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La ferme aquaponique du Cambrésis de Coralie, Loïc et Élodie est encore bien cachée ! Il vous faut longer le canal de Saint-Quentin puis prendre une petite route sur quelques dizaines de mètres pour trouver ce joli petit coin de nature, en bordure de village, et ses bassins remplis de truites.
Mais, rassurez-vous « on va travailler à signalétique » sourit Élodie Delacourt, 31 ans.
La jeune femme fait visiter les lieux et raconte un projet né de sa rencontre avec Coralie Burrow, trois ans de plus. Toutes les deux travaillaient pour le même employeur, Auddicé Biodiversité.
Et si elles se connaissaient depuis longtemps, c’est au boulot qu’elles finissent par se découvrir une appétence commune pour l’environnement, mais aussi des idées et des projets similaires.
« Ici, on est sur les anciens terrains de Keith, le papa de Coralie, qui est lui-même pisciculteur, explique Élodie. Elle réfléchissait à reprendre l’exploitation de son père depuis quelques années. Et quand il a décidé de partir à la retraite, pour elle, c’était dur de se dire que tout cela allait partir dans d’autres mains. »
Les deux jeunes femmes sont alors « sur la même longueur d’onde ».
Elles décident de s’associer pour reprendre en partie les piscicultures du papa de Coralie en février 2021. « L’objectif était de conserver son travail et d’amener nos idées nouvelles sur le projet, plus orientées nature et biodiversité. »
Elles ne sont alors pas toutes seules. Loïc Denhez, 33 ans et compagnon de Coralie, quitte de son côté les travaux publics et plonge dans l’aventure.
Une équipe qui connaît bien le terrain : « On est du cru, aussi bien moi que Coralie ou Loïc », confirme Élodie avec une certaine fierté.
Le trio reprend d’abord les activités de pêche à la truite – le dada de Loïc – sur plusieurs étangs : celui de Saint-Crépin, à Saint-Souplet, et les étangs de la Cressonnière, direction Banteux.
Puis il continue la pisciculture avec l’élevage et la vente de truites à Honnecourt-sur-Escaut, le centre des opérations : « On fait de la livraison de truites, pour des sociétés de pêche ou des privés qui demandent du rempoissonnement. » Mais ce n’est pas assez pour Coralie, Loïc et Élodie.
Cette dernière se forme à Boulogne-sur-Mer (62) au filetage et démarre début 2022 la transformation du poisson. Des produits transformés qu’elle vend ensuite sur les marchés ou via les Amap.
De ce côté, l’ambition est d’être labellisé bio dans les semaines à venir : « Cela devrait être le cas. Pour être reconnus comme un élevage de truites biologiques, on fait tout de A à Z, en commençant par la reproduction. Et on doit tout maîtriser : nourriture, densité de poissons… »
Cette activité de pisciculture est le point de départ au développement de plusieurs autres activités car le maître mot des trois comparses est, vous l’aurez compris, la diversification !
L’activité de la ferme aquaponique, d’abord, va débuter dans les prochains mois. Une pratique encore méconnue mais qui commence à se développer selon Élodie qui s’est laissée convaincre par Coralie, formée au concept et dont ce sera l’une des nombreuses tâches, en plus de l’administratif.
En quelques mots, l’aquaponie consiste à réutiliser l’eau des truites, très nourrissante, pour faire pousser sous serre des herbes aromatiques, des tomates, des salades…
« L’aquaponie, c’est un cercle vertueux car on n’a pas besoin d’apporter d’engrais ou d’autres produits. » Après avoir connu quelques tracas administratifs, la serre est justement en cours de finalisation et le trio devrait débuter cette partie de leur projet dans les prochaines semaines.
Mais, restez accrochés, la liste est encore longue ! « On est train de franchir un cap », confirme Élodie.
En plus de la serre, ils débutent le maraîchage avec l’arrivée récente d’une salariée et ils finissent de retaper et d’agrandir un ancien bâtiment pour créer un nouvel atelier de transformation, mais aussi un point de vente directe de leurs produits.
« Ce sera une petite épicerie, car l’idée sera aussi de proposer des produits d’autres producteurs locaux. »
À quelques dizaines de mètres du canal de Saint-Quentin, l’objectif est d’attirer les marcheurs et les cyclistes qui passent dans le coin, « pour faire ses courses », manger un bout ou boire un verre avec une petite terrasse donnant sur les bassins.
Et, pourquoi pas, effectuer une visite de l’exploitation ? Car c’est encore un autre aspect du projet : la mise en place de visites pour les particuliers, mais aussi et surtout pour les scolaires.
Là aussi, Élodie s’est formée au Savoir vert et la première visite d’écoliers est prévue pour ce mois de mai. À peu près au même moment que l’arrivée des poules pondeuses qui seront élevées en plein air… Le dernier élément de ce beau projet, c’est juré !
Kévin Saroul
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