grande diversité de légumes, explique Alain Delebecq, référent filières végétales à Bio en Hauts-de-France. Le développement de la filière bio en pommes de terre s’est donc essentiellement appuyé sur l’industrie. Le marché du frais est plus modéré, c’est un marché petit que l’on sature vite ! Ce qui a donné du souffle à la filière depuis quelques années, c’est le secteur de l’industrie. »
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Des propos confirmés par Loïc Couttelle, agriculteur à Wambrechies (59), qui a réduit son assolement à trois hectares l’année dernière. « Sur la métropole européenne de Lille, le marché est microscopique ! », souligne le producteur. Avec cinq hectares il y a trois ans, « on pensait qu’on était petit mais en fait, c’est grand. Quand on livre à Carrefour, ce ne sont que quelques kilos. »
Malgré tout, on constate une hausse constante du nombre de fermes cultivant au moins trois hectares de pommes de terre biologique (fermes hors maraîchage). Depuis 2018, elles représentent plus de la moitié des fermes cultivant le tubercule en bio.
Au total dans les Hauts-de-France, 807 ha sont certifiés en pommes de terre bio (à cela s’ajoutent les surfaces en conversion). De 2018 à 2019, cette surface a augmenté de 34 %. C’est dans la Somme qu’il y a désormais la plus grande surface en pommes de terre bio, suivie du département du Nord puis du Pas-de-Calais.
“On observe que la surface moyenne en pomme de terre tend à augmenter dans le Nord-Pas de Calais pour rejoindre celle de Picardie”, souligne Fanny Vandewalle, chargée de mission filières à Bio en Hauts-de-France.
Le nombre d’agriculteurs, lui augmente beaucoup plus légèrement : ils sont environ 150 dans les Hauts-de-France en 2018, contre une centaine en 2014.
Le marché de la pomme de terre bio a eu, jusqu’ici, tendance à s’appuyer sur le développement de la filière d’industrie. Avec la crise sanitaire, cela se bouscule désormais encore plus sur le marché du frais. Le secteur « a pris du plomb dans l’aile à cause de la Covid-19 et de la fermeture de la restauration hors domicile, constate Alain Delebecq. C’est donc extrêmement difficile de se projeter pour les années à venir. Les volumes ont nettement ralenti. On y va doucement, en sécurisant. »
Effet immédiat : les polyculteurs, qui ont du mal à commercialiser sur des circuits longs, ont tendance à s’équiper pour faire du circuit court. « Il y aura un peu de batailles sur ces marchés-là, estime Alain Delebecq. Les polyculteurs vont-ils devenir les concurrents des maraîchers ? L’organisation des producteurs va être un gros défi. »
Laura Béheulière